TOME 1 - FASCICULE 1 - JANVIER-JUIN 1980

Sommaire

Editorial

Informations générales

Vie du Centre, vie des Cercles Associés

Remise de l'étendard

Revue bibliographique

En diversion…

La Chartreuse : forteresse hollandaise en terre liégeoise. A. GANY

Editorial

La visite du fort d'Eben-Emael, ce premier numéro de notre bulletin périodique constitue une nouvelle étape dans la mise en route du C.L.H.A.M. et un nouveau pas vers le resserrement des liens qui doivent unir tous les membres de notre association.
Fruit d'un travail collectif, cette brochure permettra d'abord d'informer tout un chacun de la vie du C.L.H.A.M. et des cercles associés.
La revue bibliographique et un ou deux articles de fond apporteront matière à réflexion ou recherche.
Voici donc un bel outil à la disposition de tous, et pour lequel tous sont conviés à la tâche.
Je vous en souhaite bonne lecture.
A. GANY, Président
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1. Informations générales

Figureront ici:
les communications du secrétariat du C.L.H.A.M.
les éphémérides, nominations, décès, ...
Se sont faites membres du C.L.H.A.M. à titre collectif les associations suivantes :
Amicale des 64A et 80A recréés (ASBL) - Large Voie, 75 - 4400 Herstal
Amicale du fort de Battice - Rue des Vennes, 51 - 4681 Battice
Ancienne position fortifiée de Liège - Quai de Maastricht, 8 - 4000 Liège
Cercle des officiers de réserve de Liège - Rue Fond Saint-Servais, 22 - 4000 Liège
Comité d'entente des associations patriotiques Ans-Loncin-Alleur - Rue Paul Janson, 1 - 4800 Ans
Fédération nationale des volontaires de guerre - Rue Defuisseaux, 25 - 4400 Herstal
Fraternelle des cyclistes frontières - Rue des Hineux, 115 - 4400 Herstal
Fraternelle royale des garnisons des forts de Liège - Rue Sous-le-Bois, 28 - 4300 Ans
Royale fraternelle nationale 1 Li - Rue de Rome, 7 - 4800 Verviers
Service D - Impasse de la Chaîne, 17 - 400O Liège
Société royale Le Bastion de Liège - Quai Marcellis, 14/071-4020 Liège
Union nationale des anciens des armées d'occupation - Rue Joseph Servais, 49 - 4500 Ans
Union nationale des croix de guerre - Rue E. Ysaye - 4000 Liège
Ainsi que les unités :
Arsenal de Recourt
CRC Glons
4 Bn Génie à Amay
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2. Remise de l'étendard du Régiment de Forteresse de Liège à l'Arsenal de Rocourt, aujourd"hui Centre de Compétence Roulement et Armement.

L'Arsenal de Rocourt assume la garde de cet emblème depuis le 25 avril I960. Attribué initialement au Régiment de Forteresse de Liège qui le reçut des mains de S.M. le Roi Albert 1er le 14 novembre 1930 à Elsenborn, cet étendard était déposé au Musée Royal de l'Armée depuis 1951.
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3. Vie du Centre - Vie des Cercles

