TOME 5 - FASCICULE 9 - MARS 1994

Sommaire

Editorial

Jean-Marie LEVO - Les sacrifiés du Canal Albert

Les Mirages de la 42e Esc RECCE du 3e Wing Tac de Bierset

Joseph THONUS - La chute du Rideau de fer

P. de WEZ - Si Namur vous était contée - La Porte "en TRIEUX" ou "de BRUXELLES", à Namur

Bibliographie

Joseph THONUS - Regard sur l'histoire de l'Artillerie (4)

Courrier des lecteurs

Les poudrières des forts de la Meuse (1)

Les poudrières des forts de la Meuse (2)

La ventilation dans les forts

La batterie allemande de Belleflamme en 1944

Les forts français de 1914 (période 1874-1914) - Complément

Chronique du CLHAM

Inauguration de l'arbre et de la stèle à la mémoire de W. Dewé

Contribution à l'érestion d'un monument à la mémoire du Major Legrand

En dernière minute

Editorial

Restructuration à la Force aérienne (Bierset)
Une page est tournée dans notre ciel hesbignon. La base de Bierset vient de fermer ses portes à la Force aérienne, mettant ainsi un terme à 71 ans de présence des avions militaires dans la Province de Liège.
Elle accueille à présent la Force terrestre avec ses fameux hélicoptères AGUSTA.
La Force aérienne s'en est allée fière de ses exploits héroïques de 1940, de son record mondial d'heures de vol sur Mirage V, de l'écolage du Prince Philippe, de la mission des Mirages en Turquie, lors de la Guerre du Golfe, que notre membre et ami Patrice Erler a si bien développées à l'occasion d'une conférence en notre Centre en mai 1993.
Notre collaborateur J. Remits a relaté d'excellente façon l'historique de l'Aéronautique militaire en mai 1940, dans notre bulletin Tome IV - Fascicule 1 de mars 1989.
Si, avec Jean-Marie Levo, nous revenons sur le sujet dans le présent bulletin, c'est pour, à nouveau, rappeler l'héroïsme et l'esprit de sacrifice de nos aviateurs belges et alliés lancés dans le ciel lourd de menaces de mai 1940, avec des moyens dérisoires, face à l'armada nazie. C'est aussi pour rendre un vibrant hommage à ces hommes des missions suicides, au moment où leur successeurs quittent notre belle province.
Dans l'article intitulé "Les sacrifiés du Canal Albert", J-M Levo nous fait revivre d'une plume alerte les actions glorieuses et désespérées de nos ailes en 190, le lourd tribut payé par elles à une juste cause et la vaine relève des aviateurs français et anglais sur le Canal Albert.
"Et alors, pour retarder l'inévitable, nos avions d'assaut, de bombardement et de chasse sont cruellement lancés paquets dans la fournaise, par petits dérisoires. Qui donc les aura vus, dilués dans le ciel immense?" (Pierre CLOSTERMAN - "Feux du Ciel" - Paris - Flamarion - 1951 - page 18).
G. SPOIDEN
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Jean-Marie LEVO - Les sacrifiés du Canal Albert

Le moteur et les quelques débris d'un "Hurricane", exposés au fort d'Eben-Emael (*), nous rappellent la lutte acharnée dont notre ciel du printemps 1940 fut l'enjeu.

(*) En 1992, à Lens-Saint-Servais, commune de GEER, un groupe de chercheurs, animé par François CHABOT et son fils, découvraient, enterrés à 5 mètres de profondeur, dans un terrain spongieux, une multitude de pièces et un moteur Rolls-Royce V-12, d'un chasseur HURRICANE abattu le 12 mai 40, alors qu'il était piloté par le sergent TOWNSEND Kenneth, affecté en 1940 au 607e Squadron (County of Durham) de la Royal Auxiliary Air Force.

Le sergent TOWNSEND subit de graves brûlures aux mains et au visage. Il fut soigné tout d'abord au Collège St-Louis de WAREMME où était établi un hôpital de campagne. Il subit par la suite plusieurs opérations aux yeux, connut cinq camps de prisonniers de guerre avant d'être rapatrié, via BERLIN et la SUEDE, le 10 septembre 44 en échange de prisonniers de guerre allemands. En 1945, il fut démobilisé et pensionné avec 50 % d'invalidité. Pour sa vaillante conduite pendant la guerre, il a reçu la "Distinguished Flying Medal".
Le matériel anglais retrouvé à Lens-St-Servais a rejoint le Musée d'Eben-Emael.
G.S.
Des milliers d'avions s'affrontèrent, et d'emblée, l'Allemand dicta les règles d'un combat inégal. Il imposa son omniprésence en nombre et en puissance.
La Belgique compta pour bien peu dans cette formidable bataille. Elle aligna moins de deux cents avions, dont une septantaine purent être considérés comme modernes. (1) Notre aéronautique militaire (Aé M) fut offerte en holocauste. Nos valeureux pilotes et membres d'équipage sacrifièrent leur vie de propos délibérés pour une cause juste. C'est de l'héroïque sacrifice de quelques-uns d'entre eux que je vous invite à vous souvenir.

(1) Suivant les sources, le nombre d'appareils de tous types, engagés en mai 1940, varie: pour la Belgique, de 180 à 230 (le plus souvent 180) - pour la France, environ 1.000 et la moitié pour l'Angleterre - pour les Pays-Bas ? - pour l'Allemagne, de 3.500 à 4.650 (dont 358 "Stuka").

Le ciel de cette nuit du 9 au 10 mai 1940 est constellé d'étoiles et fait présager une claire et limpide journée. Depuis minuit et demi, comme toute l'armée, les régiments d'aéronautique militaire sont en alerte. Le premier régiment (1Aé) a pour mission l'observation au profit des corps d'armée (CA). Ses escadrilles, équipées de "vieux coucous" sont basées à Deurne, Gossoncourt et Bierset. Le 2Aé, c'est la chasse avec les avions modernes: douze "Hurricane" et des moins modernes: les "Gladiator" et les Fiat. Ses terrains se situent à Schaffen et à Nivelles. Enfin le 3Aé, basé à Evere, est chargé des missions de reconnaissance d'armée et du bombardement. Quinze de ses quarante et un appareils sont des "Fairey Battle".
A quatre heures, les équipages s'asseyent dans les carlingues. Les moteurs tournent au ralenti. On n'attend plus qu'une clarté suffisante pour décoller vers les aérodromes de campagne. (2)

(2) En plus des 14 aérodromes du temps de paix, un certain nombre de terrains, dits de campagne, (± 30) ont été aménagés.

Le lever du jour est le signal de la rupture brutale d'une paix profonde. Comme par un enchantement maléfique, le ciel se couvre d'avions. La Luftwaffe ouvre les hostilités. Dès quatre heures trente, les aérodromes principaux sont bombardés. A Schaffen, la majorité des "Gladiator" échappent aux Heinkel 111, mais les "Hurricane", sauf deux qui réussissent à décoller, sont détruits. A Nivelles, les Fiat décollent de justesse avant l'attaque. Il en est de même pour les quinze "Battle" d'Evere qui rejoignent sans perte le terrain de campagne de Belcele. La plupart des Renard R31 quittent Bierset et gagnent, indemnes, leurs aérodromes de Duras et de Hannut.
Pour les "Fairey Battle" ce n'est que partie remise. Les avions sont à peine dispersés qu'une pluie de bombes explosives et incendiaires s'abat sur le terrain. Mais la dispersion est payante: un seul avion est détruit et son équipage blessé. Le terrain n'est plus sûr et les appareils décollent pour Aalter où ils se posent à onze heures. Puis on attend...
A Hannut, arrive enfin un ordre de mission du grand quartier général. Le GQG commande une reconnaissance au dessus de la zone des ponts du canal Albert et du canal de Bois-le-Duc, entre Visé et Lanklaar. Cette reconnaissance doit permettre au 1CA d'établir une situation d'ensemble. Le sergent Rigole et le sous-lieutenant Walsch effectuent cette première mission de guerre. Le Renard R31 décolle à midi et demi et rejoint son escorte de trois Fiat qui arrive de Brustem. Une heure plus tard les appareils sont de retour. Tandis que les chasseurs s'éloignent, le Renard se pose et capote. Un pneu a été crevé et l'attache du train d'atterrissage est endommagée. Le Renard a subit des tirs terrestres partis tant des lignes allemandes que belges. L'officier observateur rapporte: "Nous avons volé à cinquante mètres du sol. Les ponts de Vroenhoven, de Veldwezelt et de Briegden ne sont pas détruits... Nous ne sommes pas parvenus au nord du secteur, tellement l'activité y est intense. Un rideau d'avions allemands..."
Dans l'après-midi deux nouvelles reconnaissances sont commandées par le 1CA. Ces missions s'effectuent sans la protection des chasseurs dont la base a été bombardée. Les avions sont touchés par des tirs partant des lignes ennemies et des lignes amies. Le feu ennemi est violent aux environs immédiats des ponts. Il n'est toujours pas possible de pousser jusqu'à Lanklaar. Les itinéraires partant de Maastricht vers nos lignes sont encore vierges de troupes ennemies.
* * *
Simultanément aux reconnaissances effectuées par le 1Aé, le GQG ordonne au troisième régiment de préparer un bombardement. Il s'agit d'attaquer une ou plusieurs passerelles jetées sur la Meuse, du côté de Lanaye, par le génie allemand. Donc, à Aalter, neuf "Battle" sont équipés. Chaque appareil reçoit huit bombes de cinquante kilos. Les pilotes sont plus nombreux que les avions et tous veulent en être. Le capitaine Pierre est le commandant des missions de bombardement, il participe donc d'office. Les deux autres capitaines de l'active: de Hepcée et Glorie ne peuvent partir ensemble. Alors ils jouent à pile ou face leur inscription sur la liste des équipages. André Glorie gagne! Il partira donc. Le premier sergent Rolin-Hymans est aviateur, ancien combattant de la grande guerre. Il est le seul à avoir une expérience du combat aérien. Il a été rappelé pour faire du service à terre et n'a eu de cesse jusqu'à ce qu'il figure de nouveau sur le rôle du personnel navigant. Il revendique l'honneur de participer: il est retenu. Parmi les membres d'équipage, à part le capitaine Pierre chargé d'élaborer le règlement de bombardement, Glorie et Jordens, personne n'a jamais procédé à un exercice de bombardement réel.
Imperturbable, au milieu de l'excitation générale, le chef, le capitaine Pierre, surnommé "Pyrrhus", inscrit les équipages sur le tableau noir. Derrière le numéro de code de l'avion, s'alignent les noms du personnel: d'abord le pilote puis le bombardier:
Tableau noir
Adjt Vandevelde M. -Briegden- T71
Adjt Delvigne F. (T) -Vroenhoven- T61
Adjt Verbraeck D. (B) -Veldwezelt- T60
Quelle est la situation sur le front du canal Albert en cette fin de l'après-midi du 10 mai? Elle apparaît catastrophique. Depuis l'aube, les unités de la septième division d'infanterie (7DI) sont écrasées sous les bombes des "Stuka". Mais aussi, et surtout, quatre opérations aéroportées allemandes, par planeurs, se sont déroulées au lever du jour. Les trois premières avaient pour objectif la capture des ponts sur le canal: à Veldwezelt, à Vroenhoven et à Canne. Les deux premières actions ont parfaitement réussi. Les ouvrages d'art, intacts, sont aux mains des parachutistes qui forment deux solides têtes de pont. A Canne, le pont leur a sauté au nez. Mais ils s'accrochent au terrain, malgré de lourdes pertes. La dernière opération était, comme l'appelleront plus tard les Allemands, le plus hardi coup de main de toute l'histoire militaire: la neutralisation du fort d'Eben-Emael. Là aussi, l'objectif est atteint. Les canons du fort ayant une action vers le nord sont hors d'état de tirer, sauf ceux de la coupole sud. Cette coupole ne se prive d'ailleurs pas de canonner tant et mieux les aéroportés, terrés sur le fort et tous les objectifs lui signalés. Et de plus, le pont de Briegden n'a pas sauté.
D'heure en heure, des unités d'infanterie de la Wehrmacht et de la Flak renforcent les éléments avancés. Dans le secteur de Canne, les tentatives de franchissement du canal échouent sous les feux de l'artillerie de la 7DI et d'un ouvrage défensif du fort: le bloc canal nord. A Aalter, c'est toujours l'attente! Quand va-t-on finalement attaquer? Il n'est toujours pas question des ponts du canal Albert. Les instructions du GQG restent: le départ se fera sur ordre et l'emplacement exact de l'objectif sera précisé ultérieurement. Et le temps passe! A dix-huit heures dix, la mission est décommandée. La passerelle sur la Meuse a été détruite par notre artillerie. Quarante minutes plus tard, un nouvel ordre d'exécuter un bombardement, sans autre précision, arrive. Le capitaine Pierre téléphone à l'EM du 3Aé. Il réclame ses ordres. Il veut décoller de nuit, ses avions sont équipés pour, et attaquer à l'aube. Mais à dix-neuf heures vingt l'action est différée au lever du jour. Le capitaine de Hepcée libère les équipages, ils doivent être de retour sur la plaine à trois heures.
Le GQG semble vraiment fort indécis quant à l'attitude à adopter. L'artillerie va détruire les ponts. Puis une contre-attaque terrestre est envisagée. Mais rien ne se fait et les heures passent. Pourtant un moyen de destruction peut être mis en oeuvre. Notre artillerie lourde sur voie ferrée est là, à portée de tir, pas loin des ponts. Seulement on ne l'actionne pas car nous ne pouvons pas tirer en territoire hollandais! (3) Alors on repense à l'aviation. Mais la nuit est tombée et aucun ordre précis n'est encore donné. Cependant tous ces ordres et tous ces contre-ordres s'échangent par radio et en clair. Et bien sûr tous les messages sont captés par les Allemands. Si bien que, à minuit moins le quart, la quatrième division blindée allemande reçoit la communication suivante: "Die 4PzDiv wird gewarnt, dass nach einem aufgefangenen feindlichen Funkspruch, am 11 früh der Brückenschlag bei Maastricht von feindlichen Luftstreitkräften angegriffen werden soll. (La 4e division blindée est avertie, que d'après une conversation radio ennemie qui a été captée, le 11 tôt, les ponts en construction près de Maastricht doivent être attaqués par des forces aériennes ennemies." Et voilà, le comité de réception est en place. Si les blindés sont avertis il en est indiscutablement de même pour la Luftwaffe et pour la Flak. Cependant aucun blindé n'a atteint le canal Albert. Les chars s'entassent dans Maastricht, derrière les ponts sautés de la Meuse. Les sapeurs du quatrième corps d'armée de la Wehrmacht travaillent sans relâche. Deux ponts de seize tonnes sont en construction.

(3) La 4e batterie d'ALVF (artillerie lourde sur voie ferrée) se trouvait entre Bilzen et Eigenbilzen avec 2 pièces de 170 mm et la 9e, près de Hasselt, avec 1 pièce de 280 mm.

