TOME 2 - FASCICULE 1 - JANVIER-MARS 1983

Sommaire

Informations générales

Vie du Centre, vie des Cercles Associés

Revue bibliographique

P. HOFFSUMMER – Du couvent du Val des Ecoliers à la Caserne Fonck (suite)

F. GERSAY – Souvenirs de guerre – Aventures de jeunesse (suite)

Informations générales

Visite de la Chartreuse de Liège:
Cet article n’est pas repris car plus d’actualité.
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Vie du Centre et des Cercles associés

Le Tome II du Bulletin du C.L.H.A.M. débute avec l'année 1983.
Pour satisfaire au mieux aux engagements envers nos membres, cette publication trimestrielle parviendra plus régulièrement à destination. Nous souhaitons toutefois une meilleure collaboration de nos membres en leur signalant que les colonnes du bulletin sont ouvertes à tous...
A vous aussi de jouer... Faut-il rappeler que le Centre est ouvert à nos membres tous les mardis soir ? Appel est aussi fait à des collaborateurs bénévoles. Les occupations ne manquent pas ... il y en a pour tous.
Un de nos membres, le Colonel e.r. Gochel, nous a fait parvenir une série de cartes postales représentant les anciens ponts de Liège et leur destruction en 1940. Puisse la vue de cette documentation inspirer l'un ou l'autre de nos membres.
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Revue bibliographique

FASTES MILITAIRES DU PAYS DE LIEGE
Catalogue descriptif de l'exposition "Fastes militaires du Pays de Liège", cet ouvrage comporte également en première partie, une série de notices historiques rappelant la destinée des corps de troupe de la principauté de Liège au cours des siècles.
Ces notices servent de fond à l'éventail de souvenirs et de reliques du passé militaire de la principauté de Liège présentés à l'exposition.
Elles suivent les troupes liégeoises durant tout l'Ancien Régime et notamment au service de la France de Louis XIII à Louis XVI, puis sous l'empire, dans l'armée des Pays-Bas et enfin lors de la révolution belge.
La seconde partie présente le catalogue proprement dit. Celui-ci est rangé dans l'ordre chronologique et selon des delimitations très proches de celles des notices de la première partie. Chaque objet (armes, bijoux, vêtements, statue, tableaux,...), chaque reproduction photographique ou chaque document écrit est commenté très précisément.
La troisième et dernière partie de l'ouvrage contient les planches. Il s'agit d'un tri de quelques objets ou documents de l'exposition qui donne un aperçu général de celle-ci.
BERNADETTE GANY, licenciée en histoire
Musée de l'Art wallon : 24 octobre - 29 novembre 1970
LIEGE, 1000 ANS DE FORTIFICATIONS MILÏTAIRES
Cet ouvrage poursuit un double objectif : introduire à l'exposition organisée par le CLHAM et passer en revue l'histoire et l'état du patrimoine monumental militaire du pays et plus spécialement de la province de Liège.
Pour ce faire, il groupe quelques sept rubriques qui se penchent chacune sur un aspect du problème.
Après un tour général de la question, il propose un historique de la fortification, insiste sur les liens, la cohérence des grands principes qui présidèrent à l'élaboration des organisations défensives depuis l'antiquité et sur les éléments de continuité que l'on y distingue à travers le temps.
Les deux articles suivants traitent eux de cas particuliers. Le premier relate l'évolution du système défensif du château de Franchimont, sis en terre liégeoise depuis le Moyen-Age. Le second est consacré au château de Colonster dont il suit les modifications architecturales défensives jusqu'à nos jours.
Dans l'article suivant, le professeur Balace de l'université de Liège décrit minutieusement les forts de la Meuse en 1914 et leur organisation défensive.
Enfin, c'est du fort d'Eben-Emael qu'il est question dans l'avant-dernière rubrique. Quand fut-il construit, dans quelles circonstances et comment, pourquoi ce fort, considéré par les Allemands comme le plus imprenable et le plus puissant d'Europe dut-il capituler après seulement 38 heures de combat au cours de la seconde guerre mondiale ?
Telles sont les diverses questions sur lesquelles cet article apporte de nouvelles lumières.
Paru dans le courant de l'année du 150 ème anniversaire de l'indépendance de notre pays, l'ouvrage s'achève sur une rapide rétrospective de ce siècle et demi d'existence.
Bernadette GANY, licenciée en histoire
Cette exposition s'est déroulée à Liège, du 16 décembre 1960 au 16 janvier 1981.
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Du couvent du Val des Ecoliers à la Caserne Fonck - II

Dans ce numéro, le lecteur trouvera la deuxième partie de la transcription du texte de 1842 décrivant la caserne des Ecoliers après les travaux de 1852-1850. Notre historique, comprenant l'étude de certains vestiges de l'ancienne abbaye, suivra dans le numéro suivant.
P. HOFFSUMMER
HAUTEUR DU FAITE DES BATIMENTS
Le faîte des bâtiments n'a pas partout la même hauteur au dessus du sol des cours; cette hauteur est de 22 m 50 pour le manège, de 6 m 40 pour les écuries du manège, de 25 m pour la chapelle, de 20 m pour le bâtiment de l'école et enfin de 11 m 60 pour Ies autres parties des deux ailes.
DETAILS DE CONSTRUCTION
Matériaux employés dans la construction des murs
Les briques et la pierre de taille des bords de l'Ourthe sont les matériaux employés dans la construction des murs. Ces murs ont des épaisseurs différentes pour les différents corps de bâtiments.
Epaisseur des murs
Les murs du manège ont 1 m 25 d'épaisseur jusqu'à la naissance des ceintres de la charpente, située à 6 m de haut au dessus du sol; à partir de ce point l'épaisseur est réduite à 85 centimètres par une retraite intérieure de 40 centimètres; ces murs sont en briques, sauf le parement extérieur qui est en pierre de taille sur une hauteur de 1 mètre.
Les murs extérieurs des écuries du manège sont en pierre de taille ciselée sur une hauteur d'un mètre et ont dans cette partie 65 centimètres d'épaisseur; à cette hauteur se trouve une retraite intérieure de 10 centimètres, et une extérieure de 5 centimètres, qui réduisent à 50 centimètres l'épaisseur de la partie supérieure du mur qui est en briques.
Les murs de refend dans ces mêmes écuries sont en briques et ont 50 centimètres d'épaisseur.
Les murs extérieurs de la chapelle ont 1,20 m d'épaisseur excepté celui du coté du Barbou qui n'a que 90 centimètres; les deux murs de face sont en pierre de taille sur toute la hauteur des écuries et en briques dans la partie supérieure; les pignons sont entierrement en briques.
Les murs de refend dans la chapelle sont en briques et ont 60 centimètres d'épaisseur.
Les murs extérieurs des autres parties de l'aile gauche et ceux de l'aile droite ont une plinthe en pierre de taille de 65 centimètres d'épaisseur et 80 centimètres de hauteur; au dessus de la plinthe ces murs sont en briques et ont 50 centimètres d'épaisseur. Les murs de refend dans les mêmes bâtiments ont 50 centimètres d'épaisseur et sont en briques.
Etat hygrométrique des maçonneries
Les maçonneries sont sèches, à l'exception du mur qui sépare l'écurie n° 14 des jardins qui se trouvent derrière, lequel est très humide; probablement à cause des infiltrations qui proviennent des chenaux. Comme nous l'avons déjà dit ce mur appartenait à l'ancien couvent et c'est contre lui que sont appliqués les tuyaux de descente qui conduisent les eaux de pluie dans le grand corridor de l'aile droite pour se rendre de là, au moyen de la rigole qui se trouve dans la cour, dans l'égout de la rue devant les écoliers.
Couverture des écuries
Les écuries du manège qu'aucun refend ne sépare du comble, sont couvertes en zinc, et la charpente est, intérieurement, masquée par un plafond.
L'écurie n°5 de la chapelle est voûtée en voûtes d'arêtes, cons truites en briques et supportées par des piliers en pierre de taille.
Toutes les autres écuries sont couvertes d'un plancher avec plafond sur lattes.