On trouvera ici les nouvelles relatives aux activités du C.L.H.A.M. et de ses membres : congrès, colloques, conférences, visites guidées, découvertes archéologiques, fouilles,… informations régionales et locales.
1. Participation du C.L.H.A.M. au Congrès de Comines (août 1980).
Le XLVe Congrès de la Fédération des Cercles d'Archéologie et d'Histoire de Belgique (qui est aussi le 1er Congrès de l'Association des Cercles Francophones d'Histoire et d'Archéologie de Belgique) se déroulera à Comines (Hainaut) du 28 au 31 août 1980.
Le C.L.H.A.M. y participe en déléguant Christian Dury. Le titre de la communication : "Le Patrimoine monumental militaire de la Belgique: état de la question et plans de recherche". En voici le résumé :
En 1965, Luc Devliegher a donné un aperçu historique (depuis 1830) de l'inventaire du patrimoine monumental en Belgique. En effet, "II y a plus d'un siècle que s'est manifesté le souci de dresser l'inventaire du patrimoine artistique de la Belgique" (cfr Roger VAN SCHOUTE in R.H.B., t. LXVIII, 1973, pp. 953-955). Depuis les premiers travaux consacrés aux églises de Bruges, et sans vouloir ici être exhaustif, les recensements se sont succédés : Bulletin du comité des correspondants de la Commission royale des monuments et des sites, Notes pour servir à l'inventaire des oeuvres d'art du comte J. de Borchgrave d'Altena, Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique jusqu'à, dernièrement, Le patrimoine monumental de la Belgique (cette publication est faite en même temps en néerlandais).
Ces instruments de protection du patrimoine culturel sont connus. Nous n'y reviendrons pas ici. II est pourtant un aspect qui n'est pas au centre de leurs préoccupations : les sites et les édifices militaires. Il en est question dans Anne LIBOIS, Les archives de l'architecture conservées par l'Etat, en Belgique, in Miscellanea archivistica, VII, Bruxelles, 1974, 179 p. Pas suffisamment quand même, à tel point de sensibiliser les membres du Centre liégeois d'histoire et d'archéologie militaires (C.L.H.A.M.).
Avec R. S. LOPEZ (cfr son enquête sur l'architecture domestique et civile des villes médiévales), l'on dira que si l'on considère que les ravages du temps et l'activité des bâtisseurs et rénovateurs modernes menacent de destruction tout ce qui nous reste de l'architecture militaire, la tache de cataloguer, étudier, et, si possible, protéger les témoignages survivants nous paraît particulièrement urgente.
Au nom du C.L.H.A.M., le rapporteur présentera la définition et le but de l'enquête, ses limites pratiques (logiques, chronologiques et géographiques), le plan de travail, les ressources et les collaborations nécessaires. Il illustrera son propos de quelques projections et livrera à la discussion générale un projet de fiche de dépouillement qui, dans un souci évident de rentabilité, pourrait être diffusée auprès des institutions, des organismes et des sociétés intéressés. Des solutions seraient à chercher du côté de travaux tels que, pour le Moyen Age, Michel DE BOUARD, Manuel d'archéologie médiévale. De la fouille à l'histoire, in Regards sur l'histoire, t. 23, Paris, 1975, 340 p.; Gabriel FOURNIER, Le château dans la France médiévale, Essai de sociologie monumentale. Paris, 1978 397 p. ; Philippe CONTAMINE, La guerre au Moyen Age. in Nouvelle Clio, t. 24, Paris, 1980, 516 p. L'enquête pourrait alors déboucher sur une typologie des constructions militaires.
C. DURY
2. Trouvaille archéologique à la caserne Fonck à Liège.
Lors des travaux de pose de canalisations à l'emplacement de l'ancienne abbatiale du couvent du Val des Ecoliers (immédiatement au Nord de l'actuel mess des officiers), divers vestiges ont été exhumés. Il s'agit de trois soubassements de colonnes, de fragments de fûts de colonnes et de deux chapiteaux sculptés.
Lors de travaux de pose de canalisations à l'emplacement de l'ancienne abbatiale du couvent du Val des Ecoliers (immédiatement trois soubassements.
Les tranchées ont également recoupé à deux endroits le mur du quai du Barbou, ancien bras de l'Ourthe, coulant à l'emplacement de l'actuel Boulevard de la Constitution. Etude en cours.
3. La Société belge d'étude des souterrains s'est créée au début de l'année 1980. Son but est de promouvoir en Belgique la recherche en archéologie souterraine. Son adresse : "Maison de la spéléologie", rue Gillieaux, 14 à 4900 Angleur.
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4. Revue bibliographique