A trois heures, les équipages sont de retour au terrain. Un quart d'heure plus tard, les mécaniciens mettent les moteurs en marche. L'attente reprend. Enfin, le téléphone du bureau de renseignements sonne: l'attaque est suspendue pour faire place à deux reconnaissances. Il faut aller voir l'état des ponts du canal Albert et se rendre compte si l'ennemi a réalisé des moyens de franchissement de l'obstacle. Et de nouveau c'est la frénésie. Tout le monde est volontaire. Tous veulent agir. L'action va faire place à cette interminable guerre des nerfs. Trois avions partiront. Les deux premiers exécuteront une reconnaissance à vue et le troisième prendra des photographies. Il n'y aura pas de protection de la chasse. Les nouveaux équipages se forment: Pierre et Cloquette, Binon et Vandenbosch, Jordens et Glorie. Sur la piste, mécaniciens et armuriers désarment de leurs bombes les trois "zincs". Les aviateurs s'empressent vers leurs Fairey. Il faut agir au plus vite, arriver au petit jour dans l'espace à reconnaître.
Tout est prêt! Déjà l'aube teinte le ciel d'une lueur pâle. Mais c'est le contre-ordre et en même temps un nouvel ordre. Les reconnaissances sont décommandées, c'est le bombardement des ponts qui se fera. Les premiers équipages désignés partiront. Et si une nouvelle fois c'est annulé, un nouveau rôle de service prendra cours à midi. Le personnel technique replace les bombes sur les "Battle". Les ordres se précisent. Le premier peloton décollera à cinq heures quarante-cinq, son objectif est le pont de Veldwezelt. Cinq minutes plus tard, le deuxième peloton partira pour Vroenhoven. A six heures, l'adjudant Jordens emmènera ses équipages vers Briegden. Cette fois une escorte est prévue. Deux pelotons de trois Gloster "Gladiator" couvriront les bombardiers dans leur zone de travail. La protection directe sera effective à partir de six heures. Les "Gladiator" escorteront le retour des "Battle". Le vol s'effectuera à une altitude de trois cents mètres. Les avions sont parés. Les aviateurs finissent de s'équiper. L'adjudant Frans Delvigne est déjà prêt. Il aide tout le monde et plaisante, comme toujours. Il a été pilote de chasse et est un virtuose de l'acrobatie aérienne. Il rêve de chasse homérique. Dans moins d'une heure il va mourir aux commandes d'un avion de bombardement. Le jour est levé, peloton après peloton, les avions décollent. L'ultime sacrifice sera bientôt consommé.
Les bombardiers du premier peloton, menés par "Pyrrhus" prennent la direction de Veldwezelt. Les avions volent bas, en formation espacée. Voici Gand que les avions contournent par le sud. Soudain deux avions allemands croisent les "Battle", font demi-tour et poursuivent nos avions. Le lieutenant Cloquette, mitrailleur à bord du T73 ouvre le feu par courtes rafales. Nos trois "zincs" gardent résolument le cap vers l'est. Les avions allemands s'attaquent au T60. L'adjudant Dome identifie l'ennemi: des bombardiers Dornier, rapides et puissamment armés. Un duel, à deux cents mètres de distance, s'engage entre le premier ennemi et notre T60. L'adjudant Verbraeck quitte la formation et fonce vers le sol. L'avion vole en rase-mottes, sautant les obstacles. Accroché à sa Browning, Dome tire sans discontinuer. L'affrontement dure depuis plus d'un quart d'heure. Le Dornier rompt le combat. Est-il touché? Déjà le deuxième Allemand prend la relève et la lutte reprend. Notre pilote est blessé de quatre balles dans le dos. Il continue, malgré la souffrance, à maintenir son appareil en ligne. Dome lui crie de se poser. Une nouvelle rafale pénètre l'habitacle et fracasse les mains du mitrailleur. Il ne reste plus à l'ennemi que d'achever le T60 mais le Dornier se place à côté du Fairey et le pilote fait signe à Verbraeck d'atterrir. Le T60 termine sa mission dans un champ à Lebbecke. Après un dernier passage, les deux bimoteurs allemands s'éloignent.
Le T73 et leT58 foncent toujours à basse altitude, cap plein est. Au sud de Hasselt, trois chasseurs, probablement des Messerschmitt 109, les interceptent. Le T58 s'abat en flammes. Les corps de l'adjudant Timmermans et du premier sergent Rolin-Hymans seront retrouvés dans les débris de l'appareil. L'avion du capitaine Pierre et du lieutenant Cloquette arrive donc seul en vue de l'objectif. La défense antiaérienne se déchaîne. L'avion évolue au milieu d'un déluge de mitraille. Le pont est là, juste au-dessous, mais les bombes ne se détachent pas. Alors le capitaine Pierre vire posément, reprend l'alignement de la cible, toujours en plein tir ennemi, et largue les huit bombes. Le pont est raté de peu. A quelques mètres, la route est défoncée. Les projectiles, équipés de fusées instantanées, les seules disponibles, font des dégâts dérisoires. Criblés de mille blessures, le T73 prend le chemin du retour.
1Sgt Rolin-Hymans G. (T) -Veldwezelt- T58
Le peloton du capitaine Glorie emprunte un itinéraire légèrement plus au sud que celui du capitaine Pierre. Les appareils volent bas, parfois même très bas, à cinquante mètres à peine. Cette tactique doit leurs permettent de se soustraire à la chasse ennemie et, le cas échéant, obtenir l'appui de la DCA amie.
A distance, les aviateurs aperçoivent l'aérodrome d'Evere, leur aérodrome! La piste est parsemée de cratères de bombes. Les ruines des bâtiments sont encore fumantes. Aux environs de Louvain, les avions sont pris dans un feu d'artifice de projectiles traçants. Mais l'acharnement des tireurs belges n'a d'égale que leur maladresse. Le T64 et le T61 volent quelques instants côte à côte. L'adjudant Binon adresse un signe de la main à Frans Delvigne qui répond en agitant les ailes de son "zinc". A Tirlemont l'accueil de la DCA belge est le même qu'à Louvain. Mais il faut laisser aux servants de la DCA qu'ils n'ont pas l'habitude de voir nos cocardes dans le ciel. Quant au service de guet, il sera prévenu à onze heures de l'opération contre les ponts; soit trois heures après qu'elle soit terminée.
C'est avec un bien pauvre matériel que nos aviateurs partent pour cette première et dernière mission de bombardement. En effet, si le "Battle" est un avion relativement récent, il date de mille neuf cent trente-six, il ne concurrence pas les appareils de la Luftwaffe. Il peut emporter quatre bombes de cent vingt-cinq kilos logées dans les ailes. Mais la version belge de l'appareil, fabriqué sous licence, comporte des attaches extérieures, sous les ailes, pour huit bombes de cinquante kilos. Il n'est pas équipé de viseur. Le bombardement se fait au jugé à une altitude qui ne peut dépasser les trois cents mètres. Le bombardier - observateur dispose, pour voir l'objectif, d'une trappe ouverte dans le ventre de l'appareil. Le largage des bombes se fait électriquement et une commande de secours mécanique peut être actionnée par le pilote. Deux mitrailleuses Browning assurent la défense. Aucun blindage ne protège l'équipage et les réservoirs.
Fairey Battle
Enfin, sur la gauche, la ville de Tongres d'où montent des fumées d'incendies. Cette fois les tirs terrestres sont allemands et précis. Les avions sont touchés. Aux portes de la ville, les "Battle" survolent une colonne motorisée. Le sous-lieutenant Vandenbosch lâche quelques rafales; un projectile ennemi lui passe entre les jambes sans, heureusement, le toucher. Glorie conduit son escadre vers le nord. Et, bientôt, les avions arrivent face au pont et entrent dans un véritable mur de feu. C'est l'enfer. Le capitaine Glorie attaque le premier. Le sous-lieutenant réserviste Vandenbosch déclenche le système de largage. Mais rien ne se passe! Le T61 suit à cent mètres et, lui non plus, ne lance aucune bombe. Finalement le T64 de l'adjudant Binon est sur l'objectif. Ses bombes partent. Elles rasent le parapet et tombent dans le canal. Binon vire et fonce au ras des pâquerettes poursuivi par une pluie de mitraille. Il aperçoit, sur la rive gauche du canal, plusieurs planeurs de grande taille.
Déjà André Glorie a fait demi-tour et revient sur la cible. Son avion n'est plus qu'une épave. De l'huile bouillante gicle et arrose l'habitacle. Vandenbosch est toujours couché à sa fenêtre de visée. Il veut voir tomber les bombes. L'avion est à quatre cents mètres d'altitude et pique jusqu'à cent cinquante mètres. Glorie lâche sa charge qui rate le pont. Courageux jusqu'à l'abnégation, fidèle, jusqu'à la mort, Frans Delvigne suit imperturbablement l'avion de son chef. Il largue ses bombes sans résultat aucun. Le pont reste parfaitement intact. Le T70 flambe! Glorie ordonne à son adjoint de sauter. Le sous-lieutenant Vandenbosch échappera ainsi à la fournaise, mais il se blesse gravement. Le capitaine André Glorie s'écrase aux commandes de son Fairey. L'adjudant Delvigne et le sergent Moens sont tués dans leur avion qui, probablement, explose en vol.
Le T64 retourne à sa base en mitraillant tout ce qui passe sous ses ailes et lui semble ennemi. Au loin le "Battle" du capitaine Pierre revient de Veldwezelt.
Capt Glorie A. (T) -Vroenhoven- T70
* * *
A six heures, le troisième peloton décolle et prend la direction de Gand, qu'il dépasse par le nord. Tout semble calme. Mais tout à coup, dans les environs de Lierre, le T71 file vers le sol. Aussitôt, les deux autres Fairey l'imitent instinctivement, croyant à une attaque de la chasse ennemie. Les mitrailleurs des T62 et T68, le doigt sur la détente, scrutent le ciel qui reste vide de tout avion. Que s'est-il passé? Encore une fois c'est la défense antiaérienne belge qui a tiré. Il n'y a aucune troupe allemande dans la région survolée. Le caporal Bergmans a reçu une balle dans la fesse. Il perd son sang en abondance. L'adjudant Vandevelde fait demi-tour et ramène son camarade à la base.
Les T62 et T68 continuent leur vol à basse altitude et arrivent aux abords de Beringen. De nouveau, les "Battle" sont pris sous le feu d'armes belges. Les deux avions sont touchés de nombreuses fois. Le moteur du T62 dégage une lourde fumée noire. Le pilote s'efforce de prendre de l'altitude et grimpe jusqu'à trois cents mètres. Il ordonne à son coéquipier de sauter. Le sergent de Ribaucourt se jette dans le vide. Une sangle de son parachute s'accroche à la mitrailleuse arrière. L'aviateur reste suspendu le long de la carlingue. Jordens secoue tant qu'il peut son "zinc". Le parachute se libère, alors Jordens saute à son tour. Mais pour nos troupes au sol le combat n'est pas fini. L'avion descendu, il reste l'équipage. Les balles sifflent autour des deux parachutistes qui arrivent, malgré tout, indemnes au sol. Ils sont aussitôt faits prisonniers par leurs "camarades". Après beaucoup de difficultés ils se feront reconnaître.
Un seul avion endommagé, son réservoir bâbord est troué, continue la mission. Des tirs belges le poursuivent. Le premier sergent Wieseler fait zigzaguer son appareil pour dérégler les tirs des mitrailleuses amies (sic). Le pont approche et la Flak prend la relève de la DCA. L'avion tient le coup et, percé comme une écumoire, se présente dans l'axe de l'objectif. Le pilote se tourne vers son mitrailleur:
"Ça va?"
"Ça va."
L'adjudant CSLR (candidat sous-lieutenant de réserve) Deconinck, très calme, actionne le système de largage. Une colonne de fumée monte au pied de la cible. Wieseler, au ras du sol repart vers nos lignes. Mais l'avion faiblit. L'essence gicle du réservoir perforé. Moteur réduit au minimum, l'avion grimpe jusqu'à cent cinquante mètres.
"Deconinck, saute!" hurle le pilote.
Alors, toujours très maître de lui, l'adjudant plonge dans le vide. Il se cassera un pied. Wieseler intoxiqué par les émanations d'essence cherche à atterrir. L'incendie menace. Enfin un endroit se présente. Le train d'atterrissage refuse de sortir. La pression d'huile est tombée à zéro. Le sous-officier pose son avion sur le ventre. Il se précipite hors de l'habitacle et s'éloigne rapidement. L'épave peut s'embraser à tout moment. Quand il se retourne, il frémit. Les bombes sont toujours là, accrochées sous les ailes, elles ont servi de patins lors de l'atterrissage!
Il est six heures cinquante quand Vandevelde rentre à Aalter. Bergmans est immédiatement hospitalisé. A sept heures trente-cinq, le T64 de Binon et Legand se pose. L'avion est durement touché. Enfin, cinq minutes plus tard, Pierre et Cloquette sont là également.
L'adjudant Binon fait son rapport au sujet des planeurs qu'il a vus, à quelques mètres, sur les rives du canal.
"Des planeurs?"
"Vous avez mal vu!"
"C'est impossible, ce sont certainement des avions ennemis abattus!"
C'est sur cette dernière ineptie que se termine la mission de bombardement des ponts du canal Albert. Sur neuf avions, six sont abattus. Sur dix-huit aviateurs, cinq sont morts, quatre sont blessés et deux sont intoxiqués. Les objectifs sont intacts.
Goliath a vaincu David. Tout a manqué à nos aviateurs, tout, sauf un formidable courage! Mais le sacrifice ne s'arrête pas là. La chasse de protection a vécu, elle aussi, son martyre.
* * *
L'aube du 10 mai a vu, à Schaffen, la destruction de la presque totalité de nos chasseurs les plus modernes: les "Hurricane". Douze Gladiator", sur quinze, ont rejoint le terrain de campagne de Beauvechain. C'est là que va donc arriver, le 11 mai, l'ordre de mission de protection des bombardiers. Cet ordre a été précédé d'une valse d'hésitations, d'ordres et de contre-ordres. Mais finalement, la mission est confirmée à cinq heures deux. Six avions, constitués en deux pelotons, participeront à l'action. Ils décolleront sur ordre du commandant d'escadrille pour être dans le secteur des ponts à six heures. Le vol se fera à une altitude de neuf cents mètres. Les chasseurs assureront la protection directe des "Fairey" sur les objectifs, puis les escorteront à une altitude de trois cents mètres sur le chemin du retour. Les deux pelotons sont rapidement organisés:
Le Gladiator
Les 2 pelotons
C'est à cinq heures trente-cinq que le premier peloton prend l'air en direction de l'est. Entre Saint-Trond et Tongres, les "Gladiator" rencontrent un Dornier et le prennent en chasse. Mais le gibier leur échappe.
Bientôt apparaît, sous les plans des avions, enclavée entre le canal Albert et le Geer, une esplanade en forme de gigantesque pointe de flèche. C'est le terre-plein du fort d'Eben-Emael. Le chef de peloton y aperçoit de nombreux planeurs qu'il prend pour des avions abattus. L'escadre remonte vers le nord-est. Dans un kilomètre, les ponts seront en vue.
Soudain, des Messerschmitt 109 fondent sur la formation belge qui se disloque. Rolin fonce dans une mince couche nuageuse. Il estime la force adverse à huit appareils. Une de ses mitrailleuses, la droite de capot, est inutilisable. La bande de cartouches s'est désengagée. Au sortir des nuages, le G22 tombe sur un chasseur ennemi qu'il arrose, à cent mètres, du feu de ses armes. L'Allemand grimpe, plein gaz, dans les nuages. Il est certainement touché. Mais notre chasseur, beaucoup moins rapide, doit abandonner la poursuite. Et, hélas, de très loin un autre Messerschmitt le prend pour cible. Un obus explose dans le fuselage du G22. Les câbles de commande sont sectionnés. L'avion, incontrôlable, se met en spirale serrée sur la droite. Il pique vers le sol, mais, heureusement, ne s'enflamme pas. Le pilote saute en parachute. L'avion s'écrase dans un verger, le long de la route qui relie Tongres à Maastricht. Dès le début de l'engagement, le G19 s'abat en flammes. On ne retrouvera, ni les restes de l'avion, ni ceux du pilote. Le sergent Pirlot est porté disparu à jamais.
Sgt Pirlot A. (T) -G 19
L'engagement n'a pas duré plus de deux minutes. Le sergent Vandenbroeck rompt le combat et rentre à Beauvechain avec un avion endommagé. Il se pose à sept heures trente. Quant au premier sergent Rolin, dès son arrivée au sol, il est capturé par des soldats belges. Le sous-officier est ligoté avec du fil téléphonique et poussé dans une cave, sur un tas de pommes de terre. Un peu plus tard, il sera fait prisonnier, avec ses gardiens belges, par les Allemands.
Le deuxième détachement de protection connaît un destin semblable à celui du peloton Rolin. L'itinéraire suivi passe un peu plus au sud. Le vol s'effectue sans problème jusqu'à Zichen. Mais là, un "Staffel" de Messerschmitt intercepte les Belges. La formation de combat allemande, qui compte douze appareils, disperse les "Gladiator". Le sergent Clinquart s'abat aux commandes de son G25 en flammes, en bordure du Geer, dans les campagnes de Fexhe-Slins. Le capitaine Guisgand pose son G27, dont les commandes sont hors d'usage, le long de la route qui relie Celles à Waremme. Le pilote est légèrement blessé à la figure. Il sera soigné par un pharmacien de Waremme. Le premier sergent Winand peut s'échapper et ramener, à sa base, son G32 abîmé. Il atterrit en même temps que le sergent Vandenbroeck.
L'action de la chasse de protection est terminée. Le tribut est lourd. Le courage déployé n'a pu forcer le destin. Un pilote est mort, un deuxième est porté disparu, un troisième est blessé, et un autre est prisonnier. Quatre avions sont abattus et deux sont endommagés. Un appareil ennemi a peut-être été touché par le premier sergent Rolin. Les "Gladiator" n'ont pas rencontré les "Battle". La mission suicide des ponts du canal Albert est terminée.
Les alliés, français et anglais, vont prendre, avec autant d'insuccès, la relève des Belges.
* * *
Le 11 mai à neuf heures, le major Tilot et l'adjudant Brasseur font sauter le pont de Briegden. Le sous-officier y laisse la vie.
A Maastricht, le premier pont lancé par le génie allemand est ouvert aux blindés. Désormais, plus rien ne pourra arrêter leur ruée au coeur de la Belgique.
Pendant deux jours, nos alliés attaquent les ponts, les débouchés de Maastricht et les colonnes ennemies circulant dans le secteur. Les pertes sont effroyables: quarante-six bombardiers anglais et douze français sont perdus. Avec les appareils belges, le nombre d'avions abattus s'élève, au moins, à soixante-huit. Mais combien d'autres sont endommagés? Mais surtout quel est le bilan en vies humaines? (4)

(4) Les bombardiers français et anglais étaient escortés par des chasseurs. Je n'ai pas trouvé de document traitant des pertes subies par les avions d'escorte. Peut-être, le "Hurricane" du Sgt Townsend en était-il un?

Le 12 mai, au soir, l'holocauste est terminé. Les ponts de Vroenhoven et de Veldwezelt sont toujours en parfait état. L'armée allemande continue à déferler sur notre pays.
J.-M. LEVO - Octobre 1993
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Les Mirages de la 42e Esc RECCE du 3e Wing Tac de Bierset

Logo 42 Esc - 3 Wing Tac
La photo représente le Mirage 5 BR n° 15 de la 42e Escadrille de Reconnaissance décoré à l'occasion du 70e anniversaire de l'adoption de l'insigne du Diable ailé observant avec une longue-vue (MEPHISTO) par la Première Escadrille de Reconnaissance en 1920.
Le 15 septembre 1954, à la création de la 42e Escadrille de Reconnaissance Tactique, le major MARICQ, premier commandant de l'Escadrille, très attaché aux traditions, reprend l'insigne au passé glorieux appartenant aux traditions de la reconnaissance aérienne.
Le Mirage "MEPHISTO" était peint en noir, bordé de rouge et jaune, représentant le rideau de flammes sur lequel danse de joie le Diable rouge ailé, tout en observant de sa longue-vue (le diable non visible sur la photo était dessiné sous le fuselage).
Mirage 5 BR n°15
Mirage "MEPHISTO"
Celui-ci fut présenté dans cette livrée les 23 et 24 juin 1990 à l'International Air Meeting de Bierset.
Photo du Mirage 5 BR n° 20 de la 42e Esc Recce lors d'un exercice en Turquie
Le Mirage 5 BA n° 20 de la 8e Escadrille (Chasseur Bombardier monoplace), sur lequel les pilotes ont apposé leurs signatures, pour les derniers vols avant la dissolution de l'escadrille au cours de l'année 1991.
Ces photos ont été réalisées par la 42e Esc Recce du 3e Wing Tactique de Bierset
Collection P. ERLER
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Joseph THONUS - La chute du Rideau de fer

PREAMBULE : UNE ERE NOUVELLE AU PIED D'UN "MUR" QUI N'EXISTE PLUS
Le 9 novembre 1989, la chute du "rideau de fer" et du "mur de Berlin" fut le point de départ d'une ère nouvelle, le début de l'histoire du futur, un grand jour pour la liberté et la démocratie!
Devant les yeux ébahis du reste du monde, l'édifice monolithique, aussi bien politique qu'idéologique, que constituaient jusque là les pays du Pacte de Varsovie, s'effondre, explose, s'émiette ...
S'apprêtant à entrer dans une nouvelle phase de son histoire, l'Alliance Atlantique se retrouve d'un seul coup dans le contexte géostratégique d'une transformation radicale qui aurait semblé inconcevable, il y a seulement quelques années.
Les pays satellites de l'URSS recouvrent leur souveraineté. L'Union Soviétique est le théâtre de bouleversements fondamentaux.
Les républiques baltes retrouvent leur indépendance.
Les forces soviétiques quittent la Tchécoslovaquie et la Hongrie; elles achèveront de se retirer de Pologne et d'Allemagne en 1994.
Les anciens adversaires de l'OTAN ont non seulement démantelé le Pacte de Varsovie, mais ont de plus abandonné toute hostilité idéologique envers l'Occident, mettant fin à la "guerre froide".
Apparemment l'Europe s'est débarrassée de ses craintes, l'Allemagne s'unifie, mettant fin à une séparation douloureuse et contre nature, mais, l'euphorie passée, l'on réalise alors que la disparition de l'affrontement lié à la guerre froide n'a pas éliminé une certaine incertitude, car l'on ne peut s'empêcher de se rendre compte que, suite à son éclatement, si gravement qu'elle ait été affaiblie par le désastre économique, si sincèrement qu'elle ait abandonné ses anciens principes politiques, et si réelle que soit son intention d'être admise dans la communauté des nations, l'ancienne Union Soviétique (entendons par là les pays qui la composaient avant sa désintégration) reste une puissance militaire massive, dotée d'un formidable arsenal d'armes nucléaires (1) et d'une capacité conventionnelle tout aussi formidable, dont l'évolution de son contrôle est aujourd'hui moins prévisible qu'il ne l'a jamais été, si l'on n'exclut un éventuel réveil du nationalisme résultant d'une renaissance de "l'Etat-Nation". Appréhensions avivées d'ailleurs par la disparition de la scène politique de certains hommes qui symbolisaient la nouvelle politique étrangère d'ouverture et de coopération de ces pays, qui, déjà proches de l'asphyxie, après un demi-siècle de mauvaise gestion par un système décadent, doivent à présent relever d'immenses défis.