Mode de construction du pavement
Toutes les écuries sont pavées en pierre de grès du 4e échantillon sur un lit de sable.
La pente
L'emplacement occupé par les chevaux a une largeur de 5 m 50 et n'a qu'une pente de 10 centimètres.
Ecoulement des urines
Les rigoles destinées à recevoir les urines existent dans toutes les écuries; mais elles ont une pente beaucoup trop faible qui n'atteint jamais un centimètre par mètre. Dans l'écurie n° 1 les deux rigoles se réunissent près du pignon en une seule, aboutissant a une gargouille pratiquée dans le mur et par laquelle les urines pourraient s'écouler dans l'égout de la rue devant les Ecoliers si la pente était suffisante.
Dans les écuries n°3 et 4 des gargouilles semblables ont été faites pour déverser les urines dans le Barbou; et en est de même des urines des autres écuries, qui pourraient s'écouler dans les rigoles qui sont pratiquées dans le pavé de la cour en partant tantôt par les portes des écuries, tantôt par des gargouilles à travers les murs; mais à cause du peu de pente des rigoles des écuries et de la perméabilité du sol, toutes les urines sont absorbées; d'ailleurs le moindre défaut du pavement entrave le libre écoulement des urines.
VENTILATION
Le nombre des baies de portes et de fenêtres, leurs dimensions et leur disposition n'étant pas les mêmes dans les différentes écuries, nous exposerons successivement pour chaque écurie tout ce qui est relatif à la ventilation.
Ecurie n°1
Portes donnant dans les cours
L'écurie n°1 a cinq portes.
1° Deux situées l'une en face de l'autre la font communiquer avec les cours n°1 et n°2; ces deux portes ont les mêmes dimensions; les baies ont 2 m 60 de hauteur et 1 m 60 de largeur; elles s'ouvrent sur toute la hauteur à deux battants constamment munis de leurs ferrures; dans chaque battant est pratiquée une ouverture de 80 centimètres de hauteur, 65 centimètres de largeur, munie d'une petite porte avec ferrure et verrou qu'on peut ouvrir quand la grande porte est fermée. Pour empêcher qu'un cheval détaché puisse sortir de l'écurie lorsque la porte est ouverte, il a été scellé dans les montants d'un coté un piton avec une chaîne et de l'autre un crochet auquel on peut fixer la chaîne qui se trouve alors tendue à un mètre de hauteur.
Portes donnant dans d'autres parties du bâtiment
2° Deux portes donnant dans le corridor du côté des cuisines; les baies de ces portes ont 2 m 60 de hauteur, 1 m 40 de largeur, s'ouvrent comme les précédentes à deux battants et sont toujours munies de leurs fermetures; dans chaque battant de ces portes est pratiquée une ouverture carrée de 57 centimètres de coté pouvant se fermer au moyen d'une petite porte avec ferrure et verrou.
3° Une porte donnant dans l'écurie n°3 dont la baie a 2 m 60 de hauteur, 2 m 40 de largeur, qui s'ouvre à deux battants et qui est constamment munie de sa fermerture.
Fenêtres
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
Les baies de fenêtres dans l'écurie n°1 sont au nombre de 24, à savoir:
1° Onze donnant sur la cour n° 1 et neuf donnant sur la cour n° 2, placées vis-à-vis l'une de l'autre, ayant chacune 1 m 60 de largeur et 1 m de hauteur; dans ces baies sont placées des croisées en bois dont la partie supérieure fixe est vitrée et dont la partie inférieure non vitrée se ferme au moyen de deux petits volets en bois (a et a'), qui se meuvent horizontalement au moyen de charnières placées dans le montant du châssis fixe.
Chaque ouverture a 72 centimètres de largeur et vingt deux centimètres de hauteur; le seuil de la croisée est à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie
Fenêtre écurie n°1
2° Deux baies donnant sur la rue devant les Ecoliers qui ont chacune 1 m 40 de largeur, 1 m de hauteur, dont les seuils sont au même niveau que ceux des autres croisées et qui peuvent s'ouvrir entièrement au moyen de volets en bois dont le mouvement se fait horizontalement.
Fenêtres communiquant avec d'autres locaux fermés.
3° Deux baies donnant dans le corridor du côté des cuisines qui ont chacune 1 m 40 de largeur, 1 m de hauteur et dont le seuil est aussi à 2 m 90 de hauteur. Dans ces baies sont des croisées de même construction que les précédentes, mais la partie servant à l'aérage n'a que 62 centimètres de largeur . Les volets mobiles de toutes ces croisées se ferment au moyen de petits loquets en bois; pour les ouvrir ou les fermer on est obligé; de monter sur les mangeoires et les râteliers.
Ecurie n°2
Portes communiquant avec les cours
L'écurie n°2 a six baies de portes et vingt trois baies de fenêtres, savoir:
1° Deux portes situées l'une en face de l'autre et communiquant avec les cours n° 1 et n° 4, semblables en tous points aux portes de l'écurie n° 1, donnant dans les cours.
Portes communiquant avec d'autres locaux fermés
2° Deux portes communiquant avec le corridor du coté des cuisines, ayant les mêmes dimensions que celles communiquant avec l'écurie n° 5, dont les baies ont 2 m de hauteur et 1 m 50 de largeur. Ces portes peuvent s'ouvrir à deux battants mais sont actuellement condamnées; les places en face des por tes sont occupées par des chevaux.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
3° Onze fenêtres sur la cour n° 1 et sept sur la cour n°4 semblables en tout, aux fenêtres de l'écurie n°1, communiquant avec les cours et sont situées à la même hauteur que celles-ci.
4° Une fenêtre sur la cour n° 6 dont la baie a 1 m 40 de largeur, un mètre de hauteur et peut s'ouvrir entièrement au moyen d'un volet en bois dont le mouvement est horizontal.
Fenêtres communiquant avec d'autres locaux fermés
5° Deux fenêtres semblables aux précédentes et situées à la même hauteur qu'elles, donnent dans le corridor entre l'écurie n°2 et l'écurie n°4.
6° Deux fenêtres à la même hauteur que les autres donnent dans le corridor du coté des cuisines et sont semblables aux fenêtres de l'écurie n°1 donnant dans le corridor.
Ecurie n°5
L'écurie n°5 a 5 portes et 8 fenêtres qui sont:
Portes communiquant au dehors
1° Deux portes de mêmes dimensions placées en face l'une de l'autre, communiquant avec les cours n° 2 et n° 5; les baies de ces portes ont 4 mètres de hauteur et 3 m 40 de largeur; la porte dans la cour n° 2 s'ouvre à deux battants sur toute la hauteur de la baie; elle est munie de ses fermetures et dans un des battants est pratiquée une ouverture de 1 m 53 de hauteur et 0 m 80 de largeur qui peut être fermée par une petite porte avec serrure et verrou; la porte dans la cour n° 3 se divise en deux parties; la partie inférieure de 3 m de hauteur s'ouvre à deux battants et un de ces battants contient une ouverture semblable à celle dont nous avons parlé et se ferme de la même manière; la partie supérieure de 1 mètre de hauteur peut aussi s'ouvrir à deux battants indépendamment de la partie inférieure et se ferme au moyen d'un plat verrou, auquel est fixé une tringle en fer qui sert à le pousser ou à le retirer.
Portes communiquant avec d'autres locaux fermés
2° Une porte communiquant avec l'écurie n°1 et dont nous avons déjà fait la description.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
3° Six fenêtres donnant dans la cour n°3 et semblables en tout aux fenêtres de l'écurie n° 1 qui donnent dans les cours et ayant comme celles-ci leur seuil à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie.
4° Deux fenêtres situées à la même hauteur que les précédentes dont les baies ont 1 m 40 de largeur et 1 m de hauteur, qui ne sont pas vitrées et qui peuvent s'ouvrir entièrement au moyen de volets en bois dont le mouvement est horizontal. Ces fenêtres donnent sur le Barbou.