Cette rubrique sera consacrée aux publications récentes et importantes méritant un commentaire, aux acquisitions du C.L.H.A.M., éventuellement aux sommaires de publications ayant trait à l'histoire et à l'archéologie militaires.
1. Le C.L.H.A.M. a acquis les ouvrages suivants :
BARJAUD (A.), La bataille de Normandie (juin-août 1944), Le Mans, 1959, 79 p.
BRETON (W.), Les pages de gloire de l'armée belge, in Pages d'histoire - 1914-1915, Paris-Nancy, 1915, 122p.
BUAT (Gal), Lüdendorff. Paris, 1921, 285 p.
Les campagnes coloniales belges (1914-1918), t. I, Bruxelles, 1927, 406 p.
DE CIVRIEUX (Cdt), L'offensive de 1917 et le commandement du général Nivelle, in Pages de vérité Paris-Bruxelles, 1919, 265 p.
Le 8eme régiment de Ligne à l'Yser (1914), Bruxelles, 1934, 15 p.
LECLEF (Chanoine), Le cardinal Van Roey et l'occupation allemande en Belgique, Bruxelles, 1945, 360 p.
Lettres de Stalingrad, trad. Charles BILLY, Paris, 1957, 133 p.
LÜDENDORFF (E.), Souvenirs de guerre (1914-1918). in Collection de mémoires pour servir à l'histoire de la guerre mondiale. Paris, 1920, 443 et 410 p.
PREVOST (E.) et DORNIER (C.), Le livre épique. Anthologie des poèmes de la grande guerre, Paris, 1920, 368 p.
Soviet Government Statements on nazi Atrocities, Londres-New York-Melbourne-Sydney, s.d., 320 p.
STIENON (C.), La campagne anglo-belge de l'Afrique orientale allemande, Paris-Nancy, 1918, 298 p.
WHITLOCK (B.), La Belgique sous l'occupation allemande. Mémoires du ministre d'Amérique à Bruxelles, Paris, 1922, 460 p.
Ypres et les batailles d'Ypres (1914-1918), in Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Clermont-Ferrand, 1919, 135 p.
2. Le C.L.H.A.M., a reçu les travaux ci-après :
BALACE (F.), L'armurerie liégeoise et la guerre de sécession (1861-1865), in Documents et mémoires de la Commission communale de l'histoire de l'ancien pays de Liège, fasc. XIII, Liège, 1978, 400 p. Don de l'auteur.
La Belgique et: la guerre de sécession (1861-1865). Etude diplomatique, in Bib. Fac. Philo. et Lettres Univ. de Liège. fasc. 226, Paris, 1979, 638 p. Idem.
BIKAR (A.), Mai 1940 dans la position fortifiée de Liège (PFL). Le commandant Oscar d'Ardenne et ses braves, ou l'héroïque défense du fort d'Aubin-Neufchâteau (10 au 21 mai 1940), in Revue belge d'histoire militaire, t. XXII, fasc. 6-8 et XXIII, fasc. 1, Bruxelles, 1978-9. Don de L. Levaux.
GAUCHIES (J.-M.), La désertion dans les armées bourguignonnes de 1465 à 1476, in RBHM, t. XXII, fasc. 2, 1977, pp. 132-148. Don de l'auteur.
CLAUSSE (Col.), Steenkerque ou les hasards de la guerre, in Annales du Cercle archéologique d'Enghien, t. XVIII, Enghien, 1977, 24 p. Don de C. Dury.
Crédit communal de Belgique. Table des n° 1-78 et 79-98, Bruxelles, 1947-1971. Don de D. Morsa.
DEGUISE (Lt Gal.), La défense de la position fortifiée d'Anvers en 1914 (20 août-10 octobre), Bruxelles-Nancy-Paris-Strasbourg, 1921, 291 p. Don de P. Delamellieure.
GAIER (C.), Etude sur l'industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges (fin XIIIe-fin XVe siècle), in Bib. Fac. Philo. et Lettres Univ. de Liège, fasc. 202, Paris, 1975, 395 p. Don de P. Toussaint.
JOUS (Abbé), Table des t. I à XV (1880-1969) des ACAE. Don du CAE.
ROSMANT (O.) et DISCRY (F.), Table des t. I à XXII (1875-1950) des Annales du Cercle hutois des sciences et beaux-arts, Huy, 1950, 18 p. Don de D. Morsa.
Saint-Laurent de Liège. Eglise, abbaye et hôpital militaire. Mille ans d'histoire, éd. par R. LEJEUNE, Liège, 1968, 403 p. Don de P. Toussaint.
Clair-obscur, Subterranea belgica, Bulletin d'information de la Société belge d'étude des souterrains, n° 1, mai 1980.
Revue "FOLKMINA".
Revue "GENIE".
Revue "VOX".
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5. En diversion…