(1) Après la dissolution de l'URSS, à la fin de 1991, à elle seule, l'Ukraine hérita sur son territoire de la troisième force nucléaire stratégique mondiale et d'un nombre important d'armes nucléaires tactiques (Sécurité ukrainienne et dilemne nucléaire d'ANATOLY ZLENKO - août 1993).

L'on pourrait de ce fait être amené à penser qu'il s'agit à présent d'une modification de la "menace".
Durant les quatre années qui viennent de s'écouler, nous nous sommes habitués à ce nouveau "paysage de sécurité européenne", d'où a disparu la menace directe d'une agression soviétique massive et où la priorité n'est plus de faire face à un danger imminent. En réalité, à présent, les risques auxquels les Alliés (d'hier et d'aujourd'hui) se trouvent confrontés viennent moins d'une agression planifiée, motivée par une idéologie, que des conséquences stratégiques des risques et instabilités inhérents à une longue période de transformations économiques et sociales radicales se succédant à une cadence étourdissante, que les pays d'Europe centrale et orientale viennent de vivre ces dernières années.
Jusqu'en 1989, la structure de l'Europe en matière de sécurité était unidimensionnelle. La naissance de nouveaux états dans un climat de tension de résurgence nationaliste, aggravée de crises sociales et économiques ainsi que de problèmes de succession et de conflits frontaliers, créent de nouveaux dangers. Aussi l'orientation de la nouvelle architecture de sécurité de l'Europe est-elle devenue beaucoup plus complexe.
La tragédie yougoslave nous a montré que la fin de la confrontation Est-Ouest avait, si l'on peut dire, augmenté le risque de conflits localisés, avec tout le potentiel d'escalade que cela peut comporter. Cette expérience démontre également l'impuissance relative des institutions européennes, se révélant jusqu'à présent incapables de trouver une solution ou ne disposant pas de moyens propres à maîtriser cette crise actuelle ou … d'autres s'il en survenait!
Paradoxalement, après avoir uni ses forces pour former l'alliance qui a connu le plus grand succès de tous les temps, le nouveau défi auquel l'Europe doit faire face est … le fruit de son succès historique depuis la fin de la dernière guerre! N'est-il pas dit que l'Histoire est un éternel recommencement?
LA "GUERRE FROIDE" instaure une frontière politique
Lorsque, en septembre 1944, les Alliés décidèrent de diviser l'Allemagne en zones d'occupation, le choix de la ligne de démarcation entre la zone russe et les zones anglaise et américaine se porta sur les anciennes frontières entre les "Länder" du Reich et, particulièrement, sur la limite occidentale du MECKLEMBURG, de la province prussienne de SACHSEN-ANHALT et sur les limites ouest et sud de "THÜRINGEN".
C'est ainsi qu'un beau matin de juillet 1945 restera dans la mémoire de beaucoup d'Allemands habitant à l'est de cette nouvelle "frontière", car, bien qu'ayant été libérés et étant occupés par les troupes anglaises et américaines, ils se réveillèrent cette fois sous l'occupation des troupes soviétiques. La ligne de démarcation avait été modifiée ...!
Ce fut pour eux le début d'un nouveau régime, et bientôt d'une séparation, d'un isolement, car, suite au développement de la politique des nouveaux "occupants", cette ligne de démarcation qui, à l'origine, n'était prévue que pour servir de limite administrative, devint la frontière la plus infranchissable et la plus gardée du monde.
Au début, les causes sont, d'une part, le nombre important de réfugiés quittant la future République Démocratique Allemande (RDA), pour gagner la partie libre de l'Allemagne, et, d'autre part, les efforts faits par les pays du Bloc de l'Est pour se tenir à l'écart du reste du monde occidental.
Cet exode important de la RDA se fit remarquer très tôt, aussi, dès le 30 juin 1946, à la demande des Russes, le Conseil Consultatif Allié (aussi dénommé "Conseil Consultatif Européen") décida de fermer la ligne de démarcation entre la zone d'occupation soviétique et la zone d'occupation occidentale. En réalité, il s'agissait de la rupture entre deux mondes.
Deux doctrines, celle de TRUMAN et celle de JDANOV (2), marquent le premier pas de la séparation idéologique: la "guerre froide" était née!

(2) JDANOV. Homme politique soviétique (1896-1948). Membre du Politburo (1939), il dirigera la politique culturelle de l'ère stalinienne.

Une véritable frontière s'établit; il sera désormais interdit de quitter le sol de cette République Démocratique Allemande (RDA) fraîchement née, avec son nouveau système instauré: le COMMUNISME. Une barrière qui, non seulement, sépare deux zones, mais aussi des êtres humains d'une même nation, et aussi surtout, qui doit servir aux idéologues comme moyen d'éducation.
Figure 1. Ligne de démarcation (1946 - 1948)
1. Dès le 30/6/46, le barrage de la ligne de démarcation entre en vigueur. Il est matérialisé sur le terrain par une clôture en fils barbelés et des panneaux d'avertissement.
2. A partir du 12/2/48, afin d'empêcher le passage illégal de la frontière, des barrages sont érigés sur les routes.
L'Est est maintenant au stade de la dictature devant garantir l'éducation du prolétariat pour une nouvelle société: la société sans classes, le socialisme, qui, après une réorganisation consciente des rapports économiques, mène droit au communisme, l'abolition de l'Etat, du code pénal, de la religion, l'auto-administration de la société et l'abolition des distinctions sociales. Un genre de paradis sur terre, état qui restera longtemps illusion. Désormais deux modes de vie s'opposent. L'un d'eux repose sur la volonté de la majorité caractérisée par des institutions libres, un gouvernement représentatif, des élections libres, des garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion et l'absence de toute oppression politique.
Quant à l'autre, il repose sur la volonté d'une minorité imposée par la force à la majorité. Il s'appuie sur la terreur et l'oppression, une presse et une radio-télé contrôlées (3), des élections truquées et la suppression des libertés personnelles.

(3) Par exemple, les postes de TV en usage en DDR étaient conçus de telle sorte qu'ils ne pouvaient capter que les émissions du "Bloc communiste".

"Les semences des régimes totalitaires sont nourries par la misère et le dénuement. Elles croissent et se multiplient dans le sol aride de la pauvreté et du désordre. Elles atteignent leur développement maximum lorsque l'espoir d'un peuple en une vie meilleure est mort" (Harry S. TRUMAN, Mémoires, 1956). Rien n'appartient plus à personne, tout appartient à la collectivité, aussi commence-t-on en priorité par exproprier les biens, terres, sociétés, exploitations ... Les propriétaires, ou toute personne ayant eu, ou pouvant avoir une mauvaise influence au sein du régime, sont déportés, voire expatriés; beaucoup disparaissent sans plus donner aucun signe de vie.
Le PACTE ATLANTIQUE et la coupure de l'ALLEMAGNE
Plus on s'éloignera de la fin de la guerre, et plus nettement apparaîtront les deux directions principales de la politique internationale de l'après-guerre, correspondant à la disposition en deux camps principaux des forces politiques qui opèrent dans l'arène mondiale: le camp "impérialiste" et le camp anti-impérialiste et "démocratique".
Dans son rapport sur la situation internationale, à la conférence de SZKLARSKA, A. JDANOV dira:
"Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste. L'Angleterre et la France sont unies aux Etats-Unis ... le camp impérialiste est soutenu par les pays possesseurs de colonies, tels la Belgique et la Hollande, ainsi que par des pays dépendant politiquement et économiquement des Etats-Unis, tels que le Proche-Orient, l'Amérique du Sud, la Chine.
"Les forces anti-impérialistes et anti-fascistes forment l'autre camp. L'URSS et les pays de la démocratie nouvelle en sont le fondement. Le camp anti-impérialiste s'appuie dans tous les pays sur le mouvement ouvrier et démocratique, les partis communistes frères, sur les combattants de mouvements de libération nationale dans les pays coloniaux".
Les conséquences de la crise de BERLIN sont considérables. Les Etat-Unis ont montré leur détermination. Après l'endiguement économique (plan MARSHALL), TRUMAN organise l'endiguement militaire. Le 4 avril 1949, est signé à WASHINGTON le PACTE ATLANTIQUE entre douze pays occidentaux.
Cette alliance qui, conclue en temps de paix, rompt avec la tradition diplomatique américaine, se concrétise, à partir de 1950, avec la création du CONSEIL DE l'ATLANTIQUE NORD, conseil permanent qui vise à mettre sur pied un commandement unifié des forces alliées (l'OTAN: ORGANISATION du TRAITE ATLANTIQUE NORD).
D'autre part, la crise de BERLIN a créé entre les Américains et les Allemands de l'Ouest un sentiment très fort de solidarité. Outre-Atlantique, l'Allemand n'est plus perçu comme l'ennemi, mais comme un allié qu'il faut aider.
La France s'inquiète de cette nouvelle attitude car elle craint le relèvement de son puissant voisin, mais, ayant obtenu le rattachement de la SARRE à l'économie française, PARIS ne s'oppose plus à la création de la REPUBLIQUE FEDERALE D'ALLEMAGNE, en 1949, dont la Constitution, la loi fondamentale de BONN, avait été approuvée par les trois puissances occidentales.
L'URSS réagit en suscitant en octobre la création à l'Est de la REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE D'ALLEMAGNE. L'ancien REICH est désormais coupé en deux.
Cette division de l'Allemagne en deux Etats achève ce partage de l'Europe, qui ne s'est pas fait à YALTA, mais qui est le fruit de quatre années d'hésitations, de méfiance réciproque et de ruptures.
En 1949, au moment où l'URSS ne réussit pas à mettre la main sur BERLIN-OUEST et où la guerre civile en GRECE se termine par la victoire des monarchistes, l'Europe ne compte plus de "case vide" échappant au contrôle des "super grands". La guerre froide, fondée désormais sur l'équilibre de la terreur depuis que l'URSS possède aussi la bombe atomique (septembre 1949), se déplace donc sur un autre continent.
En COREE, comme en ALLEMAGNE, une simple ligne de démarcation militaire se transforme en frontière politique, opposant irréductiblement, au sein d'une même nation, deux Etats et deux régimes: une dictature communiste soutenue par l'URSS et une dictature de droite appuyée par les Etats-Unis. Mais l'affrontement tourne à la violence: le 25 juin 1950, l'armée nord-coréenne franchit le 38e parallèle et envahit la Corée du Sud.
L'attaque, si brusque, si bien préparée, n'a pu se faire sans l'aval de STALINE. Que recherche ce dernier, si loin de son glacis défensif? Une compensation pour son échec de BERLIN? Un moyen de maintenir son influence idéologique sur les Nord-Coréens, impatients et prêts à écouter le langage plus révolutionnaire des "frères chinois"?
En tout cas, il est persuadé que les Etats-Unis ne bougeront pas pour ce morceau de presqu'île accroché à un continent communiste. Le Secrétaire d'Etat américain Dean ACHESON avait en effet déclaré quelques mois plus tôt que "la Corée ne faisait pas partie du périmètre de sécurité des Etats-Unis". Ceux-ci réagissent cependant et prennent le risque d'intervenir directement. La tension entre les deux blocs est extrême!
Figure 2. La ceinture de barrage de la zone soviétique
Début du Blocus de Berlin (24/6/1948)
LE RIDEAU DE FER
Le lundi de la Pentecôte 1952, la RDA érige tout au long de la ligne de démarcation, entre LÜBECK et HOF, soit sur 1.393 Km, une bande de terre rendue impraticable, qui, serpentant par monts et par vaux, coupant aveuglément champs, ponts, routes, villages, maisons, est débarrassée de toute végétation, labourée et hersée afin de rendre visible toute trace de pas.
L'on y dresse une clôture de barbelés d'environ 1,50 m de hauteur, doublée d'une bande de surveillance de 10 m de largeur. Elle s'appellera "TODESSTREIFEN" (bande de la mort) dès que l'on apprendra que la police des frontières de la RDA (GRENZPOLIZEI) a reçu l'ordre de tirer à vue sur ceux qui tenteraient de la franchir.
Le "RIDEAU DE FER" est établi!
Désormais, il sera pratiquement impossible aux habitants de la RDA de s'enfuir vers la République Fédérale. Pendant près de 40 ans, 17 millions de "citoyens allemands" seront isolés du monde libre.
Avant d'arriver à ce barrage, les habitants de la RDA auraient dû franchir la zone frontalière dénommée "ZONE INTERDITE DES 5 KM", où seuls les habitants de cette "ZONENGRENZ" sont autorisés à pénétrer, demeurer ou séjourner et circuler "sous contrôle", avec l'autorisation spéciale de l'autorité frontalière régionale.
De fait les routes d'accès de cette bande de 5 Km sont contrôlées en permanence par des postes de contrôle "fixes" et "volants" où, chaque jour, ceux qui travaillent hors zone doivent exhiber leur carte d'identité (munie d'un cachet spécial). Vérification rendue d'autant plus efficace que ces "navetteurs" sont généralement connus du personnel de la VOLKSPOLIZEI (VOPO) habituellement de service aux mêmes endroits de la région qui, de plus, est journellement parcourue par des "postes volants". Ajoutons que tout rassemblement ou manifestation quelconque y est interdit après 22 h.
Enfin le réseau de la "Sécurité de l'Etat" (STASI) opère une surveillance discrète mais permanente sur tous mouvements, toutes circulations ou présences pouvant être suspects, à l'aide d'agents dont la population elle- même ne soupçonne pas la présence et qui cependant, en collaboration avec les "Commissaires Politiques", quadrillent la zone des 5 Km.
Ensuite vient la "BANDE DE PROTECTION DES 500 METRES", zone interdite par excellence, même pour les habitants de la zone des 5 Km. Dans cette bande, contrôlée 24 h sur 24, seuls, quelques autochtones, dont l'on s'est assuré que la "fidélité politique" (dûment vérifiée) offre suffisamment de confiance, sont autorisés à habiter. Ces personnes doivent se présenter au commandement compétent de la police frontalière, où un second "cachet spécial" donnant le droit d'habiter dans cette zone est délivré. Les autres sujets sont "évacués" ou déportés. Les personnes habitant dans la "zone interdite des 5 Km" et travaillant dans la "zone de protection des 500 m" sont tenues de se faire enregistrer auprès du commandement de la police frontalière. Seules les personnes reprises sur la liste établie par ce commandement ont le droit de pénétrer dans la "bande de sécurité des 500 m.
Précédée d'un chemin de ronde, cette zone n'est en réalité qu'un terrain réservé à l'aménagement des installations de contrôle et de sécurité (tours de surveillance, Bunkers, clôtures, chemins de ronde, installations électriques et téléphoniques, installations de détection, etc.). Aussi, au fil des ans, les exploitations agricoles y sont-elles pratiquement abandonnées. Les constructions existantes considérées comme gênantes seront détruites. Le couvre-feu y est permanent du coucher au lever du soleil. Les locaux susceptibles de permettre le rassemblement de personnes (cafés, salles de fête, etc.) sont interdits, de même que les rassemblements de quelque espèce que ce soit.
Dans cette zone, seuls les travaux commandés ou autorisés par l'autorité frontalière peuvent être effectués, sous la surveillance directe de la GRENZPOLIZEI armée (aménagement et entretien des installations du rideau de fer).
Figure 3 - Verrouillage de la ligne de demarcation (26/5/1952)
Figure 4 - Etablissement du mur de Berlin (1961)
RENFORCEMENT DU RIDEAU DE FER
Afin de renforcer les mesures de contrôle, des itinéraires de déplacement sont imposés, limitant ainsi la liberté de circulation.
Après la construction du mur de Berlin en août 1962, une bande de visibilité de 80 à 200 m de largeur, dite "champ de tir", est aménagée. Le terrain est miné sur une trentaine de mètres de largeur, délimité par une seconde clôture de barbelés. Un fossé de 1,20 m de profondeur est creusé afin d'empêcher la fuite en véhicule.
Une bande de contrôle d'une largeur de 6 m est nivelée et ratissée (pour détecter les traces de pas) et est éclairée par des projecteurs. Des pistes avec longes pour chiens sont aménagées ainsi que des zones avec fils de butée actionnant des systèmes d'alerte.
Enfin les tours d'observation sont améliorées et l'on en augmente le nombre. Les liaisons téléphoniques sont perfectionnées et étendues jusqu'aux abris et Bunkers d'observation.
En 1966, les clôtures de barbelés sont remplacées par des grillages métalliques de 3,20 m de hauteur dont certaines parties sont électrifiées. Des barrières et grillages sont équipés de dispositifs à signaux électriques et acoustiques. Un mur de fondation de 1,20 m de profondeur empêche de creuser sous le grillage.
Le chemin de patrouille longeant la ceinture de barrage et reliant les tours d'observation est rendu carrossable (bétonné) afin de rendre les interventions éventuelles de la GRENZPOLIZEI plus rapides et les relèves du personnel de garde plus aisées.
Le fossé barrant le passage aux véhicules est agrandi et garni de plaques de béton afin d'en protéger l'efficacité.
Les miradors sont remplacés par des tours d'observation en béton, plus spacieuses et plus hautes (rondes ou carrées). Elles sont dotées de liaisons téléphoniques et radio perfectionnées.
Des tours de "commandement" (4 x 4 m) sont équipées d'un système électronique sophistiqué indiquant et donnant simultanément l'alarme au secteur et au poste de guet ou de tir de l'endroit où le franchissement est détecté.
En plus d'un éclairage permanent de la bande de contrôle des 6 m par des lampadaires, les tours d'observation sont équipées de phares orientables très puissants.
Enfin, à environ 500 m de ce "barrage" (côté zone interdite des 5 Km), on a érigé une clôture supplémentaire appelée "grillage de bande de protection" dont la hauteur est comprise entre 1,60 et 1,80 m.
Les secteurs se prêtant particulièrement aux fuites ont été dotés d'installations dissimulées à signaux optiques et acoustiques déclenchant des fusées éclairantes. Ailleurs, ce sont des chiens dressés qui aboient à l'approche de toute personne.
Les villages à proximité de la bande des 500 m sont entourés de murs écran pare-vue en béton de 3 m de hauteur.
En 1970, alors que la réalisation des installations précitées s'achèvent, le dispositif est complété par le placement de "tromblons" disposés au niveau des grillages afin d'en interdire l'approche (4).