Ecurie n°4
L'écurie n° 4 a deux portes et treize fenêtres, savoir:
Portes communiquant avec d'autres locaux fermés
1° Deux portes semblables communiquant avec le corridor entre les écuries n° 4 et 2; les baies ont chacune 2 m 60 de hauteur et 1 m 40 de largeur; les portes se divisent dans le sens de la hauteur en deux parties égales s'ouvrant chacune à deux battants et indépendamment l'une de l'autre.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
2° Six fenêtres sur la cour n° 3 et trois sur la cour n°5, ayant les mêmes diemensions et les mêmes dispositions que les fenêtres de l'écurie n° 1, donnent sur les cours, et les seuils sont aussi à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie.
3° Deux fenêtres sur le Barbou, en tous points semblables aux fenêtres de l'écurie n° 3 du côté du Barbou.
Ecurie n°5
L'écurie n°5 a quatre portes et trois fenêtres, qui sont:
Portes communiquant avec d'autres locaux fermés
1° Deux portes entre l'écurie n°5 et l'écurie n°2 et dont nous avons fait la description en parlant des portes de l'écurie n 2.
2° Deux portes communiquant dans le corridor entre l'écurie n° 5 et l'écurie n°6 en face des deux précédentes et qui leur sont en tout point semblables.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
3° Trois fenêtres sur la cour n° 6; les anciennes baies de ces fenêtres avaient 3 m 75 de hauteur au milieu, 3 m 35 de hauteur sur les côtés et 1 m 70 de largeur; la partie supérieure est cintrée et les seuils étaient placés à 1 m 40 au dessus du sol; actuellement la partie cintrée est formée en maçonnerie et la partie inférieure de la fenêtre est également formée en maçonnerie sur une hauteur de 1 m 70 de manière que les baies n'ont plus de 1 65 de hauteur, 1 m 70 de largeur et que leurs seuils sont établis à 3 m 10 au dessus du sol de l'écurie; dans chaque baie est une croisée dont la partie supérieure est vitrée et dont la partie inférieure non vitrée s'ouvre à deux battants sur une hauteur de 32 centimètres; chaque ouvrant a 80 centimètres de largeur, et se ferme au moyen d'un volet a dont le mouvement est horizontal.
Fenêtre écurie n°5
Ecurie n°6
Portes communiquant dans d'autres locaux fermés
L'écurie n° 6 a deux portes et deux fenêtres.
1° Une porte donnant dans le corridor vers l'écurie n°5, dont la baie a deux mètres de hauteur et 1 m 60 de largeur, qui s'ouvre à deux battants et qui est constamment munie de ses fermetures.
2° Une porte donnant dans l'écurie n°7 dont la baie a 2 m 60 de largeur et 2 m de hauteur qui peut également s'ouvrir à deux battants, mais qui est actuellement condamnée.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
3° Deux fenêtres de mêmes dimensions et de même construction que celles de l'écurie n° 5 et donnant également dans la cour n°6.
Ecurie n°7
Porte communiquant au dehors
L'écurie n°7 a deux portes et deux fenêtres:
1° Une porte communiquant à la cour n 5 dont la baie a 2 m de hauteur et 1 m de largeur, qui se ferme à un battant et qui est munie de ses fermetures.
Porte communiquant dans d'autres locaux fermés
2° Une porte communiquant à l'écurie n°6 et que nous avons fait connaître en parlant de cette dernière écurie.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
3° Deux fenêtres donnant l'une dans la cour n°5, l'autre dans la cour n° 6; l'une et l'autre ayant les mêmes dimensions et la même construction que les fenêtres de l'écurie n°6.
Comme nous l'avons dit dans la description générale l'écurie n° 7 est divisée en deux parties égales par un mur de 50 centimètres d'épaisseur. Dans ce mur est pratiquée une baie de porte de 2 m de hauteur et 1 m de largeur, ouvrant à deux battants et garnie de ses fermetures.
Ecurie n°8
Dans l'écurie n°8 sont 4 portes et 28 fenêtres savoir:
Portes communiquant dans d'autres locaux fermés
1° Deux portes dans chaque corridor vers le manège; les baies de ces portes ont 2 m 60 de hauteur et 1 m 50 de largeur; elles s'ouvrent à deux battants, sont constamment pourvues de leurs fermetures et ne sont pas couvertes à l'intérieur par des tambours.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
2° Cinq fenêtres sur la cour n° 6; six sur le Barbou; cinq sur la rue des jardins et huit sur la cour n° 7, toutes semblables, ayant leurs seuils à 3 m au dessus du sol de l'écurie; les baies de ces fenêtres ont 1 m 70 de largeur et 1 m de hauteur; dans ces baies sont placées des croisées dont la partie supérieure fixe est vitrée et dont la partie inférieure non vitrée peut s'ouvrir au moyen de deux volets en bois dont le mouvement se fait horizontalement; chaque ouvrant a 22 centimètres de hauteur et 82 centimètres de largeur. Les volets se ferment de la même manière que ceux de l'écurie n°1.
Fenêtres communiquant dans d'autres locaux fermés
3° Quatre fenêtres semblables au dessus des portes; les baies ont 1 m 50 de largeur et 1 m de hauteur; les croisées sont construites de la même manière que les précédentes, mais les ouvrants n'ont que 72 centimètres de largeur.
Ecurie n°9
L'écurie n°9 a 4 portes, 13 fenêtres et 9 ventilations, savoir :
Portes communiquant dans d'autres locaux fermés
1° Deux portes dans le corridor vers l'écurie n°8 et deux dans le corridor vers l'écurie n°10, toutes semblables aux portes de l'écurie n°8.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
2° Neuf fenêtres sur la cour n° 6, ayant leurs seuils à 3 m de hauteur et ayant les mêmes dimensions et la même construction que les fenêtres qui introduisent directement l'air extérieur dans l'écurie n°8.
Ventilateurs communiquant dans d'autres locaux fermés
3° Quatre fenêtres au dessus des portes en tout semblables aux fenêtres au dessus des portes de l'écurie n°8.
4° Neuf ventilateurs dans le mur du manège présentent une section de 1 m70 de largeur et 50 centimètres de hauteur.
Ecurie n°10
L'écurie n°10 a deux portes et 10 fenêtres, à savoir :
Portes communiquant avec d'autres locaux fermés
1° Deux portes dans le corridor vers l'écurie n°9 en tout semblables aux portes de l'écurie n°8.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
2° Trois fenêtres dans la cour n°6, trois sur la cour n°8 et deux sur la rue Gravioule en tout semblables à celles qui introduisent directement l'air extérieur dans l'écurie n°8 et ayant comme elles leurs seuils à 3 m de hauteur.
Fenêtres communiquant dans d'autres locaux fermés
3° Deux fenêtres au dessus des portes et en tout semblables à celles au dessus des portes de l'écurie n°8.
Ecurie n°11
Porte communiquant au dehors
L'écurie n°11 a une porte communiquant dans la cour n°8, semblable aux portes de l'écurie n°8, excepté qu'elle a 1 70 de largeur, et six fenêtres introduisant directement l'air extérieur, ayant leurs seuils à trois mètres de hauteur et qui sont en tout semblables aux fenêtres qui introduisent directement l'air extérieur dans les autres écuries du manège. Deux de ces fenêtres donnent dans la rue des Jardins; deux dans la rue Gravioule et deux dans la cour n°8.
Ecurie n°12
L'écurie n°12 a une porte, sept fenêtres et onze cheminées d'aérage comme suit:
Porte communiquant au dehors
1° Une porte communiquant dans la cour n°6, dont la baie a 2 m 60 de hauteur et 1 m 60 de largeur, qui s'ouvre à deux battants; dans chaque battant de la porte est pratiquée une ouverture de 65 centimètres de hauteur et 60 centimètres de largeur qui se ferme au moyen d'une petite porte avec serrure et verrou.
En face de la porte les mangeoires sont prolongées et cette place est destinée à recevoir des chevaux comme le reste de l'écurie.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
2° Sept fenêtres donnant sur la cour n°6 et dont les seuils sont établis à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie et qui sont toutes semblables aux fenêtres qui introduisent directement l'air extérieur dans l'écurie n° 1 avec cette différence que dans quatre d'elles la partie vitrée est rendue mobile autour d'un axe horizontal, de manière que ces quatre fenêtres peuvent s'ouvrir entièrement.