1898: Manœuvres de l'armée impériale allemande
"Des expériences intéressantes de transmission de correspondance y ont été faites avec des pigeons voyageurs munis d'une clochette destinée à éloigner les oiseaux de proie.
Des essais ont également été faits en vue de dresser les faucons à saisir les pigeons voyageurs de l'adversaire",
In Bulletin de la presse et de la bibliographie militaires, 19e année, Bruxelles, 1898, p. 172 (d'après l'Armee-Blatt).
1698: AUTRICHE-HONGRIE : Marche de résistance
"Le 4e Bn du 9e régiment d'infanterie Honved, après avoir pris part aux exercices de concentration du régiment à Kaschau a exécuté le 4 août dernier une longue marche pour retourner dans sa garnison à Iglo (79 Km de Kaschau).
Cette distance qui demande en général 5 jours de marche fut franchie en 22 h 15 min. Le Bn quitta Kaschau à 5 Hr du matin et marcha jusqu'à 10 Hr. Après une grande halte de 4 Hr, il se remit en route à 2 Hr de l'après-midi et arriva à Iglo à 1 Hr 15 min. de la nuit. Le Bn ne compta aucun éclopé et, malgré la chaleur accablante, l'état général de la troupe resta fort bon",
idem, p. 273.
1898: AUTRICHE-HONGRIE : Nouveau règlement d'exercice de la cavalerie
"Sans les charges, pour permettre aux cavaliers de mettre plus facilement le sabre à la main, on commandera d'abord "attaque" et ensuite "galop"; dans l'ancien règlement, c'était le contraire".
ibidem, p. 431.
1855: BELGIQUE
"Cahier des charges auxquelles le ministre Directeur de la Guerre fera adjuger par province, la fourniture du chauffage et de la lumière au corps de garde, dans toute l'étendue de la Belgique, du 1 janvier 1833 jusqu'au 31 décembre de la dite année.
Art. 1 - Le chauffage... sera fourni... en bois ou charbon de terre, avec des petits fagots et tourbes de tanneur.
Art. 3 - La fourniture de l'éclairage... se fera en chandelles. Les chandelles seront confectionnées de bon suif, sain et pur. Elles seront de seize au kilogramme; 62 grammes 5 décigrammes.
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6. LA CHARTREUSE : forteresse hollandaise en terre liégeoise