(4) Ces tromblons lancent, dans une direction voulue et sous un certain angle, une centaine de billes d'acier sur l'homme qui en déclenche le système de mise à feu infrarouge.

De plus, des "SHRAPNELS-MINES" de type SM 70 sont posées dans l'intervalle fossé - grillage métallique (5).

(5) En n'explosant qu'après avoir été projetées à une certaine hauteur du sol (± 3 m), ces mines arrosent avec quelque 120 éclats métalliques à arrêtes vives, d'une portée mortelle de 25 m (mise à feu par fil de butée).

Figure 5. les clôtures sont remplacées par des grillages métalliques (1966)
Figure 6. Aspect transversal des installations
LES POINTS DE PASSAGE
Dès 1948, l'application des mesures de contrôle pour le passage des barrages de la ligne de démarcation et la mise en circulation de trains spéciaux INTER-ZONE pour les personnes et les marchandises allant vers la zone "ouverte", ou venant de celle-ci, limite le franchissement officiel de la frontière à 15 points (GRENZÜBERGÄNGE), sous un contrôle qui, au fil des ans, deviendra d'une sévérité inouïe, tant pour les citoyens de la RDA que pour les "étrangers", sévérité où l'inanité des chicaneries de mauvaise foi portée au paroxysme n'aura d'égale que la stérilité des ergotages administratifs.
Ces 15 points sont répartis en: 4 points de passage par la route de personnes et de marchandises, 7 points de passage par chemin de fer (trains spéciaux INTER-ZONE) pour personnes et pour marchandises et 3 points de passage par voie fluviale, uniquement pour le transport de marchandises.
Tous ces moyens de transport sont répartis également en possibilités de destinations bien précises, à savoir: soit vers la RDA, soit vers la RDA et BERLIN-OUEST, soit uniquement BERLIN-OUEST (voir tableau à la page suivante).
Inutile de rappeler que des mesures adéquates avaient été prises pour une stricte application des autorisations de circulation.
Figure 7. Schéma des points de passage de la ligne de démarcation
Points de contrôle de passage de la ligne de démarcation
(kontrollstellen - übergänge) dans les "LÄDERN" de la République Fédérale pour la circulation avec la RDA et BERLIN-OUEST
Historique du verrouillage d'une frontière politique
Pour bien comprendre, à défaut s'imaginer, ce que fut le "rideau de fer", il faut retracer l'histoire de son origine, et considérer l'escalade de mesures et de moyens qui l'ont fait ce qu'il était durant la "guerre froide": une "barrière infranchissable qui tue".
Comment cette ligne de séparation s'est-elle érigée à travers l'Allemagne ?
En octobre 1943, la Conférence des Ministres des Affaires étrangères de Moscou avait mis en oeuvre un "Conseil Consultatif Européen" (aussi dénommé "Conseil Consultatif Allié") qui, en 1944, délibéra sur la question du partage des zones d'occupation de l'Allemagne. Par son procès-verbal du 12 septembre 1944, celui-ci statue que la ligne de démarcation entre la zone ouest et la zone soviétique fera désormais l'objet d'une gestion frontalière "interne" de l'Allemagne, à savoir les frontières ouest du MECKLEMBURG, SACHSEN-ANHALT, THÜRINGEN et la frontière nord du BAYERN.
Conformément à ce procès-verbal, décision fut prise lors de la conférence de POTSDAM, qui eut lieu du 17 juillet au 2 août 1945.
De plus, ces dispositions de contrôle en Allemagne, prévues par le procès-verbal du 12 septembre 1944, furent complétées par les accords de LONDRES du 14 novembre 1944. Enfin, le 1er mai 1945, la FRANCE donna son accord (supplémentaire) à ces dispositions.
Le 2 mai 1945, les troupes soviétiques occupent BERLIN!
Six jours plus tard (le 8 mai 1945), lorsque l'armée allemande capitule, les USA retirent leurs troupes ayant poussé leur avance jusqu'à TORGAU et DRESDEN. Dès lors, jusqu'au 30 juin 1945, la ligne de démarcation entre les troupes américaines et les troupes soviétiques sera délimitée à partir de la ville de DESSAU, vers le sud, par la "MULDE" et vers le nord par l"'ELBE" jusqu'à WITTENBERGE et une ligne vers le nord-est de WITTENBERGE, passant par LUDWIGSLUST, SCHWERIN jusqu'à WISMAR.
Le 5 juin 1945, au QG du Commandement Suprême des Troupes en Allemagne du maréchal G. K. JUKOV, les représentants des gouvernements de l'Angleterre, des USA, de la France et de l'U.R.S.S. (le maréchal MONTGOMERY, le général EISENHOWER, le général de LATTRE de TASSIGNY, le maréchal JUKOV) signent une "résolution" concernant la "procédure de contrôle en Allemagne".
Par la suite, en Allemagne, le pouvoir supérieur du Commandement en Chef de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de l'Union Soviétique et de France sera exercé suivant les instances de leur propre gouvernement, chacun pour leur zone d'occupation et en commun dans toute l'Allemagne en tant qu'autorité territoriale compétente et souveraine dans ses décisions.
Les quatre Commandements en Chef forment ensemble le "Conseil de Contrôle". Ce Conseil de Contrôle, dont les décisions doivent être prises à l'unanimité, a la responsabilité de l'homogénéité convenable des procédures appliquées par les Commandements en Chef de chacune des zones d'occupation et veille à une entente réciproque dans les décisions concernant les questions essentielles relatives à l'Allemagne en général.
La gestion du territoire du "GROSS-BERLIN" sera conduite par une autorité interalliée qui travaillera sous la direction du Conseil de Contrôle, se composant des quatre Commandants, dont chacun, à tour de rôle, prend la fonction de Commandant en Chef.
Simultanément, du côté des gouvernements du Royaume-Uni, des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union des Républiques Soviétiques, de même que du Gouvernement provisoire de la République Française, sont publiées les résolutions concernant les zones d'occupation en Allemagne :
1. L'Allemagne, dans l'espace de ses frontières comme elles se trouvaient au 31 décembre 1937, sera, pour des raisons d'occupation, partagée en 4 zones. Les troupes d'occupation de chaque zone sont sous le commandement du Commandant en Chef déterminé, de la puissance responsable.
2. Le territoire du "GROSS-BERLIN" sera occupé par des troupes de chacune des quatre puissances. Dans le but d'assurer une direction commune de la gestion de ce territoire, une autorité interalliée sera mise en oeuvre, laquelle sera composée des quatre Commandants en Chef correspondants.
Le 16 juin 1945, le Président TRUMAN et le Premier Ministre CHURCHILL proposent au Maréchal STALINE de retirer les troupes américaines et britanniques occupant les zones à l'est de la future ligne de démarcation (6) et d'envoyer simultanément des troupes occuper BERLIN en commun.

(6) Procès-verbal du "Conseil Consultatif Allié" du 12 septembre 1944.