Cheminées d'aérage
3° Sept cheminées d'aérage en face des fenêtres et deux dans chaque pignon dont l'origine est immédiatement placée au dessous du plafond; ces cheminées ont une section intérieure de 50 cent. sur 36.
Ecurie n°13
L'écurie n°13 a trois portes, quinze fenêtres et onze cheminées
Porte communiquant au dehors
1° Une porte communiquant dans la cour n°1 en tout semblable à la porte de l'écurie n° 1, communique dans la même cour, excepté que les ouvertures pratiquées dans les battants sont carrées et ont 57 centimètres de coté; mais elle est pourvue d'une chaîne comme la porte de l'écurie n° 1 ; la place en face de cette porte est occupée par deux chevaux.
Porte communiquant avec d'autres locaux fermés
2° Deux portes communiquant dans le corridor vers l'écurie n° 14 en tous points semblables aux portes de l'écurie n° 1 donnant dans le corridor.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
3° Onze fenêtres sur la cour n°1 et deux fenêtres sur la cour n° 6, ayant toutes leurs seuils à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie, sont en tout semblables aux fenêtres qui introduisent directement l'air extérieur dans l'écurie n°1.
Portes communiquant avec d'autres locaux fermés
4° Deux fenêtres au dessus des portes dans le corridor, ayant comme les précédentes leurs seuils à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie et qui sont semblables aux fenêtres au dessus des portes de l'écurie n° 1, donnant dans le corridor.
Cheminées d'aérage
5° Onze cheminées d'aérage en face des fenêtres semblables aux cheminées de l'écurie n°12 et établies à la même hauteur qu'elles.
Ecurie n°14
La ventilation de l'écurie n°14 s'opère au moyen de deux portes, de huit fenêtres et de six cheminées d'aérage.
Portes communiquant dans d'autres locaux fermés
1° Deux portes dans le corridor vers l'écurie n°15 en tout semblables aux portes de l'écurie n°15 dans le même corridor.
Fenêtres introduisant l'air extérieur directement
2° Six fenêtres sur la cour n° 1 ont les mêmes dimensions et la même reconstruction que les fenêtres de l'écurie n°1 dans la même cour.
Fenêtres communiquant dans d'autres locaux fermés
3° Deux fenêtres au dessus des portes dans le corridor ont de même que les précédentes leurs seuils à 2 m 90 au dessus du sol de l'écurie et semblables aux fenêtres au dessus des portes de l'écurie n°1 dans le corridor.
Cheminées d'aérage
4° Six cheminées d'aérage en face des fenêtres sur la cour semblables aux cheminées de l'écurie n°12 et établies à la même hauteur.
5° Les cheminées d'aérage établies en face des fenêtres et immédiatement au dessous du plafond sont semblables à celles de l'écurie n°12.
Ecuries n°15, 16 et 17
Portes communiquant au dehors
Les écuries n°15, 18 et 17 sont en tous points semblables; dans chacune d'elles la ventilation se fait au moyen d'une porte, d'une fenêtre et d'une cheminée d'aérage. Les portes communiquent à la cour n°1 et sont entièrement semblables à la porte de l'écurie n°15 dans la même cour, mais elles ne sont pas pourvues de chaîne.
Fenêtres introduisant directement l'air extérieur
Les fenêtres établies au dessus des portes ont leurs seuils à 2 m 90 de hauteur et sont en tout semblables aux fenêtres à bascule de l'écurie n°12.
Cheminées d'aérage
Ecurie n°18
Enfin l'écurie n° 18 a une porte et deux fenêtres sur la cour n°1 et deux cheminées d'aérage en face des fenêtres, le tout ayant les même dimensions et les mêmes dispositions que dans les écuries n°15, 16 et 17. Les croisées percées dans les murs des bâtiments neufs , ne sont pas assez enfoncées pour empêcher que les rayons solaires ne viennent offenser la vue des chevaux. Elles devraient aussi s'alterner de manière que si chacune d'elles était en face de l'espace plein du mur opposé, l'air extérieur pourrait pénétrer dans les écuries sans former un courrant d'air toujours pernicieux a la santé des chevaux.
Les écuries n°5, 6, 7, 15, 16, 17 et 18 devraient être munies de barbacanes au rez du sol, qui seraient fermées à l'aide de trappes que l'on pourrait ouvrir en temps opportun, afin que l'air atmosphérique auquel elles auraient livré passage vint balayer les gaz vicieux et mortels qui sont retenus dans les régions inférieures des écuries par leur excès de pesanteur spécifique sur ceux ambiants.
Les ouvertures a et a' pratiquées dans la partie inférieure des croisées sont beaucoup trop petites pour laisser pénétrer dans les écuries la quantité d'air atmosphérique nécessaire à l'existence du trop grand nombre de chevaux qu'elles peuvent contenir.
Cet inconvénient est d'autant plus déplorable que le masse d'air renfermée dans ces écuries a partout une densité et une température différente à cause de la longueur excessive des écuries n°1, 2, 3, 4, 8, 9, 12, 13 et 14 et du grand nombre d'issues indispensables.
Les volets qui ferment ces petites ouvertures se brisent promptement, parcequ'ils se meuvent horizontalement au dessus des râteliers et ont l'inconvénient qu'il faille monter sur la mangeoire et voire même sur le râtelier pour les fermer, ce qui ne s'effectue jamais sans effrayer les chevaux, qui en reculant précipitemment cassent leur chaîne de licol ou les fuseaux des râteliers auquels ces chaînes sont attachées pendant le jour.
Il eut été plus avantageux pour la santé des chevaux de diviser ces longs bâtiments en plusieurs compartiments; de supprimer les madriers placés horizontalement qui supportent les harnais, de les remplacer par quelques chevilles en fer chassées dans les poteaux qui soutiennent le plancher, pour y placer les bridons d'abreuvoir ou quelques parties du harnachement nécessaires aux cavaliers qui vont au manège journellement; de fermer les petits volets de manière fixe; de rendre les croisées mobiles autour d'un axe placé dans leur milieu et d'y fixer une tringle verticale avec charnière pour les fermer, d'établir des barbacanes et de chaque coté des portes placer intérieurement des cloisons en planches de 1 m 50 de hauteur sur 3 m de longueur afin de garantir les chevaux placés près de ces ouvertures des coups de vent.
MOBILIER ET EMPLACEMENT DES CHEVAUX
Ecuries simples et écuries doubles
Les écuries 11, 15, 16 et 17 sont simples, toutes les autres sont doubles.
Orientation des murs auxquels les crèches sont adossées
Les murs auxquels les crèches sont adossées se dirigent du sud-ouest au nord est dans les écuries n°1, 2, 13, 14 et 18 et dans une partie de l'écurie n°8; ils sont dirigés du sud est au nord ouest dans toutes les autres.
Dans toutes les écuries doubles les chevaux sont placés croupe à croupe.
Espace occupé par chaque cheval
Les largeurs totales des écuries ont été données dans la description générale; sur ces largeurs les chevaux occupent 3 m 50 dans chaque rangée;c'est l'espace compris entre le mur et la rigole; et dans toutes les écuries occupées les chevaux sont espacés de 1 m 50.
Nombre de chevaux habituellement placés dans l'écurie et volume d'air par cheval
Le nombre des chevaux placés dans chaque écurie et le volume d'air par cheval sont donnés dans le tableau suivant, dans lequel nous avons en même temps indiqué quel serait le nombre do chevaux que l'écurie pourrait contenir dans le cas où elle serait entièrement occupée et où les chevaux seraient espacés de 1 m 50.
Ce tableau fait voir :
1° que les 10 écuries de la caserne des écoliers contiennent ensemble 26.210.325 mètres cubes d'air, qu'on y peut loger 685 chevaux et qu'ainsi chaque cheval dispose d'un volume d'air moyen de 58.524 cubes.
2° Que dans les grandes écuries, le volume d'air par cheval s'écarte généralement peu de cette moyenne.
3° Que les écuries dans lesquelles il s'en écarte le plus sont l'écurie n°7, dans laquelle le volume d'air par cheval est de 49.111 m³ et celles n°15, 16 et 17 dans lesquelles il est seulement de 31.500 m³.