Au cours de l'an prochain, le Service des Constructions Militaires procédera à la remise définitive de la caserne de la CHARTREUSE aux autorités civiles.
L'un des derniers témoins et parmi les plus prestigieux de la fortification hollandaise en Belgique risque ainsi de disparaître sous la pioche du démolisseur. II m'a dès lors semblé bon de vous faire connaître cette forteresse, par le texte et par l'image, et d'examiner avec vous la manière dont nos devanciers résolvaient les problèmes techniques posés par ce genre de construction.
Rappel historique.
Au lendemain de Waterloo, les armées alliées établirent aux frais exclusifs de la France une ligne continue couvrant le sud des Pays-Bas, depuis la Flandre française jusqu'à Maastricht via le Haut Escaut et la Meuse.
C'est ainsi que le gouvernement des Pays-Bas fit construire ou réaménager les forts de Dinant et Huy, les citadelles de Namur, Liège-Nord et Maastricht, ainsi que la forteresse de la CHARTREUSE.
II fortifia également les villes de Tournai, Mons, Ath, Gand, Termonde, Charleroi, Philippeville et même Ostende et Diest.
Un arrêté du Roi Guillaume d'Orange-Nassau daté du 30 août 1817 établit donc qu'une forteresse capable d'abriter 3.000 hommes et 150 canons serait construite sur le plateau de la CHARTREUSE, au Sud de Liège, au. lieu-dit "Péville".
C'est le Duc de Wellington lui-même qui approuva les plans dressés par le Génie hollandais scellant ainsi définitivement le sort d'un petit hameau liégeois comprenant une bonne quinzaine d'habitations et 43 hectares de jardins, vergers et prairies, qui furent rapidement expropriés.
Entamés dès l'automne 1817, les travaux continueront sans désemparer jusqu'en 1823.
Le fruit de tant d'efforts : une magnifique forteresse répondant parfaitement aux normes de défense de l'époque, et comportant toutes les commodités nécessaires : blocs de logement, bureaux, arsenaux, magasins, poudrières, cuisines, boulangerie, infirmerie, etc... Il en aura coûté l'appréciable somme de 2.500.000 florins, soit 5.750.000 francs de l'époque.
En fait, le fort de la CHARTREUSE n'aura jamais l'occasion de faire ses preuves. Les seuls coups de canons tirés le seront contre les insurgés liégeois de 1830, lesquels viendront rapidement à bout du faible détachement hollandais préposé à la défense. Le butin de guerre comprendra entre autres 39 canons, 80 affûts et pour plus de 500.000 florins de boulets de fonte.
Dès 1865, l'avènement des canons à tube rayé reléguera la CHARTREUSE au rang des forteresses déchues.
Par l'Arrêté Royal du 8 juillet 1891, la CHARTREUSE sera déclassée comme forteresse et réduite au simple rôle de caserne, faisant dès lors les beaux jours de diverses unités dont le 3e Génie.
Description générale.
Les plans de l'époque permettent de se faire une bonne idée de ce qu'était la CHARTREUSE en 1823. (Pour la bonne compréhension des termes techniques employés dans le texte, le lecteur est prié de consulter le lexique).
La forteresse a l'allure générale d'un pentagone légèrement aplati, présentant deux fronts (côtés) vers la ville et trois vers la campagne au Sud, ce côté étant considéré comme le secteur d'attaque le plus probable. A chaque coin, de solides bastions permettent de battre les faubourgs d'Amercœur et d'Outremeuse, les approches Sud de Liège, ainsi que les environs immédiats de la forteresse.
Ce dispositif est complété, au Sud, par toute une série d'ouvrages avancés (demi-lunes avec réduits, lunettes, tenailles) et aux coins Est et Ouest par des lunettes s'avançant dans les vallons qui constituent des voies d'approche relativement faciles pour l'assaillant.
Le front Nord (côté ville) est simplement couvert par deux demi-lunes, sans réduit et par le bastion n°5 au saillant très évasé.
Au centre du dispositif, fermant l'arrière du bastion n°5, le réduit principal en arc de cercle.
Des fossés secs aux talus revêtus séparent les différents ouvrages. Le rempart principal et un glacis continu englobent l'ensemble de la forteresse.
Trois ponts en bois et un grand nombre de poternes, escaliers et souterrains permettent aux défenseurs de rejoindre les emplacements de combat.
Dans les paragraphes qui suivent, nous décrirons de manière succincte les seuls ouvrages importants qui subsistent à l'heure actuelle, à savoir le bastion n° 1, le réduit principal et les murs d'escarpe et de contrescarpe.
Le réduit principal.
Il se compose de trois bâtiments à un niveau de caves et deux niveaux d'habitation. Ces bâtiments ont été surmontés ultérieurement par deux niveaux supplémentaires qu'il nous faut supprimer par la pensée pour restituer à la construction son aspect original.