Le 1er juillet 1945, comme convenu, les troupes soviétiques s'installent dans les territoires WEST-MECKLEMBURG, THÜRINGEN, SACHSEN-ANHALT ET SACHSEN, jusqu'alors occupés par les Anglais et les Américains. Quelques jours après, les premières troupes américaines et anglaises prennent garnison à BERLIN.
Le 30 juin 1946, soit un an plus tard, le barrage de la ligne de démarcation entre la zone d'occupation soviétique et la zone "OUEST" de l'Allemagne entre en vigueur. Ce décret fut promulgué par le Conseil de Contrôle à la demande de l'Administration militaire soviétique: depuis octobre 1945, 1,6 millions d'Allemands de la zone d'occupation soviétique avaient émigré vers la seule zone d'occupation anglaise!
Le 29 octobre 1946, la directive "43" du Conseil de Contrôle facilite (autorise) la circulation officielle inter-zones presque interdite jusqu'alors. Cette directive introduit le "passeport inter-zones" (INTERZONEPASS) et autorise le passage pour des raisons commerciales et familiales URGENTES.
Le 11 février 1948, afin d'empêcher le passage illégal de la frontière de la zone d'occupation, des barrages sont érigés sur les routes du territoire de la zone d'occupation soviétique. La surveillance de la ligne de démarcation par les troupes soviétiques est renforcé.
Le 26 mars 1948, se conformant à la pression de l'administration militaire soviétique, le Parlement de MECKLEMBURG, SACHSEN-ANHALT et THÜRINGEN décide le Gouvernement à promouvoir le renforcement de la protection de la zone frontalière.
Quelques jours plus tard, le 30 mars 1948, l'administration militaire soviétique informe que le contrôle et la réglementation du trafic des marchandises entre BERLIN et la zone "Ouest" seront plus sévères. La raison invoquée est que le ravitaillement de la zone d'occupation soviétique est "mis en danger" parce que beaucoup d'Allemands fuient la famine régnant dans la zone "Ouest" de l'Allemagne (RFA), cet exode étant de nature à introduire des trafiquants et agents politiques pouvant créer le désordre et l'insécurité en zone d'occupation soviétique.
Le 1er avril 1948, l'administration militaire soviétique (Sowjetische Militäre Administration = SMAD) publie des dispositions complémentaires relatives au passage du barrage de la ligne de démarcation. Entre autres, la fouille des bagages personnels, à l'exception des objets privés de l'organe du gouvernement militaire. De ce fait, l'introduction de nouveaux documents d'identité est exigée. Les routes et entrées portuaires sont également concernées.
Le 18 juin 1948, l'administration militaire soviétique ordonne:
1. La mise en circulation de trains spéciaux inter-zones, pour le passage des personnes allant vers la zone "Ouest" ou venant de celle-ci (future RFA).
2. Le blocage (ou interdiction) de la circulation des véhicules et piétons, venant de ou allant vers la zone "Ouest".
3. Les bateaux et embarcations nécessitent une autorisation spéciale et sont méticuleusement contrôlés.
Ces interdictions sont soi-disant appliquées pour le bien de la population et la protection du commerce de la zone d'occupation soviétique.
Dans la nuit du 24 juin 1948, pour des raisons de "difficultés techniques" l'activité de la ligne de chemin de fer BERLIN - HELMSTEDT - HANNOVER est arrêtée. C'est le début du BLOCUS DE BERLIN!
Le 3 juillet 1948, la SMAD ordonne la mise en place dans des casernes de forces armées d'intervention de la police allemande, dénommée plus tard "Garnison de Police du Peuple" (Kasernierte Volkspolizei ou KVP). Apparemment, ces forces sont prévues pour la protection de la zone frontalière.
Le 13 juillet 1948, la SMAD promulgue un décret par lequel, avant tout voyage de l'Allemagne de l'Ouest vers la zone Est, soviétique, et BERLIN-OUEST, une demande doit être introduite à l'autorité locale de la zone soviétique à visiter, afin d'obtenir un permis de séjour, "Aufenthalsgenehmigung".
Le 12 mai 1949, la circulation par chemin de fer, routes et canaux, entre l'Allemagne de l'Ouest et BERLIN est à nouveau autorisée. De ce fait, après 12 mois, le blocus de BERLIN prend fin.
Le 12 décembre 1949, la BUNDESREPUBLIK (RFA) est fondée.
Un mois plus tard, le 17 octobre 1949, le Conseil Populaire met en place le projet de constitution de la DEUTSCHE DEMOKRATISCHE REPUBLIK (DDR) (République démocratique allemande), qui, en fait, était accepté depuis le 30 mai 1949, et se déclare en tant que "Parlement".
Le 21 avril 1950, la Chambre Populaire de la DDR arrête une loi pour la protection du commerce intérieur ayant pour objet de soumettre toutes importations et exportations d'objets, même personnels, des Berlinois de l'Ouest à l'obtention d'une autorisation spéciale.
Le 20 juillet 1951, le Ministre de l'Intérieur de la DDR interdit la circulation des véhicules de la DDR et de BERLIN-EST dans BERLIN-OUEST. Un "péage" est instauré, dès le 1er septembre 1951, pour l'utilisation de certaines autoroutes de la DDR par les véhicules de la RFA et de BERLIN-OUEST.
Le 26 mai 1952, le Conseil Ministériel de la DDR arrête un décret relatif aux mesures qui seront d'application à la ligne de démarcation entre la DDR et la RFA.
Par la suite, celles-ci seront modifiées par le décret relatif à la "Protection de la frontière de l'Etat de la DDR" du 19 mars 1964. Le Ministère de la Sécurité d'Etat aura pour mission de mettre tout en oeuvre pour assurer le "verrouillage" complet de la ligne de démarcation (établissement de la bande de surveillance de 10 m et des zones interdites contiguës des 500 m et 5 Km.)
Les 16 et 17 juin 1953, la DDR connaît sa première insurrection.
Le 14 novembre 1953, à la requête du gouvernement de la RFA, le Haut Commissaire de la Puissance de l'Ouest abolit le "passeport inter-zones" à la date du 16 novembre 1953. Il en informe le Haut Commissaire de l'Union Soviétique, en mentionnant que la RFA renonce à l'avenir aux permis de séjour établis jusqu'alors par les postes de police de la RFA pour les visiteurs venant de la DDR en RFA.
Le 21 novembre 1953, le Ministère de l'Intérieur de la DDR ordonne de nouvelles règles pour la circulation inter-zones. En lieu et place du passeport inter-zones en vigueur jusqu'alors, il "suffira", dès le 25 novembre 1953, pour un visiteur habitant la RFA, de présenter sa carte d'identité, accompagnée d'un "permis de séjour" délivré par l'autorité locale de la Police du Peuple. Les habitants de l'Allemagne Centrale (DDR), ayant l'intention de voyager en RFA, doivent, avant le début de leur voyage, déposer leur carte d'identité auprès de la Police du Peuple, en échange d'une "attestation d'identité".
Le 20 septembre 1953, la DDR obtient sa souveraineté par un contrat d'Etat avec l'Union Soviétique, avec cependant la restriction que les Soviétiques conservent le contrôle de la circulation du personnel, des troupes et marchandises des garnisons française, anglaise et des USA stationnées à BERLIN-OUEST.
Le 10 décembre 1955, la DDR déclare la zone frontalière (entre les deux zones d'occupation) "Frontière d'Etat" et reprend la surveillance de la frontière aux troupes soviétiques.
Le $ février 1956, en exécution d'une loi relative à la circulation des devises, les habitants de la RFA sont déclarés "étrangers".
Le 24 avril 1958, le Gouvernement ordonne que toutes les embarcations fluviales non enregistrées en DDR devront acquitter une "TAXE" pour l'utilisation des entrées des voies fluviales de la zone.
Le 13 août 1961, un "MUR" est érigé en travers de la ville de BERLIN! L'accès de la partie libre de la ville est interdit aux habitants de BERLIN-EST et de la DDR. Quelque 60.000 personnes perdent leur emploi à BERLIN-OUEST. Les habitants de BERLIN-OUEST ne sont plus autorisés à pénétrer dans BERLIN-EST (exception faite par des autorisations spéciales).
Le 14 septembre 1961, l'ordre du Ministère de l'Intérieur de la DDR n° 39/61 contient des directives pour la garantie de la sécurité dans le territoire de l'Etat à la frontière ouest de la DDR. Elles concernent les caractéristiques de marquage du territoire de l'Etat, de la bande des 10 m, des dispositions relatives à la "zone interdite", ainsi que d'autres mesures complémentaires de sécurité et des dispositions concernant le "visa d'entrée" dans la "zone interdite".
Le 15 septembre 1961, une force de 50.000 hommes de la Police frontalière allemande de la DDR est incorporée à l'Armée nationale du Peuple (VOLKSARMEE) en tant que "Force d'intervention frontalière" (KOMMANDO GRENZE). Les soldats frontaliers communistes ont l'ordre d'empêcher le franchissement de la ligne de démarcation, si nécessaire par des tirs précis.
Le 19 mars 1964, le décret du Conseil Ministériel de la DDR du 26 mai 1952 est annulé, ou plus exactement "remplacé" par un nouveau décret pour la protection de la frontière de l'Etat de la DDR du 19 mars 1964 (Page du registre des lois de la DDR du 21 avril 1964).
Le 21 août 1964, abrogation d'un arrêté du Conseil d'Etat de la DDR duquel, entre autres, il est établi qu'un citoyen de la DDR habitant hors de la DDR a le droit, en tout temps, de revenir en DDR. Il perd ce droit lorsque sa nationalité lui a été refusée ou contestée par suite d'une faute grave commise à l'encontre des devoirs civiques. Les citoyens de la DDR qui, avant le 13 août 1961, se sont rendus coupables d'un séjour en dehors de la DDR, à l'encontre des dispositions des lois en la matière, doivent être sanctionnés d'emprisonnement. De par ce décret, certaines clauses fondamentales des lois relatives aux passeports, de décembre 1957, sont abrogées; cela concerne également les autorisations prévues pour la circulation inter-allemande, l'entrée ou la sortie de la DDR. De ce fait une infraction sera punie par un emprisonnement jusqu'à 3 ans.
En décembre 1964, l'Autorité de la DDR impose aux habitants de la RFA et de BERLIN-OUEST, en visite à BERLIN-EST, le change d'un montant minimum de 5 DM par journée de séjour. Cette mesure sera par la suite étendue aux visites dans toute la DDR.
Le 13 juin 1965, la DDR augmente le tarif de circulation des trains de marchandises et propose dans le courant du mois la mise en application d'une autorisation spéciale pour l'entrée des voies navigables, de et vers BERLIN.
En septembre 1966, la Chambre Populaire de la DOR publie une loi pour la protection des citoyens de la DDR. La loi menace d'une peine élevée d'emprisonnement toute personne qui applique la loi pénale de la RFA aux citoyens de la DDR, et leur assure la "réparation" des dommages encourus.
Le 20 février 1968, le Ministère de l'Intérieur de la DDR interdit les voyages d'entrée et de transit aux membres du N.A.D. (Parti National Allemand).
Le 13 avril 1968, le Ministère de l'Intérieur de la DDR interdit jusqu'à nouvel ordre les voyages vers et via BERLIN aux ministres et aux fonctionnaires du Gouvernement de la RFA.
Le 11 juin 1968, imposition du passeport et du visa pour la circulation inter-zones et taxation de la circulation des marchandises pour BERLIN-OUEST, augmentation du péage de l'autoroute, etc. Les personnes en âge de retraite (60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes) peuvent, à leur demande, obtenir une autorisation de séjour en RFA pour une durée d'un mois (visite à la famille), une fois par an. Octroyée à l'origine uniquement à l'un des conjoints, cette mesure sera, dès 1972, étendue aux deux conjoints pour une même période.
Fin des années 1970, afin d'éliminer autant que possible la déprimante provocation de la vue des barbelés et autres réalités contrariantes des installations du rideau de fer et lui donner une optique plus reposante, le tracé du barrage sera rectifié en certains endroits et camouflé selon les possibilités du terrain, sans cependant pour cela nuire à son efficacité, qui sera maintenue jusqu'au 9 novembre 1989.
Figure 8. Organisation des obstacles a la frontière de la RDA dès 1970
Explication des numéros du plan:
1. Tracé frontalier avec bornes-frontières.
2. Panneau ou poteau-frontière immédiatement avant le tracé frontalier.
3. Poteau-frontière de la RDA (noir, rouge, jaune, portant l'emblème de la RDA, d'une hauteur de 1,80 m environ).
4. Bande de contrôle (déboisée et aplanie) d'une largeur pouvant aller jusqu'à 100 m.
5. Double clôture de grillage métallique (environ 2,40 m de part et d'autre d'un champ de mines
6. Passage dans la clôture de grillage métallique.
7. Simple clôture de grillage métallique (environ 3,20 m).
8. Fossé barrant le passage aux véhicules (garni de plaques de béton?)
9. Bande de contrôle de 6 m, destinée à détecter toute trace de pas).
10. Chemin carrossable.
11. Mirador en béton.
12. Mirador en béton (carré).
12a. Mirador de commandement en béton (4 x 4 m).
13. Abri d'observation en béton.
14. Lampadaires.
15. Poteau de raccordement au réseau téléphonique enterré.
16. Guide-laisse de chiens policiers.
17. Barrière avec dispositifs de signaux électriques et acoustiques. En partie double clôture de grillage métallique avec des chiens.
18. Mur en béton/écran pare-vue (environ 3,30 m).
19. Passage dans la barrière.
20. Point de contrôle.
LES TROUPES FRONTALIERES DE L'ARMEE NATIONALE DU PEUPLE
Afin d'enrayer la fuite massive de la population de la DDR, la Chambre Populaire décrète une loi applicable aux "évasions de la république (délit passible d'une peine d'emprisonnement allant jusqu'à 3 ans).
Cette loi, et le fait que divers obstacles et engins du système de barrage installé sur la ligne de démarcation sont placés de telle sorte que leur efficacité est exclusivement dirigée de l'Est vers l'Ouest, attestent la mission principale de la troupe frontalière de la DDR, à savoir l'isolation et la surveillance des concitoyens.
Cela ne signifie pas seulement le maintien d'une partie du peuple allemand au moyen du pouvoir militaire mais de plus une contradiction à l'article 13 de la Charte de l'ONU: "Toute personne a le droit de quitter tous pays, y compris le sien".
Les troupes frontalières de la DDR ont été instituées en tant que "police frontalière" de l'administration militaire soviétique, le 1er janvier 1946. En 1951, c'est-à-dire alors que la RFA décrétait la mise en place d'une protection frontalière "BUNDESGRENZSCHUTZ", la police frontalière en garnison sous le commandement du pouvoir de BERLIN-EST comptait déjà plus de 18.000 hommes, très bien équipés (avec chars).
A la date du 1er février 1955, la police frontalière prit en charge, à elle seule, la surveillance de la ligne de démarcation.
En septembre 1961, sa force, portée à 40.000 hommes, est incorporée dans l'Armée de Défense Nationale (NAZIONALE VERTEIDIGUNG ARMEE = N.V.A) en qualité de troupe frontalière, sous l'autorité du Ministère de la Défense Nationale sur décision du Comité Central (S.K.) de la S.E.D. (Socialistich Einheits Partei) ou Parti Socialiste de l'Unité Nationale, du 5 novembre 1963, l'instruction politique de la N.V.A. est établie, sans compromis, sur la ligne des principes de la S.E.D.
Les soldats de la N.V.A. sont sévèrement punis lorsqu'ils tirent sur un fuyard sans l'avoir réellement visé.
Par contre, les tirs sur les fuyards couronnés de succès sont récompensés: promotions, décorations et cadeaux.
A l'arrestation d'un fugitif, le soldat reçoit une prime de 150 DM-EST, pour les arrestations suivantes, une décoration à laquelle une "rente à vie" est attachée.
Néanmoins, de janvier 1953 à janvier 1971, 20.000 soldats N.V.A. de tous grades se sont enfuis en RFA.
Par ordre du Conseil Ministériel du 5 juin 1958, dans les zones interdites de 5 Km, avec l'appui des troupes frontalières, des soi-disant "aides-troupes frontalières" sont mis en service. Ces derniers sont pour la plupart des membres ou partisans du S.E.D. Ils reçoivent l'instruction de l'arme d'infanterie et leur mission principale consiste en la surveillance de l'arrière-pays de la ligne de démarcation.
En 1980, le détachement frontalier comptait quelque 60.000 hommes. Six brigades étaient engagées sur la frontière de la RFA.
LE SERVICE DE SECURITE DE LA FRONTIERE DE LA RFA
L'on peut s'imaginer que, considérée du côté de l'Allemagne de l'Ouest (RFA), cette "ligne de démarcation" devint une zone frontalière extrêmement dangereuse pour tout qui, volontairement, par mégarde ou par ignorance, s'aviserait de la franchir. En effet, par endroit, avec le temps, certains marquages de la bande de contrôle des 10 m (bande de la mort) s'étaient détériorés ou n'étaient plus bien matérialisés sur le terrain et ceux qui la franchissaient, l'escaladaient ou tout simplement "l'effleuraient" se trouvaient en danger de mort.
De fait, les soldats de l'Armée du Peuple (DDR) avaient l'ordre de tirer sans sommation sur tout individu violant le marquage de la frontière.
Aussi, du côté de la RFA, des dispositions et mesures furent prises afin d'éviter tout incident, pouvant être provoqué par l'insouciance ou la curiosité de certains visiteurs.
Dès 1949, le service frontalier de la RFA a repris la charge de la garde de la ligne de démarcation qui, jusque là, avait été assurée par les troupes anglaises et US, contrôle qui, en fait, n'avait eu pour but que d'empêcher la circulation de marchandises interdites, au travers la ligne de démarcation (produits manufacturés et objets d'usage courant acheminés clandestinement en RDA).
Cette circulation frauduleuse fut fortement réduite dès 1952, lorsque la "bande des 10 m" (TODESTREIFEN) fut mise en vigueur. Dès le 13 août 1961, le "RIDEAU DE FER" étant miné, les passages clandestins seront pratiquement impossibles.
La protection de la frontière fut assurée par une police spéciale du "BUNDES" qui, sous la juridiction du Ministère de l'Intérieur, opérait un contrôle "discret" jusqu'à 30 Km en deçà de la ligne de démarcation.
Créée en 1951, suite aux nombreuses usurpations frontalières de la part de la RDA, cette "BUNDESGRENZSCHUTZ" atteindra une force de 20.000 hommes.
En dehors de leur mission d'observation, de renseignement et de surveillance des activités frontalières de la ligne de démarcation, dans de nombreux cas, cette police frontalière a fourni la protection et l'aide nécessaire aux fugitifs, épuisés, parfois blessés, ayant réussi à franchir le "rideau de fer".
LE RIDEAU DE FER EN CHIFFRES
La ligne de démarcation, ou frontière de la zone d'occupation, tout en traversant le coeur de l'Allemagne sur une longueur de 1.381 Km, déchirait les relations économiques, culturelles et humaines existant depuis des siècles, isolant 17 millions d'Allemands du monde libre.
Elle interrompait:
- 32 lignes de chemin de fer,
- 3 autoroutes, 31 routes nationales,
- 140 routes départementales et des milliers de routes et chemins communaux.
Jusqu'au printemps 1969, elle fut fortifiée par:
- 79 Km de grilles métalliques de 3 m de hauteur, - 1.182 km de fils barbelés,
- 778 Km de champs de mines,
- 490 Km de clôtures de barrage,
- 259 Km de parcours de chiens.
Fin de l'année 1976, pratiquement achevé, le "rideau de fer" comprenait:
- 1.083 Km de grillages métalliques de 3,20 m de hauteur,
- 1.119 Km de barbelés simples,
- 316 Km de barbelés doubles,
- 810 Km de champs de mines,
- 268 Km d'installations de tir automatique au grillage métallique (tromblons)
- 788 Km de bandes protectrices (avec dispositif d'alerte électrique),
- 369 Km de pistes pour les chiens (réparties en 224 pistes),
- 1.075 chiens spécialement dressés,
- 736 Km de tranchées,
- 212 Km de barrières lumineuses,
- 939 abris souterrains,
- 1.660 abris d'observation fortifiés en béton (Bunker),
- 547 tours d'observation en béton,
- 838 tourelles de garde (miradors).
A BERLIN
- la ceinture isolant la moitié de la ville (BERLIN-OUEST) couvrait 160 Km dont 37 Km traversaient la ville en son milieu;
- le "mur" en plaques de béton avait 120 Km de long, le reste était constitué de clôtures métalliques, le plus souvent électrifiées, de barbelés et de ruines d'anciennes maisons;
- derrière, dans une bande de terrain soigneusement dénudée, se trouvaient une seconde rangée de clôtures électrifiées munies d'appareils de tir automatique, de charges explosives et de mines, des chemins de patrouilles, des parcours pour chiens policiers dressés, des chevaux de frises, des lignes téléphoniques;
- le tout était couronné de 285 tours d'observations, 69 bunkers, 265 installations pour chiens, de béliers et de barrages pour véhicules;
- 193 rues principales et secondaires étaient coupées,
- et 13 gares de métro mises hors service.
En outre, près de 10.000 Berlinois de l'Ouest furent froidement expropriés de leurs maisons et jardinets se trouvant sur le tracé de la ligne frontière du secteur d'occupation ouest de la ville. Jamais, la RDA ne leur accorda l'ombre d'un dédommagement. Les occupants furent tout simplement expulsés manu militari!
Ayant été officiellement érigé comme "rempart de protection anti-fasciste et anti-capitaliste", le rideau de fer avait aussi surtout comme but d'arrêter l'hémorragie de personnes fuyant la RDA.
Jusqu'au début des années 1960, moment où le "rideau de fer" devint quasi infranchissable, chaque année, environ 160.000 personnes s'enfuyaient clandestinement, au prix d'énormes risques. Beaucoup de ces fugitifs désespérés ont été arrêtés, blessés ou tués par coups de fusils ou par explosions de mines. Aussi, après que le verrouillage de la frontière fut achevé, on ne dénombrait plus qu'à peine une dizaine de fuites par an!
Comptant 17 millions d'habitants, pour une surface de 107.771 Km² et comprenant: 15 départements (districts), 26 chefs-lieux d'arrondissements, 191 cantons et 9.021 communes, la République Démocratique Allemande était complètement isolée du monde extérieur par un "mur" qui aura duré près de 40 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Quarante années durant lesquelles, en République Fédérale Allemande, le long de cette "frontière", l'on trouvait, de loin en loin de vastes pancartes où l'on pouvait lire:
"Vous qui visitez la ligne de démarcation, "Sachez bien
"Qu'au-delà, il n'y a pas que des ennemis! "Là-bas, c'est aussi l'Allemagne!
"Là-bas, vivent des Allemands comme nous!"
Pourriez-vous imaginer une frontière pareille dans votre Pays ?
Documentation consultée
- Informations publiées par les Ministères de HESSE et de BASSE-SAXE, des Affaires Fédérales pour Réfugiés et Fugitifs (Ministère de l'Intérieur).
- Service de consultations et d'informations des administrations des arrondissements de DUDERSTADT et d'OSTERODE.
- Documentation Revues de l'OTAN (1989 - 1993).
- Photos de l'auteur prises à l'ex-frontière de la RDA (HESSISCHE-THÜRINGISCHE GRENZE) ainsi qu'au "GRENZMUSEUM" près de SOODEN-ALLENDORF (actuellement le seul musée du rideau de fer de l'ex-RDA).
Poteau-frontière de la RDA (noir-rouge-jaune) de 1,80 m portant l'emblème "DEUTSCHE DEMOKRATISCHE REPUBLIK". A l'arrière-plan, une tour de "commandement"
Bunker d'observation en béton de 1,20 m x 1,20 m. Deux soldats pouvaient y prendre place. Le rideau de fer en comptait 1.660.
Camion RADAR de la Volksarmee, faisant partie de la "Force d'intervention frontalière"
Leur mission consistait en l'observation (contrôle) des mouvements routiers de la zone frontalière de la RFA (par exemple, concentration de véhicules).
Panneau-frontière d'avertissement se trouvant côté RFA, à l'approche de la ligne de démarcation
Phares à grande puissance utilisés pour l'éclairage de la clôture de la bande de protection
Certains étaient connectés au système de détection infrarouge
Véhicule utilisé par le personnel frontalier (TRABANT tout-terrain)
Voiture TRABANT de la police frontalière (Kasernierte Vokspolizei)
A ± 100 m à droite de la clôture la plus proche se trouve la ligne de démarcation (RFA)
De cette clôture à la ligne de poteaux téléphoniques se trouvait la zone minée. Au loin, une tour d'observation. A l'arrière-plan, le "LINDENBERG" au pied duquel se dresse le grillage de la bande de sécurité (avec dispositif de signaux électriques et acoustiques).
Autre aspect : une bande de visibilité de 80 à 100 m, dénuée de toute végétation, dite "champ de tir"
Serpentant par monts et par vaux, un espace déboisé et charrué, encadré de clôtures
"S'y aventurer = y mourir".
A gauche, le chemin des patrouilles, reliant les tours d'observation (rendu carrossable dès 1966).
Dans la "bande des 500 m", au fond d'une vallée, ASBACH, petit village du THÜRINGEN (moins de 100 habitants), restera complètement isolé, interdit pendant près de 40 ans
Tour d'observation au pied d'un cimetière se trouvant dans la "bande de contrôle", accès interdit depuis 1952 jusqu'au 9 novembre 1989: "s'y rendre, c'était y rester".
Tour de commandement sur le HEUERKOPF, près de SOODEN-ALLENDORF (THÜRINGEN), actuellement "GRENZ-MUSEUM"
Le 29/3/82, â ± 50 m de cette tour, H. J. GROSSE, (40 ans), fut abattu de 9 balles dans le dos, alors qu'il tentait de franchir le rideau de fer. Un "DENKSTEIN" (monument) a été érigé près du lieu où son corps fut retrouvé par une patrouille de la BUNDESGRENZSCHUTZES (RFA).
Détail de l'électrification d'une barrière
Clôture du rideau de fer électrifiée
On remarquera les plaques bétonnées s'enfonçant de 1,20 m dans le sol, la bande de terre ratissée (traces de pas)
La ligne de démarcation n'existe plus. On démonte le rideau de fer (point de passage WORBIS-DUDERSTADT).
Tour d'observation circulaire au pont de LINDEWERRA (sauté depuis 1945), la rivière WERRA étant la ligne de démarcation
Photo prise du pont de la photo montrant la rivière WERRA, ligne de démarcation, et la clôture qui lui est parallèle
Deux villes voisines d'un même pays, séparées depuis 40 ans, se rencontrent à nouveau
Le rideau de fer passe aveuglément à travers tout (WITZENHAUSEN)
La route vient de s'ouvrir depuis 1945; une voiture passe librement de la DDR en RFA (WITZENHAUSEN). On reconnaît le château de la photo précédente.
Parfaite collaboration des deux polices
Les photos 1 à 13 et 18 sont de J. THONUS.
Photos 14, 15, 17 et 20 de W. SCHULTZ (Gerbershausen).
Photos 16, 19 et 22, de ECKHARD-JUGER (Heiligenstadt).
Photo 21 de H.-G. LIESE (Hundelshausen).
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P. de WEZ - Si Namur vous était contée - La Porte "en TRIEUX" ou "de BRUXELLES", à Namur