Système de barrage
Les seules écuries dans lesquelles il y ait actuellement des barres sont celles situées autour du manège et placées de trois en trois chevaux.
Ces barres sont espacées d'environ 4 m 50 et par conséquent placées de trois chevaux en trois chevaux; elles sont en bois de sapin, ont 10 centimètres de diamètre et 2 m de longueur à environ 80 centimètres au dessus du pavé de l'écurie au moyen de deux cordes dont l'une attachée d'un côté à l'anneau de crèche est passée par l'autre bout dans un trou fait vers l'extrémité de la barre et retenu par un noeud; l'autre corde roulée autour de la barre est retenue à la partie supérieure par un noeud à un poteau de 2 m de hauteur.
Barrage
Mode d'attache
Les chevaux sont attachés à la mangeoire au moyen de la chaîne de licol et d'un anneau fixe.
Les chevaux sont attachés à la mangeoire pendant la nuit; le jour ils sont attachés au râtelier en faisant faire à la chaîne deux ou trois tours autour d'un des fuseaux du râtelier.
Dimensions et dispositions des mangeoires et des râteliers
Toutes les mangeoires sont en pierre de taille; celles des écuries de l'aile droite et de l'aile gauche ont 28 centimètres de hauteur et 50 centimètres de largeur, le creux a 36 centimètres de largeur au dessus et 20 centimètres de profondeur; les mangeoires des écuries du manège ont 35 centimètres de hauteur et 50 centimètres de largeur; le creux est semi cylindrique et à 36 centimètres de diamètre; toutes ces mangeoires ont leur bord supérieur à une hauteur qui varie de 1 m 25 a 1 m 28 au dessus du pavé de l'écurie; elles sont supportées par des dès en pierre de taille ou en maçonnerie de briques à vives arêtes.
A 15 centimètres au dessous du bord supérieur sont scellés dans la mangeoire des anneaux en fer forgé, espacés d'environ 40 centimètres.
Les mangeoires n'ont d'autres divisions que celles qui remettent de la grandeur de l'écurie et du passage des portes.
Mangeoire n°1
Mangeoire n°2
Les râteliers sont en chêne; les traverses supérieures et inférieures ont 8 centimètres d'équarrissage; les fuseaux sont cylindriques et fixes, espacés de 12 centimètres de milieu en milieu et ont 25 millimètres de diamètre et 85 centimètres de longueur entre les traverses; la traverse inférieure est fixée au mur par un équerre en fer et la traverse supérieure est à 60 centimètres du mur et maintenue également par une équerre en fer. Dans les écuries de l'aile droite et de l'aile gauche la traverse inférieure des râteliers est à 1 m 96 au dessus du sol de l'écurie; dans les écuries du manège elle est à 2 m 20.
Rateliers
Les angles des mangeoires et leurs supports ainsi que les anneaux en saisie servant à attacher les chevaux la nuit, sont très dangereux, parce que les chevaux s'y blessent les genoux, et lorsqu'ils sont occupés à manger leur litière, ils peuvent s'effrayer par un bruit quelconque, et en levant la tête brusquement s'y faire des blessures très grandes.
On aurait dû rendre les anneaux mobiles et en placer de semblables à la traverse inférieure des râteliers pour y attacher les chevaux pendant le jour et éviter les prises de chaîne et remplacer les supports des mangeoires par un mur continu formant un plan incliné de m en n.
On aurait dû placer les râteliers verticalement et à une distance de 3 à 4 centimètres du mur, afin que la poussière ou d'autres objets ne tombent pas dans les yeux des chevaux ou dans les mangeoires.
Les fuseaux devraient pouvoir tourner dans les traverses de râtelier et dans toutes les écuries les mangeroires et les râteliers devraient être placés à une hauteur convenable et de la même manière.
Comme souvent les chevaux placés l'un à coté de l'autre diffèrent beaucoup d'âge ce qui est cause qu'il leur faut un temps très différent pour broyer leur avoine il eut été avantageux de laisser dans la pierre des parties creuses et profondes pour y placer l'avoine de chaque cheval au lieu d'en faire une auge sans interruption, où les chevaux se disputent leurs repas; de manière que les jeunes chevaux ont la plus grande part tandis que les vieux qui ont besoin d'une grande quantité de parties nutritives ont la plus petite, qui est toujours insuffisante à leur existence eu égard à la petite ration qu'ils reçoivent en hiver, même quand ils sont obligés d'exécuter des travaux à la fonderie des canons dans des temps humides et malsains.
Facilités que présentent les écuries pour y placer les harnachement
Au milieu de la longueur des écuries doubles à des distances d'environ 5 m20 de milieu en milieu sont placés des dés en pierre de taille ayant 40 centimètres de coté et quarante centimètres de hauteur au-dessus du pavé; sur ces dés s'élèvent des montants en bois de chêne de 24 centimètres d'équarrissage, servant de supports à une semelle sur laquelle reposent les salines de plancher de l'étage.
(Dans l'écurie n°5 ces montants sont remplacés par des piliers des voûtes d'arêtes) sur ces montants sont assemblés deux madriers en chêne de 17 centimètres de hauteur 9 centimètres dépaisseur soutenu au milieu par des montants en même bois de 2,25 de hauteur et 11 centimètres d'équarrissage. Ces madriers ont leur face supérieure le 1e à 1,57, le 2e à 2,25 de hauteur.
Chaque madrier porte sept chevilles en bois de chêne de 1 m10 de longueur et 5 sur 7 centimètres d'équarrissage destinées à porter les diverses parties du harnachement; entre les chevilles il y a des crochets pour y placer les brides et bridons.
L'espace devant les portes et l'intervalle entre les murs et le dernier montant sont libres.
Place réservée pour les gardes d'écuries
Dans aucune écurie de la caserne des écoliers il n'existe de place réservée pour les gardes d'écurie.
Les écuries étant déjà trop étroites sont encore rétrécies par l'énorme échaffaudage sur lequel on place les harnais; aussi est-il impossible de circuler derrière les chevaux sans courir de grands dangers, ce qui rend le service très difficile.
Il serait donc urgent de désigner un local dans la caserne pour servir de selleries, en y transportant l'écha ffaudage précité.
OBJETS DIVERS
Blanchiment
Les écuries sont régulièrement blanchies une fois par an, pendant le mois de mai ou de juin.
Emplacement des pompes, puits et abreuvoirs
Les pompes sont au nombre de quatre, savoir :
1° Une nompe dans la cour n°1, adossée à l'écurie n°4
2° Une pompe dans la cour n°5, au milieu de la largeur de la cour et à 15 m du mur de soutènement vers le Barbou.
3° Deux pompes à coté de la porte du bâtiment de la chapelle dans la cour n°6.
Chaque pompe est munie d'une auge en pierre de taille ayant les mêmes dimensions en largeur et en hauteur que celles des écuries et environ 15 mètres de longueur.
L'eau de toutes les pompes est de bonne qualité.
Distance à laquelle se trouvent des écuries, les latrines pissoirs et dépôts du fumier
Les latrines sont établies dans les cours n°3 et 5.
Celles de la cour n°3 se trouvent entre la pompe et le Barbou à un niveau plus bas que celui de la cour; elles sont à 9 mètres des écuries n°3 et n°4 mais n'infestent pas ces écuries à cause de leur position près du Barbou.
Les latrines dans la cour n°5 sont établies sur le Barbou à 10 m de l'écurie n°4.
Les pissoirs sont des baquets portatif qu'on peut vider à volonté.
Les dépôts de fumier se trouvent dans la cour n°2 derrière l'écurie n°1.
Comment on sèche la litière
Il n'y a point de hangars destinés à sécher la litière, on ne peut donc sécher que quand le temps permet de l'étendre sur la cour.
Pansage
Les chevaux étant suffisamment espacés dant toutes les écuries; le pansage peut se faire dans les écuries quant le temps est mauvais, pour le pansage en plein air il y a des anneaux scellés dans des dés en pierre de taille autour des bâtiments, ces anneaux sont placés a 1 m 20 de hauteur et espacés de 1 m 45.