Ce réduit n'est certes pas beau, mais tel n'était pas l'objectif du constructeur.
Après avoir franchi le glacis balayé par la mitraille, après s'être rendu maître des ouvrages extérieurs et avoir fait taire les canons des bastions et courtines, après avoir enfin pris pied sur le rempart principal, il restait à l'assaillant à s'emparer du réduit principal pour être maître de la place.
La disposition intérieure des chambres du premier étage (44 au total), dites chambres "Wellington", fait apparaître clairement la mission de défense qui était la leur.
Les murs extérieurs de 1 m d'épaisseur résistent aux boulets. Il en va de même de la voûte en plein cintre. Les bas de fenêtres servent de banquettes de tir pour les mousquets. Deux profondes rainures verticales placées de part et d'autre des embrasures de fenêtre permettent de barricader celles-ci par un double mur de madriers remplis de terre ou de sable.
Des couloirs longitudinaux et transversaux permettent le déplacement rapide et sûr des défenseurs vers les points menacés.
Des canons peuvent enfin être amenés sur la terrasse surplombant ce premier niveau de chambres.
On ne peut qu'admirer l'ensemble de ces dispositifs de défense.
Bastion n° 1.
N'étaient les maisons à l'arrière-plan et les arbres, rien n'a changé depuis l'époque hollandaise. On repère aisément les emplacements des canons, derrière un parapet de terre de 1 m de hauteur.
Les casemates bien abritées dans les flancs du bastion contenaient la dotation de boulets et de poudre prévue pour le combat.
Murs et fossés.
Les fossés secs d'environ 10 m de profondeur et de largeur variable entourent les ouvrages de défense. Ils ont fourni la terre nécessaire à la constitution des parapets et remparts.
Des murs d'escarpe et de contrescarpe talutés à 1,20 m retiennent les terres. Ces murs sont en maçonnerie de briques sauf la partie basse, jusqu'à hauteur de brèche, qui est constituée de moellons de caIcaire. De puissants contreforts les épaulent tous les 5 m.
Pour présenter une meilleure résistance aux coups de canons, ces murs ont été "armés" d'éléments en pierre calcaire de section carrée et d'environ 1,50 m de longueur.
Un garnissage de pierres calcaires renforce tous les points faibles : saillants, embrasures, meurtrières, poternes...
Conclusions.
- Je n'ai fait qu'ébaucher ce qui pourrait devenir une étude complète et détaillée de la CHARTREUSE. La documentation ne manque pas. Le "Hulpdepot van de Rijksarchiefdienst" à Arnhem peut procurer à tout un chacun des copies des documents originaux (devis, métrés, états d'avancement, plans généraux de la citadelle, etc,…).
- Il n'a rien été dit de la vie quotidienne du troupier de 1825, des problèmes d'approvisionnement, de chauffage, d'éclairage, de santé...
Citons simplement cette phrase tirée d'un rapport dressé par un officier français lors d'une visite des lieux : "Derrière la courtine, à droite de la poterne qui conduit à la demi-lune est le puits principal, couvert d'une voûte à l'épreuve. II est garni d'une roue creuse à laquelle un homme imprime en marchant le mouvement de rotation, et a une profondeur de 400 pieds; mais il était à sec en 1825, et on avait le projet de le creuser davantage".
A. GANY
Lexique:
BASTION: Ouvrage avancé, en angle saillant, à deux faces et deux flancs.
Le bastion est la clé de l'architecture militaire dite bastionnée (cfr Vauban) née de l'invention de l'artillerie du XVe siècle.
Il est construit en vue de flanquer les courtines et les bastions voisins. Les faces sont armées des canons les plus puissants, l'artillerie de petit calibre étant répartie sur les flancs d'où elle n'a à battre que les fossés.
COURTINE: Portion de muraille ou de rempart comprise entre deux bastions ou tours.
ESCARPE: Talus (maçonné ou non) du fossé, placé du côté de la place-forte. Le côté opposé s'appelle CONTRESCARPE.
GLACIS: Terrain en pente douce situé en avant d'un ouvrage de défense. Son angle de pente est calculé pour que la maçonnerie de l'escarpe échappe aux boulets.
LUNETTE, TENAILLE, DEMI-LUNE: Ouvrages détachés en avant de la forteresse même et destinés à couvrir celle-ci.
PARAPET: Levée de terre de faible épaisseur (ou muraille merlonnée ou crénelée) destinée a protéger les pièces d'artillerie du feu ennemi.
POTERNE: Petite porte percée dans l'épaisseur de la muraille d'une courtine pour communiquer avec le fossé.
REMPART: Levée de terre de grande épaisseur destinée à porter les canons et à protéger l'intérieur de la forteresse.
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