1. Au 14e siècle, il paru nécessaire d'entreprendre la construction d'une nouvelle enceinte que nos ancêtres appelleront "la nouvelle fermeté ou fermeture". En effet, la population de la ville continuait à croître grâce aux industries naissantes: brasseries, tanneries, batteries de cuivre, tissages. De plus, pour mettre la population à l'abri des projectiles lancés par les engins de siège, il convenait d'éloigner ceux-ci le plus possible des quartiers habités. Enfin, les nouveaux terrains englobés dans l'enceinte assuraient en cas de siège une réserve de pâturages pour le bétail.
Mais on n'avait pas prévu les progrès possibles de l'artillerie, le danger qu'elle ferait un jour peser sur la ville depuis les collines environnantes.
2. Cette nouvelle enceinte était deux fois plus longue que l'ancienne. Multipliant par trois l'espace enserré de murs, elle allait de la tour Saint-Roch sur la Meuse (plus ou moins au pont du Luxembourg) à la tour Saint-Jean sur la Sambre (plus ou moins à l'extrémité sud du Rempart de la Vierge) et comprenait douze tours et trois portes: porte de Saint-Nicolas, porte Samson ou de Fer, porte en Trieux ou de Bruxelles.
3. La construction de cette enceinte débuta vers 1357 et se termina au 16e s.
Elle se déroula en quatre phases:
1ère phase: au 14e s., on construisit les portes;
2ème phase: fin du 14e s.-1ère moitié du 15e s., on creusa les fossés et on construisit les murs;
3ème phase: au 15e s., on construisit les tours;
4ème phase: fin du 15e s. - début du 16e s., on construisit les murs de retour le long de la Sambre jusqu'à la porte des Joghiers et le long de la Meuse jusqu'à la porte Billewart. Les deux dernières portes étaient des "portes de rivage".
La construction prit un long temps pour les raisons suivantes:
- le coût en fut élevé et la ville n'était pas riche;
- aussi longtemps que la nouvelle enceinte n'est pas terminée, il faut continuer à entretenir la vieille, notamment la tour Saint-Jacques, qui était la "cloche-porte", (c'est-à-dire que c'était sa cloche qui ordonnait la fermeture des autres portes) dut être refaite en 1388. Le coût de cette reconstruction engloutit les revenus de la ville, pour un an;
- en 1409, la Sambre déborda, les eaux remontèrent dans les fossés de la "vieille fermeté", minèrent la porte Sainial qui s'écroula dans le fossé, entraînant dans sa chute les canons et les herses et obstruant la circulation au point qu'il fallut ouvrir une brèche dans la courtine pour permettre le passage des habitants. Calamité qui fit mal à la bourse des Namurois !
4. Cette nouvelle enceinte couvrait: la "Neuve-Ville" (quartier de Saint-Nicolas), qui garda son identité administrative et judiciaire, le quartier des Tanneurs et le couvent des Franciscains, le quartier de la draperie, le couvent des Croisiers, l'hôpital Saint-Jacques, les premiers béguinages (il y en eut sept à Namur) et une grande superficie de terrains et de jardins.
5. La porte à laquelle nous nous intéressons aujourd'hui fut construite la première des trois, à l'extrémité d'une rue appelée "en Trieux" parce qu'elle traversait les abords non bâtis et broussailleux de l'agglomération médiévale, puis " de Bruxelles" à partir de la fin du 17e s.
Cette rue comprenait de nombreuses auberges: "Les trois boulettes", "Le petit Fleurus", "Le grand Fleurus", "La Table d'Or", "Le Chaudron d'Or", "La Clé d'Or", "Le Saint-Victor".
Du 16e au 18e s., s'y tint, entre le couvent des Croisiers et celui des Bénédictines, le "marché des bêtes". Cette rue fut pavée la première afin de permettre le trot des chevaux et la détection de leurs tares éventuelles. La porte adopta les noms successifs de la rue.
Cette porte était un vaste édifice rectangulaire faisant "un développement de 23 m; percé d'un large passage en plein cintre, muni d'une grande herse et d'un pont-levis, flanqué vers les campagnes de deux "mailles" (tours hémisphériques) pourvues de "lices", (palissade formée de forts madriers élevés en avant pour en défendre les approches).
Elle servait à la défense mais aussi d'arsenal (on y remisait les balistes, les bombardes, les projectiles), de magasin à vivres (en prévision d'un siège, on y stockait de l'épeautre, des viandes, des pois, des fromages, du lard, du beurre, des oeufs, des chandelles, du bois de chauffage).
6. Les fossés étaient alimentés en eau, non par la Sambre ou par la Meuse, mais par le Houyoul en deux points différents.
Pour la partie comprise entre la porte Samson et la Sambre, il y avait un aqueduc appelé le "grand courot" qui partait du "Moulin des Malades", à Saint-Servais, se dirigeait parallèlement au ruisseau (le Houyoul) jusqu'au "chêne d'Hastimoulin", traversait la campagne de Froidebise (emplacement de la prison) et aboutissait au rempart derrière le couvent des Croisiers. Il semble avoir été abandonné à la fin du 17e s. car à ce moment les fossés entre la porte Samson et la Sambre sont sans eau.
Les fossés étaient coupés par une suite de digues-écluses appelées "dodaines" ou "stances" car le terrain n'était pas plat. Au milieu de la stance, était pratiqué un "arveau" de neuf pieds d'ouverture dans lequel un venteau s'élevait ou s'abaissait au moyen d'une vis. Un employé de la ville renouvelait l'eau des fossés chaque semaine. La majorité des dodaines disparurent au 17e s., lors de l'établissement de l'enceinte bastionnée.
7. Hélas, la porte de Bruxelles est à peine terminée qu'elle est déjà dépassée par les progrès qu'a fait l'artillerie. Il faut chercher la parade. On va tâtonner longtemps. Ce sont des ingénieurs italiens qui trouveront la solution: le bastion. Mais nous n'en sommes pas encore là. Voyons cela dans l'ordre.
8. Avant l'apparition du canon, on utilisait un ensemble de machines mécaniques qui lançaient à plus où moins 375 mètres des pierres, des flèches, des feux grégeois, des serpents, et qui fonctionnaient par la libération brutale d'une force accumulée par la contrainte exercée sur un ressort ou par le déplacement vertical d'un lourd contrepoids.
Ces machines ne pouvaient créer des brèches. Il fallait recourir à la mine. Elles ne seront pas immédiatement remplacées. Pendant longtemps, il y aura un emploi combiné de ces deux types d'artillerie. Car, au début, le canon aura une efficacité relative :
- les tubes explosent souvent; on ne maîtrise pas bien la technique de la fonte et du moulage en masse du fer;
- les canons sont d'un poids élevé, la manipulation est lente et difficile, requiert beaucoup de personnel et d'attelage. L'artillerie n'est pas "militarisée", mais bien "privatisée". Les artilleurs constituent un corps de métier au même titre que les maçons. Des entrepreneurs louent leurs services pour une durée déterminée, à un prix fixé, pour des tâches déterminées;
- les tirs sont imprécis. Les pièces tirent des boulets de pierre, taillés sur place aux dimensions propres à chaque tube car il n'y a aucune standardisation des calibres;
- la cadence de tir est lente.
9. Mais l'artillerie va se perfectionner.
Les tubes en fer forgé sont remplacés par des tubes en fer coulé puis en bronze, plus coûteux mais résistant mieux à la corrosion.
Le tube repose par l'intermédiaire de ses tourillons (axe transversal), sur la partie antérieure du châssis, elle-même fixée au centre d'un essieu muni de grandes roues à ses extrémités. La partie postérieure se prolonge vers l'arrière pour prendre appui sur le sol. Les tourillons recueillent la force de recul pour la transmettre à l'affût et permettent un pointage plus aisé dans le plan vertical.
On utilise des boulets métalliques d'un poids spécifique supérieur à celui de la pierre. Les boulets de fonte brisent la pierre des murailles et ne se brisent pas contre les murailles comme les boulets de pierre.
On remplace la poudre pulvérulente par la poudre grenée qui a une composition plus uniforme et une combustion totale, supprime les risques d'explosion et augmente les portées des tirs.
On assiste à des tentatives de standardisation des calibres.
On commence à mieux connaître la balistique, la trajectoire décrite par le projectile.
En conséquence,
- les hautes tours et les hautes murailles ne peuvent plus résister à l'artillerie;
- l'attaque l'emporte sur la défense;
- il faut perfectionner l'art de la défense. Mais les villes tiennent à leurs enceintes qui leur ont coûté tant de peines et n'accepteront que la construction d'ouvrages provisoires. On va ainsi tâtonner pendant deux siècles avant de trouver la bonne parade.
10. Pendant cette période de transition, on adopte une série de dispositifs:
- on diminue la hauteur des murs;
- à l'emplacement des meurtrières, on perce des canonnières (embrasures pour le tir des armes à feu);
- on renforce l'épaisseur des murailles (quelquefois 10 mètres): on aménage dans leur sein des casemates ou galeries de tir;
- on construit des grosses tours très massives appelées "tours à canons". Elles sont munies de vastes plateformes gazonnées et de casemates à embrasures spéciales (canonnières) aménagées dans leurs flancs aux différents étages. Mais il y a des angles morts. Certaines tours sont dotées d'un éperon;
- le flanquement des courtines continue, dans un premier temps, à être assuré par les tours d'origine, rapidement doublées d'ouvrages terrassés en forme de fer à cheval, beaucoup plus bas: les boulevards;
- on construit des boulevards contre la face postérieure du mur. Ce sont de larges talus de terre damée, mêlée de fascines qui couvrent les vieux remparts en absorbant les projectiles ennemis, et qui servent opportunément de plateformes pour l'artillerie de défense;
- les fortifications commencent à s'enterrer. Les superstructures trop vulnérables sont arasées;
- les Italiens ont inventé le "bastion". C'est un saillant de terre revêtu de maçonnerie faisant corps avec le rempart. Il a un profil en "as de pique" et offre peu de prise aux tirs frontaux. Il est garni au sommet d'une terrasse pour recevoir de l'artillerie et de la mousqueterie.
Au niveau de l'escarpe, des chambres de tir dont les feux sont croisés d'un bastion à l'autre, interdisent l'approche.
Ce système se développe à partir de 1530, va se répandre en Europe et se perfectionner pendant deux siècles. Vers la fin du 16e s., on s'arrachait les ingénieurs militaires italiens à prix d'or.
11. Quel lifting va-t-on faire subir à notre porte ?
Au15e s., à partir de 1420, on construisit, en face des trois portes, des boulevards. Ce sont des ouvrages semi-circulaires formés de deux rangées parallèles de madriers entre lesquels on entassait de la terre, reliés les uns aux autres par des "palis", palissades garnies de fortes haies d'épines établies sur le haut de la contrescarpe faisant office de chemin couvert.
En 1464, les boulevards, en avant des portes urbaines, sont reconstruits en maçonnerie.
En 1465, on remplace les "palis" par des retranchements en terre, prélevée dans les "forières".
Au 16e s., vers 1577-78, on construisit le premier bastion en terre, en face de la porte de Bruxelles.
Vers 1580, il existait en avant du fossé de l'ancienne enceinte médiévale une seconde enceinte s'étendant de la porte en Trieux jusqu'à celle de Saint-Nicolas et se composant d'un mur remparé muni d'un large fossé et défendu par cinq demi ronds.
Au 17e_s., au début du siècle, les fortifications de Namur apparaissent comme largement dépassées. Namur avait obtenu du souverain l'autorisation de percevoir de nouveau impôts. Il y aura successivement trois phases de construction:
1ère phase: 1639-1650
On entame la construction de cinq bastions en terre, partiellement parementés. Faute d'argent, la campagne fut arrêtée. Mais en face de la porte en Trieux, on construisit une demi-lune avec accès dans le rempart bastionné. C'était une construction complexe qui se présentait comme suit:
- en avant de la porte, un mur en arc de cercle qui défend le point de passage contre les tirs directs;
- vers l'extérieur, un bastion à quatre pans de longueur inégale défend le fossé sec creusé à ses pieds;
- sur le flanc ouest du bastion, une issue puis un pont reposant sur des piles.
Comme vous le voyez, les manoeuvres des attelages à l'intérieur du bastion étaient très difficiles
Figure 1
2e phase: 1657-75
En mars 1655, l'archiduc Léopold-Guillaume, lieutenant-gouverneur des Pays-Bas, adresse au Magistrat (administration de la ville) une lettre l'invitant à mettre la ville en état de défense car les fortifications démodées et délabrées étaient en "bien mauvaise posture". La situation est critique. La guerre contre la France qui dure depuis 1635 épuise l'Espagne. Notre pays risque d'être envahi.
L'ingénieur militaire Benjamin préconise :
- la construction de 9 bastions en pierre reliés entre eux par un mur en pierre;
- l'élargissement et l'approfondissement des fossés.
Pour cela, il faut de l'argent, de la main d'oeuvre, des matières premières :
- l'argent : la ville emprunte, augmente les impôts, diminue le taux des rentes (déjà la rage taxatoire !);
- la main d'oeuvre : elle ne manqua pas. Tout le petit peuple était prêt à se louer pour un salaire dérisoire, à creuser et à transporter la terre "à dos de bourrique". Les maçons et les tailleurs de pierre se recrutèrent facilement car le travail de la pierre était toujours en honneur;
- les matières premières . la pierre calcaire abondait dans les environs; la terre argileuse pour la fabrication des briques ne manquait pas non plus.
Namur devint ainsi une immense fourmilière.
Photo du plan en relief de Namur établi par Larcher d'Aubancourt et publié par Félix Rousseau dans "Namur, Plans en relief de villes belges, levés par des ingénieurs militaires français" - Bruxelles 1965.
Figure 1bis
En 1672, on redouble d'ardeur. On craint un siège imminent. Louis XIV a déclaré la guerre à la Hollande. Son armée a franchi la Sambre à Châtelet et, en route pour les territoires de l'archevêque de Cologne, campe à Boneffe en Hesbaye. Tout le monde est requis de mettre la main à la pâte. D'abord le clergé séculier, l'évêque de Grobbendonck, en tête, puis, jour après jour, les religieux de la ville, les séminaristes, les nobles avec leurs domestiques, les membres et le personnel du Conseil provincial, les membres du Magistrat avec leurs familles, les Jésuites avec leurs élèves, les bourgeois et le reste de la population, jusqu'à ce que tout soit en ordre.
L'ingénieur militaire Janssens a été désigné par le Conseil des Finances de Bruxelles pour superviser les travaux.
En face de la porte en Trieux, on doit construire un bastion "en dur", que l'on appellera "bastion de Monterey" du nom du Gouverneur général des Pays-Bas de 1670 à 1675. Ce bastion remplace le bastion Saint-Joseph, en terre. Il enveloppe la porte et se rattache par sa branche de gauche à l'ancien rempart médiéval, par sa branche droite, à une courtine moderne qui le relie au bastion des Croisiers.
L'ingénieur Janssens va proposer une modification à la porte de Bruxelles: supprimer le passage à travers l'ancienne demi-lune et en créer un autre à travers la courtine plus à l'est (figure 1 ci-avant).
C'est l'entrepreneur Gérard Chavée qui obtint la construction de la nouvelle courtine, depuis le flanc du bastion derrière les Croisiers jusqu'à celui de la porte de Bruxelles, ainsi que des deux nouveaux bastions qui devaient la flanquer.
En décembre 1661, le gros oeuvre est presque terminé.
L'année suivante, on dressa le comble de l'édifice et on acheva le pont de pierre muni d'un pont-levis et d'un "tape-cul" qui franchissait le fossé sur des piliers de pierre de taille.
C'est alors la touche finale; la façade de la nouvelle porte est ornée des armes du roi d'Espagne, du gouverneur du comté, le comte de Meghen, et de la ville.
Avant que ne prennent fin les travaux, le Magistrat manifesta violemment son mécontentement sur la manière dont ils avaient été menés. Il avait prêté une oreille particulièrement attentive aux accusations répandues par un entrepreneur évincé, un certain Pierre Massart qui accusait son concurrent d'employer du ciment "trafiqué". Il en résulta une grande confusion. Chavée fut arrêté. Bruxelles enleva la cause à la juridiction du Magistrat et la confia au Conseil provincial. On entendit de nombreux témoins. On fit même des brèches pour juger de la qualité de la construction. Finalement, Chavée fut acquitté et relâché. La construction fut jugée "de bon aloi". La ville dut payer la réfection des brèches.
3e phase
A partir de 1680, on compléta la ligne des bastions par des ravelins, des redoutes, des demi-lunes. Toutes ces constructions modifièrent notablement les abords de la ville. On dut détruire des arbres, démolir des "maisons de cortillage, des censes, des hostelleries de grande valeur",
12. Démantèlement
Le 6 juin 1781, la porte de Bruxelles reçut la visite de Joseph II.
Il y trouva un homme en train de cuisiner. Or la porte servait de magasin à poudre et de prison pour les militaires hollandais. L'empereur proposa de transférer cette prison dans la porte de Fer. Mais voilà, celle-ci servait de prison à l'Official qui est la juridiction de l'évêque. Finalement, le Magistrat (administration de la ville) proposa d'aménager une prison dans le quartier Saint-Lambert (casernes).
En 1782, Joseph II ordonna le démantèlement des fortifications. On se contenta de faire des brèches dans les murs, de les utiliser comme carrière. Les portes furent épargnées mais on ne les entretint plus. L'enceinte bastionnée disparut peu à peu et le quartier changea d'aspect.
Le 7 avril 1798, la porte de Bruxelles s'écroula.
Ainsi éventrée, elle montrait ses souterrains en plein cintre et ses salles d'armes aux nervures ogivales. Durant plusieurs années, on respecta les vestiges de la porte
Figure 2
En 1802, le terrain fut déblayé et garni d'une grille entre deux aubettes où siégeait l'octroi.
13. Régime hollandais
Le 20 juin 1815, la porte fut l'objet de furieux combats lors de la retraite de l'armée Grouchy; les combats seront narrés dans un prochain bulletin.
En 1820, les Hollandais reconstruisirent une nouvelle porte de Bruxelles à 60 mètres de la rue de Bruxelles dont l'extrémité fut barrée par le rempart.
Figure 3
Cette porte était reliée au faubourg de la Sainte-Croix par un pont en pierre comprenant quatre arches qui enjambaient l'étang Querité renommé pour ses brochets et dont on a conservé le centre pour la pièce d'eau du parc Louise-Marie. Les quatre arches ont récemment (1991) été dégagées par la démolition du kiosque. Une route pavée garnie de bancs de pierre et bordée de chaque côté de quatre rangées de magnifiques peupliers, séparés de la voirie centrale par des balustrades en bois, allait de la Porte à l'endroit du tunnel du chemin de fer (avenue des Combattants). C'était le Corso, la promenade de prédilection du Tout Namur.
14. Depuis l'indépendance
Vers 1860, sous le bourgmestre Defer, les portes de la ville et les remparts médiévaux furent rasés, sauf la porte de La Plante, qui subsista jusqu'en 1893 pour des raisons militaires, et la porte Bordial qui existe toujours. Le chemin qui conduisait de la rue de Bruxelles à la porte "hollandaise" fut cédé à la Banque Nationale et aux riverains qui y aménagèrent des jardinets. En 1903, sur le premier jardinet, la Banque Nationale érigea son siège namurois.
(Les sources seront citées à la fin de l'article "La retraite de l'armée de GROUCHY par NAMUR", du même auteur, qui paraîtra dans un prochain bulletin.)
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Bibliographie

"WAREMME AOUT-SEPTEMBRE 1944", par Hubert LABY
Trois ans de recherches ont été nécessaires pour entendre plus de trois cents témoins belges, tant pour le bombardement que pour le déraillement du "Mitropa" (*) ou la Libération, pour retrouver dans les archives de l'US Air Force et de l'US Army les ordres de mission et les rapports de combat. Des pilotes américains qui ont participé à la mission du 28 août 1944 ont aidé l'auteur à reconstituer l'attaque de la ville. Des Résistants lui ont conté leur séjour à la ferme Beguin de Les Waleffes et leur infiltration dans la ville quelques heures avant l'arrivée des Libérateurs. Des officiers appartenant au bataillon de reconnaissance américain qui a libéré Waremme ont apporté leur concours pour faire revivre les moments inoubliables de cette radieuse après-midi du 7 septembre qui vit arriver les GI's à Waremme.
"WAREMME AOUT-SEPTEMBRE 1994" est sorti de presse le 17 décembre 1993. Il comporte 260 pages grand format, 145 photos ainsi que 27 documents et cartes. Le texte de présentation a été rédigé par M. Guy COEME, vice-premier ministre et bourgmestre en titre de Waremme. La préface est de M. Edmond LEBURTON, ministre d'état et la postface est de M. le sénateur honoraire Jules COEN.

(*) Le 31 août 44, la voie 36 fut sabotée avant le passage du "Mitropa", train allemand Cologne-Bruxelles. Le déraillement provoqua la mort d'une vingtaine de militaires allemands. Les secours waremmiens allaient oeuvrer avec tant de sens humain qu'un colonel allemand rescapé permit à la ville d'éviter les représailles à l'exception d'une escarmouche de jeunes Waffen-SS.