Le fumier se trouvant trop près des écuries n°1 et 3 exhale des gaz putrides chargés d'acide carbonique, qui pénétrant dans les écuries y corrompent l'air. II devrait exister dans un endroit convenable du coté du Barbou des trous pour y déposer le fumier de toutes les écuries et si l'on persiste à laisser les harnais dans les écuries, il faudrait construire des hangars pour y faire sécher la litière et y ferrer les chevaux dans les mauvais temps.
Distance des écuries au manège, au champs de manoeuvres
Quant au terrain servant aux exercices journaliers de l'artillerie, c'est le terre plein du fort de la Chartreuse à 2.100 mètres environ de la caserne, ce terrain est élevé à 70 mètres environ au-dessus du niveau de la Meuse.
Il n'existe pas de champs de manoeuvres pour la garnison de Liège.
Emplacement pour baigner les chevaux en été
Comme nous l'avons déjà dit le Barbou avait été destiné à baigner les chevaux mais la nature de son fond à empêché d'en profiter.
On fait baigner les chevaux sur la rive droite de la Meuse en aval du pont des arches, le lit de la rivière à dans cet endroit une pente très douce, le fond est composé de sable et de gravier, la profondeur varie et devient très considérable au milieu, enfin le courant y est peu rapide en été.
Le manège construit en 1837
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F.GERSAY, Souvenirs de guerre - Aventures de jeunesse (suite)

TROISIEME ETAPE - LA LIGNE DE DEMARCATION
L'entrée d'Yderf Yasreg dans Paris passa inaperçue. Elle n'avait en effet, rien de spectaculaire, de triomphal. Recru de fatigue, sale, sa réserve de vivres épuisée depuis longtemps, le pauvre type se retrouvait face à la foule anonyme, face à une ville effrayante, énorme, sombre, menaçante. Les conditions de guerre, le couvre-feu à minuit, l'occultation, le rationnement constituaient pour un anonyme solitaire clandestin une sorte de cauchemar. Ces circonstances ne peuvent être comprises que par ceux qui les ont vécues. Il ne disposait plus que d'une somme gardée précieusement pour sa troisième étape : la traversée de la Ligne de Démarcation. Il espérait, sans en être très sûr, qu'elle serait suffisante.
Yasreg sortit de la gare, mais n'osa se hasarder bien loin. La nuit tombait, un crépuscule tiède qui faisait présager d'une belle journée le lendemain, descendait sur la ville. Les ampoules bleutées jetaient parfois une lueur chiche, blafarde sur le visage des passants dont la plupart rentraient chez eux. Les autobus circulaient, occultés eux aussi. Par contre, le trafic automobile était presque inexistant. La vie aurait dû, en principe, cesser à minuit, le couvre-feu l'imposait. Mais dans une ville comme Paris, elle ne cesse jamais de grenouiller. La "cloche" s'installait. Les coins tranquilles se peuplaient d'entités plus ou moins douteuses, plus ou moins honnêtes. Les hétaïres ne manquaient pas, proposant leur hospitalité à qui voulait se l'offrir.
Yasreg décida de réintégrer la gare, s'assit dans un coin sur une banquette. Epuisé, il perdit conscience de ce qui se passait autour de lui. Personne ne le dérangea et même, par miracle, ne s'intéressa à son maigre balluchon.
Il se réveilla au milieu de la bousculade du matin, tâta anxieusement sa poche intérieure. Le portefeuille s'y trouvait. Rasséréné, le candidat à l'aventure se fraya un chemin dans la cohue qui ne cessait de croître. Les gens entraient, sortaient, au milieu des cris, des vociférations. Des troupes allemandes embarquaient pour on ne sait où. Des ordres gutturaux mêlés aux bruits de bottes retentissaient partout. Yasreg décida qu'il valait mieux s'en aller. Il faisait jour à présent. Affamé, Yderf délibéra sur l'opportunité de s'offrir au moins une tasse de café et quelque chose à manger, s'il le trouvait. Les bistrots traditionnels étaient disponibles. Des gens avalaient des croissants, du café ersatz. C'était jour SANS, c'est à dire sans alcool. Le jeune homme s'assit et commanda un café et un croissant. Il avait cependant oublié un détail essentiel: pour déjeûner, il fallait des "tickets de ravitaillement". Il n'en avait évidemmment pas. Mais il reçu quand même son croissant et son café, grâce à la gentillesse du garçon. Peut être inspirait-il la compassion des gens.
Il apprit d'ailleurs par ce brave homme, comment obtenir une carte de ravitaillement. Ce document était indispensable à quiconque voulait survivre. Il servait également de pièce d'identité. Il s'agissait de se rendre à la Préfecture d'Arrondissement et à titre "Etranger", demander une carte de visiteur valable pour 15 jours.
Un nombre étonnant de gens attendaient cette carte devant les guichets. Finalement Yasreg l'obtint sans difficulté. A peine sorti des bureaux, des gens lui proposèrent de lui racheter sa carte. Inutile de dire qu'il la garda précieusement. Elle lui permit son premier dîner depuis trois jours. Il était temps, car les forces humaines ont des limites.
Il convenait bien entendu de quitter Paris le plus tôt possible et de gagner la Zone Libre. Le moyen le plus simple était le chemin de fer, mais il fallait traverser le contrôle allemand de Chalon-sur-Saône. Il imagina un moment d'essayer de gagner la côte Ouest, mais l'entreprise s'avérait impossible. Yasreg décida d'acheter un billet pour un train de banlieue qui circulait la nuit et le débarquerait à la gare précédant Chalon-sur-Saône. Ce patelin s'appelait Chagny. Ce serait à lui de jouer pour trouver un passeur ou des informations qui lui permettraient de passer. Comment? Il n'en savait rien.... II ne savait pas non plus, comment, en cas de réussite, il allait se débrouiller en zone libre, ni même où aller. Mais, bien entendu, pas question de reculer. Il était déterminé à pousser son périple jusqu'au bout.
Il s'était regardé par hasard dans une glace. Pas tout à fait une "cloche" encore, mais cela n'allait plus tarder. En tous cas, sale, pas rasé, il était forcé de constater qu'il ne payait pas de mine. Bon nombre de gens n'auraient pas voulu le rencontrer seul à seul dans un endroit isolé. Il devait encore apprendre à se barder contre l'humiliation, la sordidité, à rejeter la déchéance.
Le voyage se passa bien, de nuit. Le tortillard qui l'amena à Chagny ne laissait guère la faculté de dormir aux individus de tous genres qui l'avaient emprunté. Les gens montaient et descendaient dans une multitude d'arrêts et de redémarrages. Epuisé, Yasreg somnola vaguement pendant tout le parcours.
Sans le savoir, il débarqua dans une localité occupée par des artilleurs allemands. C'était un samedi, tôt le matin, les villageois se rendaient à la messe matinale. Parmi eux, mêlés aux civils, se trouvaient des soldats allemands, polis, impeccablement propres. Tous souriaient et semblaient visiblement désireux de s'assurer la sympathie du public. Le village paru pittoresque à Yderf, dont les pensées, on le comprendra aisément, ne se situaient pas précisément dans le domaine bucolique. Des questions bien plus terre à terre retenaient impérieusement son attention.
D'abord, compte tenu de son apparence, il convenait de ne pas trop se manifester. Les villageois étant, là comme ailleurs, curieux de nature. Ses prétentions touristiques n'auraient guère tenu face à un interrogatoire quelque peu serré. Il fit le point de ses finances. Il n'y avait pas de quoi pavoiser.
Un estaminet venait d'ouvrir ses portes. En cet endroit professionnellement accueillant, on le renseignerait peut-être sur ce qu'il convenait de faire. L'endroit, une sorte de gargotte où on trouvait à boire et à manger, n'avait rien d'engageant avec son plancher saupoudré de sciure de bois. Des affiches rappelaient des temps meilleurs, vantaient les vertus édulcorantes du chocolat Meunier. D'autres, périmées, conseillaient des boissons introuvables. Supervisant le tout, un portrait en buste, grandeur nature du "Maréchal" se voulait rassurant.
Yasreg. peu rassuré, mais criant famine, s'installa derrière une table. Il se consentit deux oeufs sur le plat, affichés sans tickets et une chopine de vin rouge. Le patron le regardait manger, sans mot dire. Puis soudain, il s'approcha de lui.
"Vous cherchez du travail dans la région ?" demanda-t-il.
"Pas précisément" répondit Yasreg. "Mais je voudrais passer en zone libre".
"Je m'en doutais" répondit l'autre, "mais vous n'êtes pas le seul. Quelqu'un qui vient du Nord comme vous a logé ici la nuit passée et cherche également à passer la ligne. Si vous voulez, je vous le ferai connaître. Il sera plus facile de passer à deux, me semble-t-il."
Yderf réfléchit un instant. Que faire ? Le bonhomme avait sans doute raison. On se sent plus fort à deux pour affronter l'inconnu.
"D'accord, avec plaisir" dit-il.
C'est ainsi que notre évadé rencontra son compagnon de route. Un belge comme lui, natif de Comblain-au-Pont. Le monde est petit. Homme énergique, ancien HCYF, R.L. était également évadé de Belgique. Tacitement, les deux hommes évitèrent de discuter de leurs affaires. Yasreg n'a jamais su et n'a jamais cherché à savoir pourquoi R.L. voulait passer clandestinement en France Libre.
Devenu plus loquace, le patron du bistrot conseilla de tenter l'aventure le jour même. Le dimanche, la surveillance est relâchée. Il ne faut pas chercher à passer par Châlons-sur-Saône, mais gagner le village de ... et joindre le lieu-dit "Les Baudots". Attendre minuit au moins, se méfier car les gardes allemands utilisaient parfois des chiens. Toutes ses informations en vrac n'annonçaient rien de particulièrement folâtre.
Minuit, une colline boisée, un chemin de terre creusé de deux profondes ornières serpentant entre deux talus. La nuit est noire, sans un souffle de vent. Les deux hommes marchent l'un derrière l'autre dans le gazon bordant le sentier afin de limiter les bruits. Des aboiements leur parviennent du lointain. Le chemin monte une pente modérée, mais fatigante car le ventre est vide et le vin qu'on a consommé en recherchant les derniers renseignements fait son effet. Le résultat est, bien entendu, négatif. Yasreg ouvre la marche. Derrière lui son compagnon halète, invisible, tant la nuit est sombre. Le noir est absolu, sinistre. Les buissons prennent en ombre chinoise des formes fantastiques sur le fond à peine plus clair du ciel étoilé. L'imagination joue aussi son rôle. Les nerfs sont tendus, la trouille menace de s'installer. Il faut réagir.
Brusquement, un bruit indéfinissable se rapproche. Une forme sombre se matérialise, s'arrête au milieu du chemin. Un homme à vélo, tous feux éteints.
"Faites gaffe" chuchota-t-il. ""Ils sont derrière le gros chêne à cent mètres plus haut".
"Fais gaffe toi-même"" répondit R.L. menaçant. ""Disparait !! Tout de suite".
Dans les crissements de ses pneus, l'ombre disparut, rapidement.
Que faire ? Quelles étaient les intentions de cet individu ? Impossible de le savoir. La seule chose possible était de progresser en redoublant de précautions. Pas à pas, inondés de sueur, les nerfs tendus à craquer, la progression silencieuse continua. Les yeux s'habituaient mieux à l'obscurité et finalement la forme d'un arbre énorme se précisa.
Pas de bruit, les aboiements continuaient dans le lointain, mais aux alentours, tout semblait calme.
Les deux hommes distinguèrent alors l'endroit qu'on leur avait décrit, la ferme des "Baudots". Bâtisse vaguement plus claire sur le noir prédominant de l'ambiance, elle se situait de l'autre côté d'une route toute proche qui formait frontière. Une petite porte intégrée dans la porte cochère de la ferme restait en permanence simplement refermée, mais non cadenassée. Passé cette porte, dans la cour de la ferme, on était en zone libre.
Marchant littéralement sur des oeufs, Yasreg et R.L. pénétrèrent dans la ferme. Selon les instructionsreçues, ils refermèrent soigneusement derrière eux. Quel soulagement ! Dans l'obscurité, ils piétinèrent les flaques de purin et les tas de fumier. Le vieux chien de la ferme manifesta sa présence, sourdement, comme s'il ne voulait déranger personne.
Quelque part derrière la bâtisse et les hangars, bloqués dans les ronces et n'y voyant goutte, ils stoppèrent sur place. Il fallait éviter de tourner en rond et de retraverser en sens inverse la ligne de démarcation. Morts de fatigue, affamés, mais soulagés, les deux hommes passèrent la nuit à même le sol, au milieu d'une sorte de brouillard qui s'élevait de partout, en attendant le lever du jour.
La troisième étape se terminait. Plus tard, en Angleterre, Yasreg eut l'occasion de reparler des Baudots. Personne sans doute ne saura jamais combien de clandestins fuyant les Boches, la Gestapo et autres joyeusetés ont traversé cette cour de ferme.
La Zone Libre
Transis, hirsutes, deux minables sortent d'un bois. Un talus en pente les canalise dans un chemin de terre. Il fait jour, le soleil se lève sur la végétation, le feuillage et les buissons couverts de rosée. Il faut se repérer. Où mène ce sentier perdu dans la nature ? Il sert certainement de passage au charroi des cultivateurs et bûcherons des environs. Personne en vue, dilemme, monter ou descendre le sentier. On descend, c'est plus facile et on peut présumer que l'on se trouve sur la pente opposée aux Baudots.
Finalement le choix est bon. Un village surgit dans la verdure. Pas un souffle de vent, une brume légère dans tous les creux du paysage, se mêle aux fumées qui s'échappent des cheminées. Des chiens aboient, des coqs s'égosillent. Une nouvelle journée commence, sans problème pour les villageois.
On ne peut tout de même pas se présenter devant les gens sans faire au moins un simulacre de toilette. Plus de savon, pas de serviette, et plus de linge de rechange. Yasreg, pour sa part, a perdu il ne sait où ce qui lui restait. R.L. dispose encore d'une chemise propre qu'il endosse. Tout cela après des ablutions dans l'eau d'un ruisseau. R.L. possède encore un peigne, il est le bienvenu.
On se sent un peu mieux, mais les jambes flageolent un peu, pas de peur, mais de faiblesse. En dépit de ses efforts pour faire bonne contenance, Yasreg n'est pas beau a voir. D'abord, il n'a que la peau sur les os, contrairement à son compagnon, qui se maintient trapu et en bonne forme apparente. L'épreuve est dure, exténuante, inquiétante quant à la suite à lui donner, car les fonds ne sont plus qu'un souvenir.
Euphorie à part, ils sont en état de vagabondage. Aucune idée de l'endroit, de la mentalité des gens, d'où aller. Il faudrait trouver quelque part du travail, dans une ferme de préférence, se constituer un pécule avant de progresser davantage. L'immédiat c'était de subsister face à l'inconnu, que l'on espérait pas trop hostile, puisque cette partie de la France était "libre".
Le village est là, désert. La température monte, le froid et l'humidité de la nuit quittent les deux carcasses fatiguées.
Partout la même odeur campagnarde à couper au couteau. Dans la grand'rue du patelin, sont placardées quelques affiches. On y voit, à côtë de l'inévitable Maréchal, des recommandations du Ministère de l'Agriculture et des posters demandant à la jeunesse de continuer à servir la France en s'engageant dans la nouvelle armée. Une délibération du Conseil Municipal de l'endroit, renseigne Yasreg. Il s'agit de Bourbon Lancy, ce qui ne lui dit strictement rien. De là, il faut gagner Digoin, Charolles et Maçon. Plusieurs dizaines de kilomètres dans l'illégalité.
On n'a pas le choix, il faut demander son chemin. La première ferme qui se présente est la bonne. En effet, la Providence est de la partie. De braves gens déposent sur leur table, ce qu'ils ont. Pas grand chose, bien sûr, car le Midi est très désavantagé par rapport à la zone occupée, sur le plan du ravitaillement. Ces braves gens anonymes, généreux et simples, n'ont manifestement rien compris à la guerre, à ce qui s'est passé. Ils sont étonnés, choqués de la défaite, mais le Maréchal est le héros qui a sauvé la France. Les événements ont passé sur leurs villages sans être réellement assimiles. Ils n'ont jamais vu un soldat allemand.