P. B.
UN GEANT DE LA RESISTANCE, Walthère DEWE, par Henri BERNARD, professeur émérite de l'Ecole royale militaire. Edition LA RENAISSANCE DU LIVRE - 1971 - Reproduction 1993.
Henri BERNARD nous fait connaître l'homme que fut Walthère DEWE, né rue Coupée à Liège, le 26 avril 1880, le plus grand Résistant belge des deux Guerres, l'un des plus grands de toute la Résistance européenne.
Ayant passé brillamment son concours d'admission à la Régie des Téléphones et des Télégraphes (RTT), Walthère DEWE y est admis en 1905 comme ingénieur stagiaire. Il deviendra Ingénieur en Chef - Directeur de la Régie des TT (réseau de Liège) en 1913.
En 1916, il créait avec un autre patriote liégeois, Herman CHAUVIN, né à Liège le 10 mai 1876, chef de travaux à l'Institut MONTEFIORE, le célèbre réseau "LA DAME BLANCHE", qui fournit à la Grande-Bretagne les trois quarts des informations en provenance de la Belgique et de la France occupée.
Walthère DEWE reprit le combat dès le 3 septembre 1939 avec quelques amis dont Herman CHAUVIN, le père Jean DESONAY, Thérèse de RADIGUES, le 1er Président à la Cour d'Appel de Liège, Arsène SCHEURETTE, Thérèse GOESEELS et Frans CREUSEN.
Chef des TTr (Troupes de Transmissions) durant la campagne de mai 40, Walthère DEWE fondait, dès juin 40, le réseau de renseignements CLARENCE, qui occupa la première place de tous les services de renseignements européens, tant par la qualité que par la quantité des informations fournies.
Traqué par l'ennemi, notre héros était insaisissable. Il fut cependant abattu le 14 janvier 44, à Ixelles, mais il portait une fausse carte d'identité au nom de MURAILLE, marchand de charbon, et les Allemands ignorèrent toujours qu'ils avaient tué Walthère DEWE, le Géant de la Résistance.
G. S.
Près de l'église Saint-Barthélemy, le monument à Dieudonné LAMBRECHT est explicite. Qui s'arrête et lit ?
Au Thier à Liège, adossée à la chapelle érigée en 1950 en souvenir de Walthère DEWE, la DAME BLANCHE de 1914-1918, nous invite à la discrétion
Signalons que Walthère DEWE était un parent de Dieudonné LAMBRECHT, "le véritable précurseur du renseignement clandestin" (comme le qualifie Henri BERNARD), dont Monsieur GRAILET nous parle dans "Des Russes dans la CEDROGNE". Si, Walthère DEWE, dès août 1914, lors de la défense de Liège, avait installé et fait fonctionner un poste émetteur de télégraphie sans fil à la Citadelle de Liège, c'est après la mort tragique de D. LAMBRECHT qu'il décida de prendre sa succession, Madame LAMBRECHT lui ayant remis tous les documents secrets qu'elle avait pu découvrir (réf. H. BERNARD).
P. B.
LE FORT DE HOLLOGNE DANS LA POSITION FORTIFIEE DE LIEGE EN 1914
Monsieur Fabrice ERLER a fait don à notre bibliothèque de son ouvrage "Le Fort de HOLLOGNE dans la Position Fortifiée de Liège en 1914. Nous l'en remercions. Ce livre est à la disposition de nos membres.
G. S.
Des RUSSES dans la CEDROGNE EN 14-18
Dans le courrier des lecteurs du bulletin T V/7 de septembre 93, nous avons reproduit une photo de M. Patrice ERLER représentant un soldat russe prisonnier des Allemands pendant la guerre 14-18 et travaillant sur la ligne de chemin de fer n° 163, MUNO - BERTRIX - LIBRAMONT - BASTOGNE - GOUVY - SAINT-VITH.
Monsieur Lambert GRAILET a fait cadeau au C.L.H.A.M. d'un tiré à part de l'article qu'il a écrit pour le Bulletin du Cercle d'Histoire et d'Archéologie SEGNIA, Tome XVIII - fasc. 2 - juillet 1993, et qui a pour titre "Des RUSSES dans la CEDROGNE (1914-1918)". Cet article nous plonge dans le monde des Patriotes qui, dès 1914, allait causer un tort immense à l'occupant allemand, en espionnant ses activités et en transmettant des renseignements à un bureau du War Office anglais, à Maastricht. Nous connaissons Dieudonné LAMBRECHTS, qui, fusillé à la CHARTREUSE le 18 avril 1916, paya de sa vie ses activités dans le Luxembourg et dont le monument élevé place Paul Janson (en Féronstrée) à Liège nous indique qu'il avait annoncé l'attaque allemande à VERDUN et, par ses renseignements, avait fait avancer l'offensive française en CHAMPAGNE de deux jours, ce qui avait contribué à la victoire.
Citons aussi Constant et Elise GRANPREZ et André GREGOIRE, victimes du traître français Emile Delacourt, qui furent fusillés à la CHARTREUSE le 8 mai 1917. C'était la fin du réseau d'espionnage ardennais mais pas la fin de la Résistance par le Renseignement grâce à Walthère DEWE et sa "DAME BLANCHE". Le Service de D. LAMBRECHT surveillait le réseau ferroviaire utilisé par les Allemands. Ce réseau stratégique fut développé par eux, comme nous l'indique Patrice ERLER dans sa communication.
L'article très détaillé et très documenté de Monsieur GRAILET nous raconte aussi l'histoire de plusieurs prisonniers russes évadés et cachés dans le bois de Cédrogne (traversé par la route Baraque de Fraiture - Houffalize), aidés par les habitants des villages voisins des Tailles et de Dinez. Cinquante-sept de ces Belges patriotes et charitables furent d'ailleurs condamnés pour cela à des peines de 2 à 6 mois de prison par la Cour martiale de Marche le 14 novembre 1917.
Nous remercions Monsieur GRAILET dont l'article est déposé à la bibliothèque du C.L.H.A.M. et mis à la disposition de nos membres.
P. B.
LA CAPTIVITE 40-45 DE G. PIGEON
Monsieur Georges HUYGEN a fait relier en un fascicule les textes que nous avons publiés, grâce à sa bonne obligeance, dans nos bulletins d'information, concernant la captivité, dans les Oflags de Fischbeck et d'Eischtätt, de son grand-père, Georges PIGEON. Il y a joint plus de 150 reproductions de photos prises en captivité et d'aquarelles réalisées également à l'Oflag par l'artiste qu'était son aïeul.
Nous remercions Monsieur Huygen qui a fait don au C.L.H.A.M. d'un exemplaire de cette brochure qui est à la disposition de nos membres, à la bibliothèque.
P. B.
LA LIBERATION EN IMAGES - BELGIQUE 44, par Peter TAGHON. Editions RACINES, Bruxelles, 1993.
Après avoir publié en 1989, aux Editions DUCULOT "MAI 1940 - La Campagne des Dix-huit Jours", si abondemment illustré, Peter TAGHON récidive avec ce livre qui sort pour le 50e anniversaire de la Libération.
A l'aide de plus de 500 photos, et l'identification des lieux où elles furent prises, l'auteur nous fait comprendre ce que représenta la Libération pour les habitants de nos régions. C'est un album d'ambiance avec tous les mouvements alliés tant vers l'avant que vers la zone arrière pour le réapprovisionnement. C'est aussi un outil précieux pour les historiens.
G. S.
"DE CROIX NOIRES EN ETOILES BLANCHES", par André MEURICE
Ce livre écrit par André MEURICE de BASTOGNE mérite une lecture attentive. L'auteur, ancien militaire, évoque ses souvenirs de l'Offensive des Ardennes alors qu'il avait à peine 7 ans, lors de la Bataille de Bastogne. Blessé au bras et à l'épaule,, il sera soigné par les Américains dans le 107e Evacuation Hospital à SEDAN, où les soins attentifs des médecins et infirmières lui éviteront l'amputation. Il se souvient plus particulièrement de l'infirmière Ruth PERRIER qu'il a retrouvée en 1984.
G.S.
"L'HISTOIRE DU CHATEAU DE LA ROCHE", par Léon MARQUET
LA ROCHE-EN-ARDENNE fut très tôt fortifiée. Le promontoire rocheux qui domine l'Ourthe était un point stratégique précieux pour contrôler le passage de la rivière. Appelée "RUPES SEREMANNI" dès le Xe s., la forteresse devint le centre d'un vaste comté sous HENRI 1er, fils du Comte de NAMUR. En 1331, la ville au pied du château est entourée de murailles et de portes. La route passant par LA ROCHE était devenue une voie commerciale importante dès le XIIe s. Elle amenait la laine anglaise vers la Lombardie, le vin d'Alsace et de Lorraine vers le nord.
C'était aussi une voie empruntée par les pèlerins se rendant à Rome ou à Saint-Jacques de Compostelle. Le grand mérite de l'auteur est d'avoir analysé scrupuleusement les comptes des receveurs du Comté, ce qui permet de relever les dépenses d'entretien et d'aménagement du château-fort dès le début du XVIe s. et d'en suivre ainsi l'évolution architecturale.
Lors des guerres de Louis XIV au XVIIe s., le château sert de base logistique aux armées françaises. C'est ainsi qu'on possède les plans de la ville et du château établis par les ingénieurs militaires français dont le célèbre VAUBAN.
Au XVIIIe s., LAROCHE perd sa fonction de place forte et se délabre petit à petit. Désaffectée sous Joseph II, la forteresse tombera en ruines, ruines qui sont classées depuis 1852.
L'ouvrage de format 27,5 X 20 cm comprend 110 pages et 45 illustrations et plans.
G. S.
TRESORS DES CHATEAUX ET DES FERMES DE LA BASSE-MEUSE, de la Société Royale Archéo-Historique de Vise et de sa région
Nos amis de la Société Royale Archéo-Historique de Visé et de sa région ont fait cadeau au C.L.H.A.M, de l'ouvrage qu'ils ont édité en 1993 sur les Trésors des Châteaux et des Fermes de la Basse-Meuse. Nous les en remercions. Le travail de recherches a été phénoménal et nous en félicitons chaleureusement Monsieur John KNAEPEN et ses collaborateurs, Mesdames Jeannine TIHON, Maryse WATERVAL et Monsieur Jean-Pierre LENSEN.
Citons à l'intention de nos membres les points saillants de l'ouvrage:
1. Forteresses - Guerres et misères au 17e s.
- Conséquences funestes de la Guerre de Trente Ans (1618-1648). - Tentative de Louis XIV pour neutraliser le fort d'Argenteau. - Arrivée de Louis XIV à Visé le 12 mai 1672.
- Les troupes de Louis XIV s'emparent de Maastricht le 30 juin 1673 (mort de d'Artagnan d'un coup de mousquet à la gorge).
- Prise de la forteresse d'Argenteau (17 et 18 mai 1674) et du fort de Navagne (23 et 24 mai 1674).
- Démantèlement par les Français des postes et remparts de Visé en 1675. - Prise par Louis XIV de la place forte de Limbourg (juin 1675),
- La Paix de Nimègue (1678).
- Nouvelles guerres : celle de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) et celle de Succession d'Espagne (1702-1715).
2. Les Fermes et Châteaux en Basse-Meuse.
3. Fouilles au vieux château de Saive de Pascal DEPAEPE.
Ce livre de grande valeur historique nous plonge dans le 17e s. et le début du 18e en Basse-Meuse. Il a sa place dans nos bibliothèques.
G. S.
"DE L'ORDRE POLITIQUE MONDIAL APRES L'EMPIRE SOVIETIQUE", par Joseph LESIW
L'auteur, né Ukrainien et naturalisé Belge, vit à Liège. Diplômé de l'UCL en Sciences Politiques et Sociales ainsi qu'en Sciences Financières, il a fait une longue carrière comme haut cadre financier d'une grande multinationale américaine et exerce les fonctions de vice-président de l'Association belge pour les Etudes ukrainiennes.
Sans prétendre pratiquer une démarche d'historien, J. LESIW est un observateur averti des faits historiques tant de l'empire soviétique pris dans son ensemble que de ceux qui se rapportent aux ex-républiques fédérées.
G. S.
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Joseph THONUS - Regard sur l'histoire de l'Artillerie (4)

L'INDUSTRIE ARMURIERE D'ANTAN DANS NOS CONTREES
La médiocrité des sources d'information du passé ne permet pas aux historiens d'être bien précis quant aux débuts de l'industrie armurière dans nos régions. Cependant, il fut une ville européenne où la vie de l'esprit s'est toujours exprimée naturellement dans ce qu'on appelait jadis "les arts du métal" que constituaient les BONS METIERS DES FEBVRES de la "Travailleuse Ville de Liège".
En effet, dès le XIVe s, cette industrie s'était établie dans la Principauté et y avait occupé une place prépondérante, de par le nombre et la compétence de ses artisans.
La présence de minerai de fer et de charbon favorisait dans cette région le développement de nombreux hauts fourneaux et de forges de plus en plus évolués sur le plan technique, dont les centres principaux étaient Liège, Dinant et le marquisat de Franchimont, produisant aussi bien des pièces d'artillerie que des armes portatives, de la poudre et des projectiles (1). Cependant, après avoir connu un certain développement durant la première moitié du XVe s, son essor fut brutalement brisé par les événements politiques. De fait, en 1467, Charles le Téméraire, vainqueur à Brusthem, imposait à la cité vaincue la "Paix de Saint-Laurent". Outre les clauses du traité, figurait l'interdiction de "jamais forger en la dite cité et pays artillerie grosse ni menue, ou forger harnois, ni faire aucune ouvrage de fondure de métal de fer, de ceuvre, ni d'arreu pour faire artillerie ou habillement de guerre".

(1) Un chroniqueur nous apprend par exemple qu'en 1346 (l'année de CRECY), les milices confédérées de Liège, de Huy et de Tongres utilisèrent des bombardes pour abattre les murs du château de HAMAL.

L'année suivante, les Liégeois, soulevés par les agents de Louis XI, furent écrasés à nouveau malgré le sacrifice des "600 Franchi montois". La ville fut rasée et Comines raconte que "le Duc de Bourgogne ... logea Polleur et fit brusler toutes les maisons et rompre tous les moulins à fer qui estoient au pays et qui est la plus grande façon de vivre qu'ils aient". Un demi-siècle plus tard, sous le règne d'Erard de la Marck (1505 à 1538), Liège se relève de ses ruines et l'industrie armurière renaît. De fait, la Cité, que la sagesse d'Erard et de ses successeurs avait tenue à l'écart des conflits où s'opposaient les grands Etats voisins, s'enrichissait à les armer. Tandis qu'aux frontières de la Principauté les guerres de religion sévissaient, jusqu'au début du XVIIe s, Liège, à l'abri de sa neutralité, devenait un des plus grands arsenaux, réalisant d'excellentes affaires comme fournisseur d'armes de l'Europe entière. "C'est le pays des forges de Vulcain", écrivait Guichardin.
Mais il n'y avait pas que la Principauté de Liège à bénéficier de cette industrie. En réalité, les riches régions qui constituaient les "pays de par de ça" (2) développèrent également l'industrie armurière; elles étaient à l'époque parmi les plus prospères, mais aussi les plus grosses consommatrices d'armes en général et de bouches à feu en particulier.

(2) Entendons par là les territoires qui, plus tard, constitueront la Belgique (entre autres, les Pays-Bas méridionnaux).

Photos
Certains écrits et livres de comptes seigneuriaux anciens révèlent notamment que la plupart des châteaux défendant nos villes étaient dotés de bouches à feu dès la seconde moitié du XIVe s.
A titre d'exemple et de comparaison, notons:
- Dès 1372, quoique bien armée, la ville de MALINES accroît chaque année son parc de bouches à feu d'environ 14 canons, durant près de 10 ans.
- En 1384, AVESNE-LE-COMTE, au nord de NAMUR, disposait de 4 bouches à feu, alors que le fort de RUPELMONDE en possédait 48, dont une douzaine à main.
- Le château de VILLY (LUXEMBOURG), dès 1443, était armé de 11 canons et 8 pièces à main.
- La ville de GAND, quant à elle, augmente son arsenal de 189 pièces en 1456 à 485 en 1479, dont près des trois-quarts sont des pièces portatives.
- Alors qu'elle guerroyait contre les Liégeois, NAMUR se procure en 1408 et 1430, respectivement 19 et 18 bouches à feu.
- En 1384, le château fort de LILLE était déjà armé d'une trentaine de bombardes et pierriers.
- En 1413, la ville de TOURNAI achète 12 bouches à feu et son parc d'artillerie disposera en 1469 de pas moins de 127 couleuvrines (bouches à feu fines et longues).
- Durant l'union sous le sceptre de la Maison de Bourgogne des principautés qui formeront plus tard la Belgique actuelle, en vingt ans (de 1434 à 1454), Philippe le Bon, Grand Duc d'Occident, commandera quelque 200 tonnes de matériels d'artillerie à Jehan CAMBIER (3), marchand d'artillerie habitant MONS (HAINAUT).