"Pourquoi ne vous engagez-vous pas ? " On forme une nouvelle armée !"
Oui en effet, mais ils les croient français. Ils ne le sont pas. Et de toute manière, pour Yasreg en tout cas, il n'est pas question de s'éterniser en France. Bien sûr, on est encore plein d'illusions. On pense que traverser les Pyrénées et l'Espagne de Franco n'est qu'une question d'endurance, de courage, de volonté. Bref, en dépit du dénuement total, on croit encore aux miracles. Bien sûr, Yasreg déchantera bientôt. Le mieux serait de trouver du travail. D'après les renseignements reçus, on a une chance à deux kilomètres plus loin, sur la même route.
Poignées de mains, chaleureux remerciements et cette route s'étend toute droite, vers un destin incertain pour des vagabonds.
"Halte !"
Deux gendarmes sortent de derrière un buisson.
"Vos papiers ! Où allez-vous ?"
Accompagnement au poste de gendarmerie où l'officier de service passe à l'interrogatoire. Yasreg d'abord, R.L. ensuite.
"Vous êtes belge ! Pourquoi avez-vous quitté la Belgique ? Vous êtes dans une situation illégale ici. Les autorités d'occupation réclament la remise de tous les ressortissants belges à la ligne de démarcation. Que dois-je faire de vous ?"
Yasreg n'a pas le choix. Il a lu les affiches. Il a 21 ans.
"Je suis venu m'engager dans l'armée française" dit-il.
Un moment de silence : "Dans votre cas, n'étant pas français, vous ne pouvez signer un engagement qu'à la Légion Etrangère. Si vous êtes engagé, vous devrez servir en Afrique du Nord. L'engagement est de 5 ans."
"Si vous êtes décidé, vous recevrez un ordre de marche pour Lyon où vous irez passer les visites médicales préalables, avant de joindre le Camp Ste Marthe à Marseille. C'est là que vous signerez votre engagement définitif".
"Etes-vous décidé? Je vous donne le conseil d'accepter. Dans ce cas, je ne vous pose plus aucune question. Vous serez sous la protection des autorités françaises."
INTERMEDE : Cheminement de pensée de Yasreg.
"Si j'accepte, je peux progresser jusqu'à Marseille, sans entraves, dans la légalité. Je voyagerai gratuitement par chemin de fer. Je serai nourri dans les casernes et même payé. Je disposerai de documents en règle. Après tout, sur place, rien ne m'oblige à signer. Je ne suis pas venu ici pour m'engager à la Légion Etrangère."
"Il me faut parer au plus pressé. Je n'ai pas le choix. Il est de mon intérêt de signer."
"Il y a la question de R.L. J'ignore pourquoi il est ici et cela ne me concerne pas. Il prendra sa propre décision. Après tout, il commence à m'encombrer un peu".
"Je vais donc signer le document provisoire d'engagement".
"D'accord" répondit Yasref à l'officier "je signe".
A partir de ce moment l'atmosphère se rassérène. La maréchaussée esquisse un sourire. Pour un peu, on l'embrasserait. On tend une cigarette à la ronde et comme soulagés, on est sur le point de faire "OUF"!! Bref, on ne livrera pas Yasreg aux boches. Heureux, les braves gendarmes exhibent un litre de rouge, on trinque.
Les formalités administratives rapidement remplies, Yasreg palpe 3 jours d'avance de solde. Ce n'est pas plantureux, mais c'est beaucoup mieux que rien. Bref, l'optimisme remonte au cadran.
Il cherche des yeux son compagnon de route et le voit dans la pièce à côté, souriant. C'est la dernière fois. Yasreg n'a plus jamais revu R.L. et n'en a jamais eu de nouvelles. Un moment complémentaire, les deux destins de sont séparés.
LYON : Arrivé dans cette ville le soir, Yasreg, faute de connaître l'endroit et faute de transport, ne peut joindre le 123e Régiment d'Infanterie comme prévu à son ordre de marche. Il faut attendre le lendemain matin. Où loger ? Eternelle question! Finalement, il échoue tout simplement à l'Armée du Salut!
INTERMEDE : Prix pour la nuit : 10 Francs
Décor : Une grande salle. Des ampoules bleutées jettent une lumière parcimonieuse mais suffisante quand l'habitude s'installe. Des rangées de lits, scrupuleusement propres, bien alignés, des draps blancs. Une odeur indéfinissable au premier abord, plus précise ensuite : mélange de désinfectant, d'humanité mal lavée, de relents animaux et d'urine chaude accueille les narines des petits délicats qui se fourvoient dans l'établissement. Mais si l'expérience est édifiante, elle est aussi inoubliable.
Acteurs : Dans une sorte de Cour des Miracles, tous les clochards de Lyon semblent s'être donné rendez-vous. Certains ronflent. D'autres tenaillés par la vermine, se retournent, grommellent, se grattent. Des jurons et des propos orduriers s'échangent parmi les ricanements, les interpellations, les cris.
Yasreg choisit un coin qu'il croit tranquille, à côté d'une forme indistincte recouverte d'une couverture. Impossible de dormir, il se couche tout habillé sur le lit qu'il a loué, cherche à s'habituer à l'odeur écoeurante.
Des épaves humaines, dont un grand nombre d'infirmes, circulent partout, à propos de tout et de rien, se bousculent parfois, s'enguirlandent. Presque tous sont entièrement nus. Bougeotte générale, mais pas de complexe dans l'établissement. Manifestement Yasreg touche le fond du panier, une sorte d'astral bas. Cuvant sa cuite, une cloche entrouvre ses couvertures et se soulage longuement par terre. Des grognements, des couinements, des onomatopées inintelligibles mais suggestives émanent, de cette humanité de cauchemar, pouilleuse et puante.
Tout cela passe sans transition du sordide au grotesque en frôlant parfois le pathétique. Image hallucinante, tableau surréaliste pitoyable, dans la lueur bleutée des ampoules électriques, qui montre sans pitié tout le dénuement, la misère d'une foule de marginaux inconnus, anonymes. Comment parviennent-ils à survivre dans le marasme général ? Mystère !
Mais le paquet sur le lit d'à-côté remue soudain. Le voilà qui rejette la couverture qui le recouvre et s'arc-boutant sur le bord du lit de Yasreg se rétablit entre les deux lits. Avec une rapidité née d'une longue habitude et justifiée sans doute par un besoin impérieux de vidange, un homme-tronc, un cul-de-jatte, s'empare d'une caisse à roulettes qu'il détenait sous son lit et avec une rapidité stupéfiante, fonce vers les toilettes au milieu d'une explosion d'hilarité, de protestations et d'encouragement à foncer plus vite. Le malheureux est nu comme un ver.
Manifestement le maximum a été fait par ceux qui gèrent courageusement cet établissement, où malgré tout, les plus démunis trouvent quand même un toit pour la nuit. Les conditions d'hygiène, de propreté, de moralité sont imposées, mais comment exiger leur respect par semblable faune. La tâche est manifestement impossible.
Le petit déjeûner se limite à une tasse de café "erzats". On peut avoir du pain si on a des tickets et en principe l'argent pour payer. Mais les plus pauvres ne paient pas. Sans tickets, on peut obtenir des sardines encaquées dans le sel. Elles ne coûtent pas cher et Yasreg en achète quelques-unes. Mais il n'a pas encore atteint le stade où on avale n'importe quoi. Il devra connaître cette expérience enrichissante plus tard.
Autour de lui, les miséreux le regardent. Sans doute se demandent-ils ce qu'il fait là. Il n'est manifestement pas encore tout à fait un des leurs.
La faim, les sentiments embryonnaires, les appétits instinctifs ont profondément creusé les traits de certains visages, accentuant encore leur peu d'attirance. Un monde à part, caché, frustre, marginal, à peine sorti de l'animalité, encore soumis au grégarisme ancestral est dévoilé à Yasreg.
Ce dernier abandonna ses sardines sur la table et la moitié de sa boisson. Quittant l'endroit, il se retourna. Tout était englouti.
à suivre
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