(3) Se reporter à la DULLE GRIET (dans un prochain article)

- Alors qu'au début du XIVe s, le Roi de France disposait d'environ 480 bouches à feu, en 1470, le parc d'artillerie de Charles le Téméraire comptait quelque 300 pièces de campagne, sans compter les armes à feu à main qu'il possédait en quantités telles qu'elles ne furent jamais exactement dénombrées.
- Les succès militaires reposant de plus en plus sur l'utilisation de l'artillerie, celle-ci représenta dès lors le moyen de s'assurer le "POUVOIR". Les Ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire l'avaient très bien compris. Ils figuraient parmi les meilleurs clients de fonderies et marchands d'armes de nos régions. Ils furent aussi dans les premiers à engager des "maîtres d'artillerie" experts dans l'application de cette nouvelle tactique de guerre.
Charles le Téméraire introduira pour la première fois le principe de l'emploi de "batterie", formation homogène se composant de plusieurs bouches à feu s'intégrant dans les mouvements de son armée.
- Ainsi le siège du château de VILLY a nécessité une "batterie" de 18 bouches à feu (1443).
- Pour investir CALAIS, Philippe le Bon a utilisé 131 canons et 200 couleuvrines.
(à suivre).
Documents consultés.
- "L'industrie et le commerce des armes dans les anciennes Principautés belges du XIIIe au XVIIe siècles" par Claude GAIER.
- "Mémoires d'artillerie" (1777) de SCHEEL.
- "Construction des principaux attirails de l'artillerie jusqu'à 1764" de HANSON J.
- "Neue curieuse Beschreibung der gantzen Artillerie" von MIETH M, (DRESDEN 1683).
- "La Fabrique Nationale Belge (HERSTAL)" (Extrait de l'histoire - 1881-1964).
ANECDOTE
Dans le cadre de cette "nouvelle archéologie", que constitue l'histoire de l'artillerie ancienne, et plus particulièrement du "Vieux Liège" (16e et 17e siècles), il n'est peut-être pas sans intérêt de rappeler qu'en OUTRE MEUSE, entre le BARBOU et la MEUSE, s'étendait la dernière section de la ligne de fortification de l'ancienne cité.
L'Ourthe, un biez et la Meuse limitaient cet ensemble d'ouvrages défensifs, dont aujourd'hui le boulevard de la Constitution, le quai Sainte Barbe et la rue Curtius marquent le contour. Ces remparts se composaient d'une courtine flanquée à ses extrémités d'un bastion circulaire en saillie sur le cours d'eau, armé entre autres de bouches à feu.
L'un d'eux, construit en 1637 sur l'angle du rivage formé par la Meuse et la Gravioule fut dénommé (1860) du nom évocateur de la patronne de l'artillerie "Balloir Sainte Barbe", mais la notoriété principale de la grève où il était construit (le rivage de la Gravioule) lui venait du fait qu'il s'agissait d'un endroit réputé infâme, servant à tous les usages que l'on ne tolérait pas dans les murs de la Cité. Entre autres, en tant que lieu de supplices réservés aux prétendus sorciers et enfin consacré ... aux expériences dangereuses telles que de pyrotechnie et à l'épreuve des bouches à feu.
C'est ainsi qu'un chroniqueur de l'époque nous apprend que, le 2 avril 1597, deux pièces d'artillerie furent éprouvées par un certain Noël CLOCKMAN, qui les avait fondues ... "et ce fut sur la muraille de Gravioule, dont une des pièces rompit, et le maistre qui les avoit faict y perdit la vie".
(Référence: "Vieux Liège - Vues rares et inédites", de L. BETHUNE - 1890). J. THONUS.
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Le courrier des lecteurs

LES POUDRIERES DES FORTS DE LA MEUSE (1)
M. Francis TIRTIAT nous communique son opinion concernant la question de M. HARLEPIN relative à l'affectation des guichets qui se trouvent dans le fond des poudrières, et la réponse de M. VANDIJK (voir bulletin Tome V/8 de décembre 93.
"La réponse de Monsieur VANDIJK est correcte, il s'agit bien d'ouvertures d'éclairage. On peut cependant apporter les précisions suivantes:
* Rappelons tout d'abord que ces poudrières ne contenaient que la poudre, conditionnée en gargousses, destinée à la propulsion des projectiles de 12, 15 et 21 cm. Les projectiles eux-mêmes étaient stockés dans des magasins situés à proximité des coupoles. L'obus de 5,7 cm est une munition encartouchée qui est également entreposée dans des magasins disposés au pied des coupoles.
* La cloison C (voir croquis dans le bulletin précité) est une paroi en maçonnerie de briques, percée d'une ouverture fermée par une porte composée d'un châssis en bois supportant un ou plusieurs panneaux en toile métallique à mailles serrées, destinés à arrêter une flamme éventuelle. C'est dans l'antichambre formée par cette cloison et le mur de la galerie en capitale que se faisait la distribution des gargousses.
* Dans les trois niches de la paroi du fond des poudrières, étaient placées des lampes à pétrole destinées à l'éclairage de ces poudrières. Ces lampes étaient séparées de la chambre à poudre par une vitre épaisse montée sur un châssis en laiton. La fumée et la chaleur dégagées par ces lampes étaient évacuées à l'extérieur par un conduit aménagé dans la voûte de chaque niche, relié à une cheminée commune débouchant sur le terre-plein. Ces cheminées se retrouvent encore sur les superstructures des forts qui n'ont pas été réarmés (par ex.: Lantin, Hollogne, Emines, ...). Ces cheminées ont servi, lors du réarmement des forts dans les années '30, à l'évacuation de l'air vicié des locaux qu'on a installés dans les poudrières. On a alors renforcé leur débouché sur le massif par une issue chicanée en béton, encore visible actuellement (Boncelles, Flémalle, etc.).
* Il faut enfin dire que ce système d'éclairage n'est pas particulier aux forts "Brialmont", mais on le retrouve également dans les forts français "Séré de Rivières".
* J'espère que ces quelques précisions satisferont Monsieur Harlepin et les lecteurs du bulletin que cela peut intéresser."
LES POUDRIERES DES FORTS DE LA MEUSE (2)
Monsieur C. J. VAN DAMME nous communique aussi une bonne documentation sur le sujet.
"La lecture des textes de MM. HARLEPIN et PIERRE relatifs à l'éclairage des poudrières m'a remis en mémoire une observation faite lors de ma visite du navire de l'amiral NETSON - le H.M.S. VICTORY - en cale sèche à PORTSMOUTH.
"A ce propos, je vous envoie en annexe:
1) un extrait du guide officiel de la visite du navire où le problème de l'éclairage des soutes à poudre est évoqué;
2) un dessin en coupe montrant l'emplacement des poudrières "suspendues" et situées au coeur du bâtiment, sous la ligne de flottaison.
"On peut déduire de cette documentation que le même dispositif d'éclairage existait dans les anciens forts (texte de M. VANDIJK traduit par M. PIERRE) et dans les vaisseaux de la marine en bois."
Les soutes suspendues
Au nombre de deux, une à l'avant et autre à l'arrière, on peut les considérer comme les équivalents de l'époque de nos actuelles soutes disponibles en cas de combat. Ici, les moussaillons gargoussiers se rassemblaient pour prendre les cartouches de poudre et les emmener jusqu'aux canons. Les soutes suspendues étaient toujours bien approvisionnées en charges de poudre, celles-ci étant préparées dans la chambre de chargement située à côté de la soute au sol (voir maquette). La soute au sol et la chambre de chargement étaient toutes les deux doublées de feutre, et la Canonnier lui-même utilisait des patins en feutre pour y entrer. Toutes les soutes étaient construites nettement en dessous de la ligne de flottaison et au milieu du navire afin que les boulets ennemis ne puissent pas les toucher. Un fusilier marin se tenait en sentinelle devant l'entrée de chaque soute pour empêcher toute personne non autorisée d'y entrer. Elles étaient éclairées par de petites "chambres" dans lesquelles étaient placées des lanternes et qui étaient séparées des soutes par une double épaisseur de verre.
LA VENTILATION DANS LES FORTS
De Monsieur Raymond PIERRE : "Appel aux incollables".
- Guides au fort de Barchon, nous avons parfois à répondre aux questions les plus embarrassantes. Lors de la sortie vers la tour d'air, on nous a demandé comment se faisait la ventilation de la galerie à munitions ?
- A première vue, nous avons répondu que l'air était aspiré hors de la galerie à munitions, dans la galerie d'aérage venant de la tour d'air, par l'action du ventilateur principal se trouvant au-dessus du puits d'aérage. A cela, on nous a objecté qu'en cas d'accident dans la galerie à munitions, incendie, explosion, les fumées chargées d'oxyde de carbone auraient été aspirées par le ventilateur et soufflées par les conduits de ventilation jusqu'aux moindres recoins du fort. Cette disposition rappelle, en effet, la catastrophe minière du Bois du Cazier à Marcinelle. Lors d'un incendie au pied du puits d'entrée d'air, le ventilateur, placé au sommet du puits de retour d'air, a aspiré les fumées nocives dans toute la mine, provoquant l'asphyxie de tous les mineurs. Les mêmes circonstances, probablement, ont provoqué la mort de toute la garnison du fort de la Ferté, en mai 1940.
- Ce danger n'existait pas dans la casemate au pied de la tour d'air. Un petit ventilateur auxiliaire prenait de l'air dans la galerie en dépression et mettait la casemate en surpression, rejetant les fumées de tir à l'extérieur. A Barchon, il n'y a pas trace, dans la galerie à munitions, d'un ventilateur auxiliaire ou d'une conduite de ventilation venant du ventilateur principal mettant la galerie à munitions en surpression.
- Monsieur Harlepin, auteur de l'ouvrage "Le réarmement des forts de la Meuse", qui fait référence, qualifie cette question de "colle".
- Appel aux incollables!"
LA BATTERIE ALLEMANDE DE BELLEFLAMME EN 1944
Monsieur Julien HOUBAERT, le trésorier du C.LH.A.M., demande tous renseignements, par récit, documents, photos, ..., sur la batterie d'artillerie que les Allemands avaient installée à Belleflamme (GRIVEGNEE). Son n° de téléphone est le 041.435520.
LES FORTS FRANCAIS DE 1914 (période 1874-1914) - COMPLEMENT
Le C.L.H.A.M. ayant reçu une lettre de M. TIRTIAT faisant suite à l'article de M. HARLEPIN sur les forts français de 1914 (Forts Séré de Rivières), l'a transmise à l'auteur qui en a pris connaissance et qui accepte les corrections suggérées et approuve les informations complémentaires.
Pour que les lecteurs aient connaissance de ces éléments, M. HARLEPIN les reprend dans la présente communication.
"Tout d'abord, à propos de la tourelle MOUGIN, M. TIRTIAT apporte des précisions; nous citons:
Le poids total du "dôme" est de 133 tonnes. Le pointage en direction, tel que décrit dans l'article, est inexact.
La tourelle possède, en effet, une circulaire graduée fixe, sur laquelle on peut positionner un index mobile en fonction du pointage voulu. Sur la partie mobile de la tourelle, un index fixe comprenant un contact électrique est positionné au droit de l'axe des canons. On charge les pièces avec la tourelle placée dans sa position de sécurité (tubes dirigés du côté opposé à l'ennemi). Le chargement effectué, les servants quittent la chambre à canons et s'abritent dans des niches pratiquées dans les parois du puits de la tourelle. On met alors la tourelle en rotation à l'aide du treuil. Lorsque l'index fixe rencontre l'index positionné sur la circulaire, le contact électrique s'établit et actionne les étoupilles de mise à feu. Le tir se fait alors, sans que la tourelle arrête son mouvement de rotation. La tourelle ayant fait un tour complet et rejoint sa position de sécurité, les servants reprennent place à leurs postes et procèdent au rechargement des pièces. La méme procédure reprend pour le tir suivant. Il s'agit ici de la procédure générale. Il semblerait néanmoins qu'il était possible d'effectuer des tirs successifs avec la tourelle restant pointée dans sa direction de tir et en utilisant un commutateur de tir ou des étoupilles à friction.
Où trouver des tourelles M0UGIN ?
Voici la liste des 25 tourelles, placées dans l'ordre chronologique de ce placement
(entre parenthèses, le nom de la place dont dépend le fort, quand c'est le cas).
Contrairement à ce que dit M. HARLEPIN, la tourelle de la Batterie de l'Eperon à Nancy n'est pas une MOUGIN mais une GALOPIN à 2 tubes.
En ce qui concerne la tourelle GALOPIN, M. TIRTIAT corrige comme suit. Nous le citons:
"Les tourelles GALOPIN n'ont pas toutes 2 tubes. Seules les 5 premières furent aménagées de la sorte. Elles sont placées dans les ouvrages suivants:
1 à la Batterie de l'Eperon (Nancy), 1 à Pont-St-Vincent (Nancy), 1 à Arches (Epinal), 2 à Manonviller.
Sans entrer dans le détail, on doit dire que ce cuirassement coûte très cher et, après débats et études, une nouvelle tourelle GALOPIN voit le jour. Ce nouveau cuirassement, moins coûteux, ne sera plus armé que d'un tube de 155 raccourci (155 R). Ce système est adopté en 1905. Le système d'éclipse - batterie est le même pour ces 2 tourelles: manœuvre à bras facilitée par 2 contrepoids d'équilibre et un contrepoids moteur.
12 tourelles GALOPIN à 1 tube seront en service en 1914
Il existe aussi d'autres tourelles pour canons de 155, longs ou courts qui ont été placées, mais il serait trop long d'en faire ici la description

"Note: nous avons appris récemment que la tourelle d'Uxegney (Epinal) a été remise en état et peut être visitée.

En ce qui concerne les tourelles de 75, de Mi, et les observatoires,M. TIRTIAT écrit ce qui suit:
La tourelle à éclipse de 75:
Le principe de fonctionnement est décrit d'une manière très sommaire. Au départ, il s'agissait d'une tourelle pour deux canons de 57 mm. Cette tourelle a été modifiée pour recevoir 2 canons de 75 mm. Ces canons sont dérivés du 75 Mod 1897, dont le tube a été raccourci. On a ensuite construit des tourelles étudiées au départ pour ce canon.
Le mouvement batterie - éclipse se fait manuellement (tout comme la rotation d'ailleurs ...) et la tourelle est équilibrée par un système de balancier et contrepoids. Il serait trop long de donner la liste de ces tourelles.
La tourelle de mitrailleuse:
La première tourelle a été armée d'une mitrailleuse à 7 canons "Gatling". Cette tourelle, construite en un seul exemplaire, a été installée au fort de Manonviller. La mitrailleuse "Gatling" n'étant guère satisfaisante, les tourelles suivantes seront équipées avec des mitrailleuses "Hotchkiss" (2 mitrailleuses par tourelle).
Les observatoires cuirassés:
Il y a lieu de différencier les observatoires de direction de tir, constitués de cloches "Digoin" et dirigeant les tirs de la tourelle à laquelle ils sont associés; et l'observation des abords, prise en compte par des guérites-observatoires blindées à l'épreuve des balles et éclats. Les cloches "Pamart" sont principalement des cloches pour mitrailleuses, installées dans les intervalles entre les ouvrages. Elles ne peuvent avoir de mission observatoire que pour leur propre compte. Enfin, que viennent faire les cloches GFM de la ligne Maginot dans cette étude ?
Pour ce qui est du paradoxe entre le béton et la maçonnerie, n'oublions pas que les fortifications "Séré de Rivières" sont plus anciennes que les forts de la Meuse.
"En ce qui concerne enfin la liste des forts, M. TIRTIAT fait remarquer qu'elle est incomplète, ce qui est exact; il y a eu tant de forts construits! Par contre, une erreur importante a été faite par nous pour les forts du Mont-Cenis (Varicelle, Malamot, Ronce et Pattacreuse) et du Col de Tende (Giaure, Marguerie, Taborde, Pernante, Central et Pepin), qui, à l'exception du fort de la Turra (Mont-Cenis), sont des forts italiens, à l'origine. Ces forts ont été construits entre 1882 et 1907; ils sont un peu contemporains mais non français.
Comme le fait remarquer M. TIRTIAT, nous avons oublié qu'il y a eu une rectification de la frontière franco-italienne en 1947."
Nous nous associons à M. HARLEPIN pour remercier M. TIRTIAT d'avoir apporté sa contribution à une meilleure connaissance de la fortification.
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Chronique du CHLAM

Inauguration de l'arbre et de la stèle à la mémoire de W. Dewé
Le 16 janvier 1994, au coin de la rue Walthère DEWE et de la rue des Fraisiers, au Thier à Liège, le plus jeune membre de la famille DEWE et Monsieur W. ANCION, premier échevin de la Ville de Liège, dévoilent la plaque commémorative.
Devant une délégation des porte-drapeaux des associations patriotiques, celui qui fut, sous le nom de guerre "ANDRE", l'adjoint, puis le successeur de W. DEWE à la tête du service CLARENCE, Monsieur Janssen, s'adresse à une assistance nombreuse, attentive et de tous âges.
Photo
Contribution à l'érection d'un monument à la mémoire du Major Legrand
Né à Namur le 5 janvier 1902, le Commandant Louis LEGRAND est, le 10 mai 1940, adjudant-major au 22e Régiment d'Artillerie à Cheval. Il reçoit son baptême du feu au canal Albert et participe à la bataille de la Lys. Fait prisonnier le 29 mai, il tente de s'évader à cheval et est repris. Le même jour, il s'évade à nouveau et, via l'Espagne et le Portugal, rejoint l'Angleterre le 30 août 1940. Chef du cabinet du Ministre de la Défense Nationale GUTT, il est envoyé en mission au Moyen-Orient de 1941 à 1942. Puis il obtient de passer dans une unité combattante de l'Armée anglaise. Avec le 10th Royal Hussars, régiment de première ligne de la 8e Armée, il participe à la bataille d'El Alamein à bord d'un Sherman et, fait rare pour un Britannique et plus encore pour un étranger, il reçoit la DSO "sur le champ de bataille".
Débarqué le 15 juin en Normandie, il trouve la mort dans son char de tête du 1er escadron du 23rd Hussards, le 27 juin 1944 à MOUEN, à 12 Km de CAEN.
Le monument sera inauguré le 7 juin 1994, à 17 heures à MOUEN.
En dernière minute
A ceux qui sont intéressés par ... l'article de Lambert GRAILET: "LE PREMIER V-2 OPERATIONNEL FUT TIRE DE L'ARDENNE!"
En septembre 1944, sur le plateau des Tailles à la Baraque de Fraiture, l'imminence de la Libération déclenchait le rassemblement de plusieurs centaines de maquisards au plus profond du Bois Saint-Jean et de ses alentours. Des parachutages d'armes, de matériel et de parachutistes SAS en provenance de l'Angleterre étaient attendus avec anxiété. C'était l'"OPERATION BRUTUS". (Secteur 4 - Zone V de l'Armée Secrète).
Au même moment et à l'inverse du mouvement de repli de son armée, une unité allemande gagnait la même zone opérationnelle. La Batterie 444, dite expérimentale, dépendait du Bataillon d'Artillerie mobile 836, qui relevait lui-même du LXV Armeekorps (65 AK). Dotée d'un matériel inconnu jusque-là, formée à Peenemünde (Pom.) et à Blizna (Pol.), elle avait la mission de procéder aux premiers tirs balistiques sur PARIS à partir de l'Ardenne belge! C'était l'"EINSATZ A-4", c'est-à-dire la mise en ligne de l'arme vengeresse V-2 dont Adolf Hitler voulait l'utilisation sans délai, pour tenter de renverser les événements tournant à son désavantage. Le redoutable Hans KAMMLER, Gruppenführer et Generalleutnant des Waffen SS, supervisait cette action quasi incroyable, puisque méconnue jusqu'ici. Il apparaîtra, les 5 et 6 septembre 1944, dans la région de Houffalize ..
Si les rapports respectifs sur l'"Opération Brutus" et l'"Einsatz A-4" figurent depuis la fin de la guerre aux archives belges et aux archives allemandes, aucun écrit n'avait jamais relaté jusqu'à présent l'identification précise des groupes qui s'étaient fortuitement rencontrés en Haute-Ardenne, dans les jours qui précédèrent la Libération de 1944. C'est la confrontation des sources documentaires qui a permis à Lambert GRAILET de faire une étonnante découverte qui n'aurait pu mieux venir à point, en cette année du 50e anniversaire de la Libération!
A l'insu de tous, une "épée de Damoclès" pendait au-dessus de l'Ardenne entre les 5 et 8 septembre 1944. Un V-2, "en première mondiale", touchera la banlieue de Paris et fera beaucoup de victimes innocentes: il fut lancé depuis le bois du "BEULEU" à Sterpigny ... D'autre part, le courageux maquis du Bois Saint-Jean a risqué sans le savoir une tragédie du type "Forêt"! L'article de Lambert GRAILET (plus de 40 pages à typo serrée + 86 références + 2 cartes + photos d'époque) paraît au Tome XVIII, fasc. 4 de mars 1994 du BULLETIN SEGNIA (aucune réédition ultérieure ne sera envisagée).
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